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Ces lunettes sauront-elles révolutionner le monde de la réalité virtuelle?
Apple a dévoilé lundi un casque longtemps attendu qui plongera ses utilisateurs entre le monde virtuel et réel, tout en testant la capacité du précurseur technologique à populariser de nouveaux appareils révolutionnaires après que d'autres ont échoué à captiver l'imagination du public.
Après des années de spéculations, le PDG d'Apple, Tim Cook, a salué l'arrivée des lunettes élégantes, baptisées Vision Pro, lors de la conférence annuelle des développeurs de l'entreprise qui s'est tenue sur un campus de style parc à Cupertino, en Californie, conçu par feu le co-fondateur d'Apple, Steve Jobs.
«Cela marque le début d'un voyage qui apportera une nouvelle dimension à une technologie puissante», a déclaré Cook à la foule.
Bien que les dirigeants d'Apple aient présenté en détail les capacités du casque au cours de la dernière demi-heure de l'événement de lundi, les consommateurs devront attendre avant de pouvoir mettre la main sur l'appareil. Ils devront d’ailleurs se préparer à payer un prix élevé. Les Vision Pro seront vendues au prix de 3500 $ lors de leur sortie en magasin début de l'année prochaine.
Le casque pourrait devenir un autre jalon dans la tradition d'Apple de lancement de technologies révolutionnaires, même si la société n'a pas toujours été la première à essayer de fabriquer un appareil original.
Les réalisations d'Apple remontent à l'époque où Jobs, en noeud papillon, vendait le premier Mac en 1984, une tradition qui s'est poursuivie avec l'iPod en 2001, l'iPhone en 2007, l'iPad en 2010, l'Apple Watch en 2014 et les AirPods en 2016.
La société a souligné qu'elle s'appuyait sur des décennies de conception de produits lors des années consacrées au développement de la Vision Pro, un processus qui, selon Apple, a donné lieu à plus de 5000 brevets différents. Les lunettes seront équipées de 12 caméras, de six microphones et de divers capteurs qui permettront aux utilisateurs de les contrôler ainsi que différentes applications rien qu'avec leurs yeux et leurs mains. Apple a également développé une technologie pour créer une version numérique tridimensionnelle de chaque utilisateur à afficher pendant les visioconférences.
Si le nouvel appareil se révèle être un produit de niche, cela placerait Apple dans la même posture que d'autres grandes entreprises technologiques et startups ayant tenté de vendre des casques ou des lunettes équipés de technologies qui plongent les gens dans des mondes artificiels ou projettent des images numériques avec des paysages et des objets réels devant eux, un format connu sous le nom de «réalité augmentée».
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, décrit ces réalités tridimensionnelles alternatives comme le «métavers». Il s'agit d'un concept geek qu'il a essayé de populariser en changeant le nom de son entreprise de réseau social en Meta Platforms en 2021, puis en investissant des milliards de dollars dans l'amélioration de la technologie virtuelle.
Cependant, le métavers reste en grande partie une ville fantôme numérique, bien que le casque de réalité virtuelle de Meta, le Quest, reste l'appareil le plus vendu dans une catégorie qui, jusqu'à présent, a principalement attiré les joueurs de jeux vidéo à la recherche d'expériences encore plus immersives. Cook et d'autres dirigeants d'Apple ont évité de faire référence au métavers dans leurs présentations, décrivant plutôt la Vision Pro comme le premier pas de l'entreprise dans le «calcul spatial».
La réponse à la réalité virtuelle, augmentée et mixte a été plutôt mitigée jusqu'à présent. Certains gadgets utilisant cette technologie ont même été moqués de manière dérisoire, le cas le plus notable étant les lunettes connectées à Internet de Google, lancées il y a plus d'une décennie.
Après que le co-fondateur de Google, Sergey Brin, a initialement suscité l'excitation autour de l'appareil en démontrant le potentiel époustouflant d'un modèle précoce lors d'une cascade de parachutisme en marge d'une conférence technologique à San Francisco, les consommateurs se sont rapidement désintéressés d'un produit qui permettait à ses utilisateurs de prendre discrètement des photos et des vidéos. Les critiques ont été si intenses que les personnes portant ces lunettes ont été surnommées «Glassholes», ce qui a conduit Google à retirer le produit quelques années après son lancement.
Microsoft a également connu un succès limité avec HoloLens, un casque de réalité mixte sorti en 2016, bien que l'éditeur de logiciels ait affirmé plus tôt cette année qu'il restait attaché à cette technologie.
Magic Leap, une startup qui a suscité l'enthousiasme avec des aperçus d'une technologie de réalité mixte capable de créer le spectacle d'une baleine jaillissant d'un sol de gymnase, a eu tellement de difficultés à commercialiser son premier casque auprès des consommateurs en 2018 qu'elle a depuis recentré ses activités sur des utilisations industrielles, médicales et d'urgence.
Daniel Diez, directeur de la transformation chez Magic Leap, a déclaré que les lunettes d'Apple devront répondre à quatre grandes questions : «Que peuvent faire les gens avec ? À quoi ressemble cet appareil ? Est-il confortable à porter ? Et combien va-t-il coûter ?»
L'anticipation selon laquelle les lunettes d'Apple se vendront plusieurs milliers de dollars a déjà tempéré les attentes concernant le produit. Bien qu'il s'attende à ce que les lunettes d'Apple bénéficient d'une technologie époustouflante, l'analyste de Wedbush Securities Dan Ives estime que la société ne vendra que 150 000 unités au cours de la première année de commercialisation de l'appareil, ce qui est une goutte d'eau dans le portefeuille de l'entreprise. En comparaison, Apple vend plus de 200 millions de ses iPhone chaque année. Mais l'iPhone n'a pas été une sensation immédiate, avec des ventes de moins de 12 millions d'unités au cours de sa première année complète sur le marché.
Depuis 2016, les expéditions annuelles moyennes d'appareils de réalité virtuelle et augmentée se sont élevées à 8,6 millions d'unités, selon la société d'études de marché CCS Insight. La société prévoit des ventes lentes cette année, avec une projection de vente d'environ 11 millions d'appareils avant d'atteindre progressivement 67 millions en 2026.
Avant de dévoiler ses nouvelles lunettes, Apple a débuté l'événement en annonçant que les derniers modèles de deux gammes d'ordinateurs haut de gamme, le Mac Studio et le Mac Pro, seront alimentés par une puce conçue par la société qui est déjà disponible dans des Mac moins chers.
Le Mac Studio sera vendu à 2 000 $ et le Mac Pro sera proposé au prix de 7 000 $. Comme c'est généralement le cas lors de cette conférence, Apple a donné un aperçu du prochain système d'exploitation de l'iPhone, iOS 17. Ce logiciel, qui comprendra des outils de personnalisation et de partage de position pour les appels téléphoniques et les messages, devrait être disponible en tant que mise à jour gratuite en septembre.