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Santé

Un rapport décortique le succès de la DSP de Montréal contre la variole simienne

Des chercheurs de l’Université McGill attribuent notamment le succès de l’opération à l’intervention rapide et soutenue de la Direction régionale de santé publique de Montréal.

Ugo Giguère
Ugo Giguère

Une nouvelle publication scientifique, dévoilée plus tôt ce mois-ci dans la revue «Annals of Internal Medicine», revient sur la manière dont la santé publique est parvenue à mater promptement, l’été dernier à Montréal, la plus grave éclosion de variole simienne jamais vue en Amérique du Nord.

En date du 18 octobre 2022, on avait dénombré 402 cas de variole simienne sur le territoire de Montréal, majoritairement chez des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes. On suspectait alors fortement que la transmission était liée à des contacts sexuels.

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Dans l’article scientifique intitulé «Monkeypox in Montréal: Epidemiology, Phylogenomics, and Public Health Response to a Large North American Outbreak», des chercheurs de l’Université McGill attribuent notamment le succès de l’opération à l’intervention rapide et soutenue de la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal auprès des communautés à risque notamment en déployant une campagne de vaccination préventive efficace.

La Dre Sapha Barkati, microbiologiste-infectiologue du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui a coordonné la rédaction de ce rapport, insiste sur le fait que ce succès est une affaire d’équipe. On souligne surtout la contribution de cliniciens qui ont signalé et traité les cas, ainsi que du laboratoire de santé publique qui a facilité le dépistage rapide sans devoir dépendre du laboratoire national de microbiologie du Canada. Ce dernier s’est tout de même chargé du séquençage des échantillons positifs.

Parmi les bons coups associés à l’opération montréalaise, on souligne que c’est la première juridiction à avoir offert gratuitement une dose du vaccin Modified Vaccinia Ankara-Bavarian Nordic (MVA-BN) de manière préventive dès le mois de juin.

De l’avis de la Dre Barkati, la DRSP a joué un rôle de pionnière en adoptant une stratégie de vaccination visant non seulement les Montréalais à risque, mais aussi toute personne ayant des contacts de proximité avec ces personnes, incluant des touristes de passage dans la métropole.

Elle raconte que des gens venus participer à la conférence internationale sur le SIDA, en juillet dernier, en ont profité pour se faire vacciner. Des reportages avaient aussi fait mention de touristes venus de New York qui se réjouissaient d’avoir accès à un vaccin de manière plus simple et plus rapide qu’au sud de la frontière.

«Ça a probablement aidé beaucoup', reconnaît la spécialiste des maladies tropicales. `Dans les approches de santé publique, c’est rarement un seul élément» qui mène au succès, poursuit-elle, mais la vaccination a certainement joué un rôle majeur.

Cependant, il ne faut pas négliger la réaction de la communauté à l’offre vaccinale, car c’est la demande qui détermine l’efficacité d’une campagne de vaccination.

En date du 18 octobre, 23 835 personnes avaient reçu au moins une dose du MVA-BN. Un nombre appréciable quand on estime la population à risque à 32 000 individus.

Deux vagues ont été observées au début du mois de juin et au début du mois de juillet lors desquelles on a atteint des pics de 43 et 44 cas par semaine. On a ensuite connu un déclin progressif jusqu’à constater une quasi-disparition du virus sur le territoire en octobre.

La variole simienne est une maladie virale de type zoonose endémique dans les régions de l’Afrique centrale et occidentale. On croit que le virus se transmet par contact direct entre personnes, mais aussi par les fomites et les gouttelettes. La maladie peut causer d’intenses douleurs principalement à travers des éruptions cutanées pouvant se propager sur tout le corps.

De premiers cas de variole simienne dans des pays occidentaux ont commencé à émerger en mai 2022, notamment au Royaume-Uni. Les cas se sont ensuite répandus, incluant au Canada.

Le délai entre l’apparition de l’épidémie dans d’autres pays occidentaux et l’éclosion montréalaise a donné le temps aux cliniciens d’ici de voir venir les choses, croit la Dre Barkati.

Les médecins ont pu s’informer et être aux aguets pour signaler rapidement l’apparition des premiers cas.

Si Montréal a été identifiée comme l’épicentre de l’épidémie en Amérique du Nord, la mobilisation prompte et efficace des autorités de santé publique a su endiguer rapidement la propagation.

Pour la Dre Sapha Barkati, cette démonstration d’engagement, de collaboration et de créativité dans la réaction face à une épidémie constitue une leçon à retenir pour les experts d’ici et un modèle à suivre pour les autorités de santé ailleurs dans le monde.

Ugo Giguère
Ugo Giguère