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«C'est encore légal ici.»
Des femmes proposent sur TikTok d’ouvrir les portes de leurs demeures aux Américaines qui ont besoin de se reposer après être venues «camper» au Canada, un mot de code pour l’avortement, devenu illégal dans plusieurs États américains.
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Dans un élan de solidarité envers les personnes qui n’ont plus (ou n’auront bientôt plus) accès à un avortement légal et sécuritaire dans leur État de résidence, des milliers d’internautes de partout dans le monde proposent sur les réseaux sociaux d’héberger celles qui voyageront pour obtenir interrompre une grossesse.
«C’est encore légal de “faire du camping” ici. Si tu as besoin de te reposer après être allée “camper”, tu peux venir chez moi et je m’occuperai de toi», peut-on par exemple lire dans la publication TikTok d’une étudiante québécoise en soins infirmiers utilisant un extrait de la chanson Paris du groupe The Chainsmokers comme trame sonore.
«Faire du tourisme», «visiter une cousine» ou «se faire tatouer» font aussi partie des euphémismes utilisées par les internautes pour désigner le fait de quitter son État de résidence pour obtenir un avortement.
Des publications similaires utilisant le même extrait sonore ont commencé à apparaître aux États-Unis en mai, quand le site d’information Politico a révélé que la Cour suprême s’apprêtait à annuler Roe contre Wade, le jugement garantissant le droit à l’avortement dans tout le pays. Mais la tendance a pris de nouvelles proportions depuis que la décision est officiellement tombée, vendredi dernier.
Au Québec, plusieurs femmes vivant près de la frontière américaine ont partagé des vidéos semblables au cours du weekend.
«C’est surtout une question de principe», affirme Caroline, une résidente de la Rive-Sud de Montréal qui a elle-même lancé l’invitation. Elle avoue ne pas vraiment s’attendre à ce que son offre soit acceptée. «S’il faut le faire par soutien, on va le faire. C’est la moindre des choses.»
Le ministre libéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a garanti en mai dernier que les personnes qui souhaitent se rendre au Canada pour interrompre une grossesse pourront traverser la frontière.
Réagissant à la décision de la Cour suprême, le premier ministre Justin Trudeau a promis vendredi aux Canadiennes que son gouvernement et lui allaient «toujours défendre votre droit de choisir».
«Ce n’est pas parce que ça se passe aux États-Unis qu’ici [ce droit] n’est pas en danger», souffle-t-elle au bout du fil. Elle rappelle que des dizaines d’élus canadiens se sont prononcés ouvertement contre le droit à l’avortement, et que des députés caquistes ont financé des organismes antiavortement oeuvrant au Québec.
Au Canada, la Cour suprême a déclaré que toute tentative de criminaliser l’avortement serait inconstitutionnelle. Toutefois, l’accès à ce service de santé demeure difficile dans certaines régions et pour certaines communautés marginalisées.