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La réalité virtuelle permet désormais de mieux comprendre la réalité d'une personne autiste, et ce, grâce à des chercheurs de Montréal.
Depuis sa création, la réalité virtuelle a permis à des milliers de personnes de vivre une pléthore d'expériences immersives. Elle permet désormais de mieux comprendre la réalité d'une personne autiste, et ce, grâce à la créativité d'une équipe de chercheurs du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
L'application bilingue et gratuite vise à illustrer les défis auxquels sont confrontées les personnes autistes dans la vie de tous les jours. Trois ans de travail ont été nécessaires pour en arriver à l'expérience immersive de neuf minutes.
«À ma connaissance, c'est la première fois [au monde] qu'une équipe de recherche développe et diffuse une telle application, explique Marc Lanovaz, professeur titulaire à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. On a travaillé avec un groupe de personnes autistes pour saisir leur réalité dans le développement initial de l'application. La première itération a été évaluée dans le cadre d'un projet de recherche, puis il y a eu des mises à jour.»
Le programme, qui est destiné aux appareils Meta Oculus Quest 2, simule une visite dans un cabinet de dentiste, une situation qui peut s'avérer angoissante pour une personne se trouvant dans le trouble du spectre de l'autisme.
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«Nous savons tous que la meilleure façon de mieux comprendre la réalité de quelqu’un est de se mettre dans sa peau, explique M. Lanovaz. Nous avons donc simulé les difficultés qu’une personne autiste peut éprouver sur les plans sensoriel et social quand elle fait face à une situation stressante.»
«Aller chez le dentiste peut être une source de stress pour n'importe qui, pas seulement les personnes autistes, poursuit le chercheur. Mais pour celles-ci, ça peut représenter des défis supplémentaires qu'on a voulu montrer en exagérant certains éléments dans la simulation.»
D'ailleurs, prévient M. Lanovaz, l'application de réalité virtuelle ne représente l'expérience que d'une seule personne autiste et ne doit pas être généralisée. «Chaque personne autiste est unique, donc notre programme ne représente qu'une seule expérience parmi d'innombrables scénarios possibles», note le spécialiste.
L'application, conçue grâce au soutien financier de la Fondation de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et du Réseau national d'expertise en trouble du spectre de l'autisme, pourra être utilisée par les écoles, les établissements de santé et les milieux de travail pour susciter une prise de conscience auprès des personnes qui côtoient des individus TSA.
«Notre objectif ce sont les grandes organisations, notamment parce qu'ils ont déjà les appareils ou que c'est plus facile pour eux de s'en procurer, indique M. Lanovaz. Notre équipe est prête à se rendre disponible pour venir offrir des ateliers de sensibilisation auprès de ces personnes qui vont être amenées à côtoyer des personnes autistes.»
La démarche semble déjà porter ses fruits. Une première étude auprès de 104 membres d'une communauté cégépienne ayant utilisé l'application conclut que ses utilisateurs sont davantage sensibilisés à la réalité des personnes autistes, notamment en améliorant «significativement les attitudes, l’ouverture et les connaissances à l’égard de l’autisme».
«Dans les faits, on avait un groupe de personnes qui avait fait l'expérience de réalité virtuelle et un qui ne l'avait pas fait. On leur a soumis un questionnaire et ce qui est intéressant, c'est que les personnes qui avaient fait la simulation s'étaient montrées plus ouvertes, affichaient davantage de connaissances et avaient des attitudes plus positives à l'égard des personnes avec des caractéristiques d'autisme», indique M. Lanovaz.
C'est que la réalité virtuelle permet de toucher la corde émotive et affective des sujets, un objectif difficile à atteindre avec d'autres méthodes de sensibilisation plus traditionnelles, croit le chercheur.
«Ça ajoute quelque chose en plus, parce que la personne peut se voir à la place de l'autre, indique-t-il. Pour notre équipe, c'est important de continuer à travailler au niveau de la sensibilisation du grand public. Parce que même si on voit de plus en plus de personnes autistes dans les médias, celles-ci vivent encore de la stigmatisation dans plusieurs contextes, que ce soit en éducation, en santé et même dans divers loisirs.»