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«C'est effectivement la montée de la droite américaine et de la droite un peu partout dans le monde qui démontre son influence que tous les députés conservateurs au Canada ont voté contre l'Ukraine», a lancé le premier ministre.
Le premier ministre Justin Trudeau a accusé vendredi les conservateurs de «tourner le dos à l'Ukraine» en se comportant comme les politiciens «de droite et d'extrême droite» qui invoquent «des raisons fournies par Vladmir Poutine».
Selon lui, l'explication du chef Pierre Poilievre voulant que ses troupes aient voté contre un accord de libre-échange avec l'Ukraine à l'étape de la deuxième lecture, en début de semaine, parce que le projet de loi favorise la tarification du carbone est une «excuse absurde» et «ridicule» qui cache «la vraie histoire».
«C'est effectivement la montée de la droite américaine et de la droite un peu partout dans le monde qui démontre son influence que tous les députés conservateurs au Canada ont voté contre l'Ukraine», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à Saint-Jean de Terre-Neuve où se tient le Sommet des dirigeants Canada-Union européenne.
De passage à Toronto la veille, M. Poilievre avait déclaré aux journalistes qu'une tarification sur le carbone en Ukraine entraverait sa reprise économique.
«C'est cruel et franchement dégoûtant que l'obsession idéologique de Trudeau de taxer la classe ouvrière, les personnes âgées et les familles qui souffrent ait eu préséance sur ce qui aurait dû être un accord de libre-échange», avait-il dit.
Or, l'Ukraine a un prix sur la pollution depuis des années et son ambassadrice au Canada presse Ottawa d'adopter le projet de loi.
Le document proposé se concentre principalement sur le maintien de l'accès au marché dans le cadre d'un accord initialement négocié par l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Il comprend aussi de nouvelles dispositions en matière d'investissement qui, selon l'Ukraine, pourraient contribuer à une éventuelle reconstruction du pays déchiré par la guerre.
Le texte débattu ajoute également un nouveau chapitre environnemental dans lequel les deux pays conviennent de «promouvoir la tarification du carbone».
Selon M. Trudeau, il est «très préoccupant» que les conservateurs, qui étaient jusqu'à récemment parmi «les plus grands défenseurs de l'Ukraine», changent leur fusil d'épaule à l'image des «républicains MAGA», une référence au slogan politique Make America Great Again qu'a popularisé Donald Trump durant sa campagne présidentielle.
«Non seulement les Canadiens d'origine ukrainienne, mais tous les Canadiens devraient s'inquiéter lorsque le Parti conservateur du Canada et Pierre Poilievre tournent le dos à l'histoire, tournent le dos à nos amis et alliés, tournent le dos à l'ordre international fondé sur des règles et à notre soutien à la Charte des Nations unies et à l'intégrité territoriale», a-t-il envoyé.
Appelé à commenter la décision des conservateurs, le président du Conseil européen, Charles Michel, a d'abord déclaré qu'il n'entend pas s'ingérer dans les enjeux de politique intérieure du Canada. Il n'a cependant pu résister à y faire allusion.
«Mais une chose est certaine: du côté européen, nous sommes déterminés à soutenir l'Ukraine et à ne pas utiliser des arguments qui pourraient ressembler à des excuses pour reculer dans le soutien à l'Ukraine.»
Les accusations se sont transportées à la Chambre des communes durant la période des questions. Alors que les libéraux multipliaient leurs commentaires désapprobateurs, la whip en chef de l'opposition, Kerry-Lynne Findlay, a contre-attaqué.
«Ça, c'est le gouvernement qui a envoyé des turbines à Poutine pour qu'il puisse injecter du gaz naturel en Europe et financer sa machine de guerre, a-t-elle répliqué. Nous devrions mettre fin aux dollars destinés aux dictateurs et les transformer en chèques de paie pour notre peuple.»
Mme Findlay faisait alors allusion à la décision du Canada d'envoyer en Europe l'an dernier une turbine essentielle à la société russe Gazprom pour l'approvisionnement de gaz en Allemagne, même si l'Ukraine s'y opposait.