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Le spring break bat son plein et les touristes abondent à Playa del Carmen au Mexique, l’une des destinations les plus prisées des Québécois. Mais cette station balnéaire est aussi récemment la scène de violences qui ne lui sont pas propres.
Le spring break bat son plein et les touristes abondent à Playa del Carmen au Mexique, l’une des destinations les plus prisées des Québécois. Pourtant, cette station balnéaire a été la scène de nouvelles fusillades et meurtres qui renforcent les violences dans la région.
Cela ne semble pas inquiéter bon nombre des Québécois que nous avons rencontrés, tandis qu’Ottawa met en garde les voyageurs en raison du niveau de violence élevé dans la région.
L’accent québécois se fait très bien entendre sur la populaire 5e avenue, à Playa del Carmen. Ils sont des milliers parmi quelque deux millions de touristes internationaux à choisir cette destination chaque année, et ce, malgré les affrontements imprévisibles entre groupes criminels et cartels de la drogue dans certaines zones touristiques.
Au cours des dernières années, plusieurs étrangers ont été sauvagement assassinés dans le Quintana Roo, l'État qui regroupe Playa del Carmen, Cancùn et Tulum, dont un couple de Québécois à l’été 2022.
Depuis le début de l’année, au moins 10 Mexicains, dont un journaliste, ont été tués dans des fusillades à Playa del Carmen, Cancùn et Tulum. Tout récemment, à la mi-février 2023, les corps torturés de quatre employés du bureau des inspections municipales ont été retrouvés dans un véhicule au cœur d’un quartier résidentiel. Ce bureau s’occupe entre autres de faire respecter les lois réglementant la vente et la consommation de drogues. Selon le Mexico Daily Post, dix employés du bar La Cueva ont été appréhendés en lien avec cette affaire. Ils étaient en train de laver le plancher du bar, couvert de sang, lorsque la police est arrivée.
Quelques jours plus tard, une fusillade a éclaté en plein jour, faisant un mort et un blessé au centre-ville. Le conflit, dont on a encore très peu de détails, impliquerait deux entreprises du secteur.
Le vendredi 3 mars, au soir, le secteur où se trouve la boîte de nuit Coco Bongo a été le théâtre d’une autre fusillade qui a fait deux blessés, dont un chauffeur de taxi – encore une fois, peu de détails, mais beaucoup de suspicions autour de ces événements s’apparentant à des règlements de compte.
Chanelle Lamothe a l’habitude de voyager seule lors de séjours de plusieurs mois dans la ville balnéaire. Pour elle, ce genre d’incident est un «avertissement».
«Tu es au Mexique, tu ne vas pas jouer dans la drogue avec les cartels! Ils ont des secteurs, certains veulent reprendre leur position et ça a toujours été. Je ne suis pas en train d’inventer quelque chose! Il y a combien de films et de téléséries là-dessus.»
Chanelle travaille en ligne depuis Playa del Carmen et dit s'y sentir en sécurité, même plus qu’à Montréal. Elle habitait dans l’arrondissement Ville-Marie lorsqu’une fusillade a éclaté tout près de chez elle à la pizzéria Napoli, en août 2022. Quatre autres fusillades – dont deux dans son secteur – ont éclaté dans la même nuit montréalaise, en septembre dernier.
Tout juste avant le début du spring break, Lili Campos, mairesse de la commune de Solidaridad (dont le siège municipal est Playa del Carmen), a annoncé une augmentation du nombre de patrouilles de 20 à plus de 300 pour «assurer la sécurité des voyageurs».
Ce genre de mesure a d’ailleurs un effet rassurant selon Daniel Gingras, copropriétaire du resto-bar sportif Los Tabernacos.
«Depuis l’après-COVID, l’armée est ici et omniprésente; elle met des barrages partout. Je me sens pas mal plus en sécurité que lorsque je suis arrivé ici, il y a 13 ans», témoigne-t-il.
Nancy Gilbert cumule plus de 17 ans à Playa, dont 15 ans comme copropriétaire de l’hôtel LunaSol. Elle estime que certaines zones sont plus dangereuses que d’autres, mais cela est loin de troubler sa quiétude.
«Pour le style de vie que j’ai, je me sens en super sécurité ici. Il n'y a aucun problème et je sens aussi que ma fille est en sécurité. Si je sentais que ma fille n’était pas dans un milieu [sécuritaire], je n’habiterais pas ici», affirme-t-elle.
«Moi sérieusement, je ne me suis jamais senti en danger ici… Vraiment pas! Il y a des meurtres à Laval, partout à Montréal [...] Le Mexique a toujours eu mauvaise réputation à cause de la drogue. Mais la demande est là…», renchérit Daniel Gingras. Playa del Carmen, Cancùn et Tulum sont d’importants marchés pour le crime organisé, susceptible d’y trouver de nombreux vacanciers en quête de plaisirs illicites.
Installé à Playa depuis 14 ans, Alan D. Bachand travaille pour un site américain de réservations d’hôtels pour les amateurs d’événements sportifs.
«J’ai vraiment pas peur ici! J'amène mes parents, tous mes amis et on rit de ça aussi. Le monde a peur, ont peur! J’ai des amis qui sont venus ici et ils ne se sont pas fait tuer, voler et ça a bien été», dit-il d’un ton rieur.
Sur son site Voyage.gc.ca, le gouvernement canadien invite les voyageurs à faire preuve d’une grande prudence partout au Mexique «en raison du taux de criminalité élevé et des risques d’enlèvement». Plus loin dans l’avis, on peut lire que les taux de crimes violents, tels que les homicides, sont élevés dans les destinations populaires de Cancún, Playa del Carmen, Puerto Morelos et Tulum.
Par ailleurs, des avertissements régionaux indiquant d’éviter tout voyage non essentiel sont en vigueur pour plusieurs états, dont le Sinaloa (à l’exclusion de la ville de Mazatlán) depuis l’arrestation d’un des fils du célèbre narcotrafiquant «El Chapo» dans la capitale de Culiacan, en janvier dernier.
Le gouvernement américain a de son côté émis de nouveaux avertissements avant le spring break et mardi dernier, après que deux des quatre Américains enlevés dans l ‘État de Tamaulipas ont été retrouvés morts. Tous les états sont classés selon différentes catégories. Le Quintana Roo est aussi considérée comme une destination où il faut «faire preuve de grande prudence». Contrairement au Canada, l’État de la Basse-Californie fait partie des voyages à reconsidérer en raison des crimes et des enlèvements.
Nancy Gilbert reçoit à son hôtel de nombreux voyageurs qui se réveillent aux aurores pour faire de la plongée. Cette clientèle est donc moins encline à sortir tard le soir. Pour ceux qui veulent profiter de la vie nocturne, elle leur recommande de ne pas marcher et d’opter pour un taxi.
Il arrive occasionnellement à Nancy de sortir le soir dans des endroits qu’elle considère sécuritaire, près de la 5e avenue, «où il y a beaucoup de police et de contrôle».