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«Si l'Ukraine faisait partie de l'OTAN, tout ce que nous voyons aujourd'hui ne se serait pas produit. C'est au moins le moment de dire à l'Ukraine qu'elle fait partie de l'OTAN», a soutenu le docteur Igor Mokryk.
Un médecin ukrainien qui avait été contraint de traiter des patients opérés à cœur ouvert dans un abri antiaérien, l'année dernière, est reconnaissant de l'aide que son pays a reçue du Canada.
Mais le docteur Igor Mokryk, chef de la chirurgie cardiaque à l'Institut de cardiologie de Kyiv, affirme que le meilleur remède serait tout de même d'avoir le soutien du Canada pour que l'Ukraine se joigne à l'OTAN.
En entrevue à La Presse Canadienne dans son bureau de Kyiv, lundi, le médecin de 49 ans a déclaré qu'il aurait adoré s'entretenir avec le premier ministre Justin Trudeau lors de sa visite surprise dans sa ville, en fin de semaine.
Au cours de sa visite éclair, M. Trudeau a promis plus d'armes et de formation de pilotes de chasse, mais il n'a pas soutenu pleinement l'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Le premier ministre a simplement rappelé samedi que le Canada avait toujours été «très clair» sur le fait que l'Ukraine devrait se joindre à l'OTAN «lorsque les conditions s'y prêteront».
Mais le docteur Mokryk a déclaré que les conditions étaient déjà réunies et que cette adhésion aurait dû se produire il y a des années.
«Si l'Ukraine faisait partie de l'OTAN, tout ce que nous voyons aujourd'hui ne se serait pas produit, a-t-il soutenu. C'est au moins le moment de dire à l'Ukraine qu'elle fait partie de l'OTAN. Nous avons déjà cette terrible guerre, mais nous savons que nous allons gagner. Par contre, nous ne voulons absolument pas avoir une autre guerre contre la Russie.»
M. Mokryk a déclaré que s'il avait la chance de parler à M. Trudeau, il le remercierait pour son soutien, mais lui demanderait de se rappeler qu'il est aussi un père de famille, tout comme de nombreux Ukrainiens dont les enfants sont à risque.
«Leur sécurité dépend vraiment du fait que l'Ukraine fasse partie ou non de l'OTAN. Fait-elle partie d'une grande famille de nations qui sont vraiment progressistes et qui aident ? Nous avons perdu trop d'enfants. Ils sont tués. C'est absolument fou.»
L'Institut de cardiologie de Kyiv a reçu 30 boîtes d'équipement de protection individuelle, de pansements, de cathéters, de seringues, de blouses chirurgicales et d'électrodes de défibrillateur de la faculté de médecine de l'Université de Calgary, en novembre dernier.
Le docteur Paul Fedak, un Canadien d'origine ukrainienne, regardait il y a des mois une publication sur les réseaux sociaux du docteur Mokryk emmenant des patients dans un bunker alors que des bombes explosaient au-dessus de leur tête. Ça lui a fait penser à quel point les choses sont déjà difficiles dans le système de santé canadien. Alors, «je ne peux même pas imaginer ce que ce serait d'essayer de soigner ces patients pendant une guerre», a-t-il déclaré.
Des fournitures de plusieurs pays continuent d'arriver en Ukraine. Il y a des palettes de fournitures non ouvertes dans les couloirs de l'hôpital. Le docteur Mokryk admet que les choses vont un peu mieux maintenant. L'électricité n'est plus coupée tous les jours, le nombre de chirurgies cardiaques est revenu à la normale et le personnel ne campe plus à l'hôpital, comme il l'a fait pendant les deux premiers mois de la guerre.
Mais le sous-sol est toujours là pour les urgences, avec des fournitures médicales à portée de main et une poignée de lits «en bunker» — au cas où.
Le docteur Mokryk souligne qu'il en est venu à considérer la guerre comme une maladie qui doit être traitée. «Ce que nous avions au début était une irruption de la maladie et nous savions que c'était grave. Nous savions que ça allait nous tuer et nous ne savions vraiment pas quelle était son ampleur», a-t-il raconté.
«Et aujourd'hui, nous avons beaucoup mieux appris sur la façon d'y répondre et de repousser [la maladie], et maintenant nous savons vraiment que nous allons gagner.»