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Cette question a été soulevée par Kristi Allain, professeur de sociologie, qui n'est d'ailleurs pas la seule dans la communauté universitaire à être perplexe face à une décision de Hockey Canada.
La professeure de sociologie de l'Université St. Thomas, Kristi Allain, avait une question simple en réaction à la nouvelle politique des vestiaires de Hockey Canada: «Pourquoi?»
Hockey Canada a mis en place une nouvelle politique pour la saison de hockey mineur 2023-24, incluant une «règle de tenue minimale», dans le but de respecter la vie privée et de rendre les environnements de vestiaires plus inclusifs.
Kristi Allain, qui a passé des années à faire des recherches sur la masculinité dans le hockey, veut savoir ce qui a incité Hockey Canada à introduire cette politique alors que le sport présente des problèmes bien plus importants.
«Je pense que nous devons poser des questions sérieuses sur le "pourquoi?"» a déclaré Mme Allain. «Si une communauté – la communauté LGBTQ, la communauté musulmane... – le demande, alors nous devrions le faire.»
«Mais si ces communautés n'ont pas demandé cela, alors je pense que nous devons nous demander si cela ne sert pas simplement de distraction par rapport à certains des changements vraiment difficiles qui vont devoir être faits pour que le hockey soit un endroit sûr pour les femmes, les personnes LGBTQ et les personnes racialisées.»
Kristi Allain n'est pas la seule dans la communauté universitaire à être perplexe face à la décision de Hockey Canada.
Bruce Kidd, un Olympien canadien, écrivain et professeur émérite de sport et de politique publique à l'Université de Toronto, se demande comment Hockey Canada en est arrivée à la conclusion que ces changements de politique étaient nécessaires.
«Aviez-vous réalisé une étude? Avez-vous consulté? Avez-vous regardé si d'autres juridictions font cela?»
«Je ne veux pas dire que c'est une solution à la recherche d'un problème, mais cela m'a beaucoup surpris», d'ajouter Kidd.
Hockey Canada n'a pas précisé comment cette politique avait été élaborée lorsque la question lui a été posée par La Presse Canadienne.
«La politique des vestiaires de Hockey Canada, qui sera mise en œuvre pour la saison 2023-24, a été conçue pour améliorer la sécurité de tous les participants grâce à une surveillance appropriée et à des exigences minimales en matière de tenue vestimentaire», a déclaré Hockey Canada dans un communiqué.
«Tous les participants ont le droit d'utiliser le vestiaire ou un environnement de vestiaire approprié et équivalent en fonction de leur identité de genre, de leurs croyances religieuses, de leurs préoccupations concernant leur image corporelle et/ou d'autres raisons liées à leurs besoins individuels», souligne un extrait de la politique des vestiaires de Hockey Canada.
La «règle de la tenue minimale» exige que les joueurs portent «une couche de base» dans un vestiaire lorsqu'ils sont entourés d'au moins une autre personne. La politique, qui s'applique à toutes les équipes de hockey mineur sanctionnées par Hockey Canada et ses associations membres, recommande que les joueurs arrivent à l'aréna en portant cette «couche de base».
Si un joueur arrive sans elle, il doit se changer dans un endroit privé, comme une cabine de salle de bain, avant de rejoindre le reste de l'équipe dans le vestiaire et de mettre son équipement.
Hockey Canada précise que c'est la responsabilité des entraîneurs et du personnel de l'équipe de veiller à ce que les joueurs respectent la politique.
Dans le cadre de la politique, Hockey Canada introduit également une «règle des deux», exigeant que deux adultes formés et contrôlés soient présents dans le vestiaire ou directement à l'extérieur (avec une porte ouverte) du vestiaire en même temps «pour s'assurer qu'il est exempt de toute discrimination, harcèlement, intimidation ou autres formes de maltraitance».
La nouvelle politique énonce également les meilleures pratiques recommandées pour l'utilisation des douches, où les joueurs doivent porter une tenue minimale dans des situations à concept ouvert, comme les maillots de bain. Elle interdit également les activités violentes et les vidéos, les photos fixes ou les enregistrements de toute nature dans les environnements de vestiaires.
Bruce Kidd se souvient de l'époque où il était directeur sportif de l'Université de Toronto, où il y avait de plus en plus de demandes de douches et de vestiaires privés lorsque l'école était en rénovation, mais cela remonte à une vingtaine d'années.
Kristi Allain affirme que la question de la «tenue minimale» n'est pas quelque chose qu'elle a rencontré au cours de ses 20 ans de recherche.
«J'ai entendu de nombreuses préoccupations de la part de nombreuses personnes, mais ce n'est en fait pas l'une d'entre elles», a-t-elle déclaré. «J'ai été surprise.»
Mme Allain cite le racisme, l'homophobie, la violence sexuelle et les traumatismes physiques que les gens peuvent subir après des années de pratique du hockey comme exemples de problèmes dans le hockey. Elle souligne également le manque d'accessibilité au sport pour les familles de la classe ouvrière au Canada.
«Il y a beaucoup de plaintes concernant le hockey et son manque d'inclusion», a-t-elle déclaré. «Hockey Canada doit faire de véritables efforts pour accroître la diversité dans le jeu, pour être un jeu inclusif, pour être un sport qui n'est pas lié à la violence. Il y a beaucoup d'endroits où ils doivent faire des changements. Chaque jour, nous entendons des histoires sur la manière dont le hockey échoue.»
«J'ai été surprise que ce soit la question qu'ils décident de traiter en premier et j'aimerais savoir ce qui l'a précipité.»