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Politique

Explosion sur le pont Rainbow: Poilievre critiqué pour avoir parlé de terrorisme

Le chef de l'opposition a présenté ce qu'il a appelé des «mesures conservatrices de bon sens» lors d'une conférence de presse dans une synagogue de Toronto.

Deux personnes ont été retrouvées mortes dans le véhicule qui a explosé à un poste frontalier du côté américain d'un pont entre le Canada et les États-Unis à Niagara Falls.
Deux personnes ont été retrouvées mortes dans le véhicule qui a explosé à un poste frontalier du côté américain d'un pont entre le Canada et les États-Unis à Niagara Falls.
Stephanie Taylor
Stephanie Taylor / La Presse canadienne

Le chef conservateur Pierre Poilievre a publié jeudi un plan sur la manière dont il réagirait à une augmentation des crimes haineux, tandis que les libéraux l'accusaient d'être irresponsable en ayant qualifié prématurément l'explosion survenue la veille à un point de contrôle frontalier canado-américain d'«attaque terroriste».

Le chef de l'opposition a présenté ce qu'il a appelé des «mesures conservatrices de bon sens» lors d'une conférence de presse dans une synagogue de Toronto. Celles-ci comprendraient une réévaluation du niveau de menace terroriste au Canada et la création d'un réseau anti-haine pour les communautés religieuses.

«Après huit ans (d'un gouvernement sous) Justin Trudeau, le Canada est un endroit plus dangereux», a déclaré M. Poilievre aux journalistes.

La communauté juive du Canada a signalé une forte augmentation de l'antisémitisme et de la violence contre les synagogues et les écoles depuis que les militants du Hamas ont tué 1200 personnes, dont des centaines de civils, en Israël le 7 octobre.

Les communautés musulmanes ont signalé une augmentation similaire de la violence motivée par la haine au Canada depuis le début du conflit.

M. Poilievre a mentionné des exemples de ce qu'il appelle des attaques terroristes passées au Canada, notamment la fusillade de janvier 2017 qui a tué six hommes musulmans dans une mosquée de Québec et l'attaque au camion de juin 2021 qui a tué quatre membres d'une famille musulmane à London, en Ontario.

La faute aux médias

M. Poilievre a été interrogé sur les commentaires qu'il avait faits mercredi à la Chambre des communes, où il avait demandé à Justin Trudeau des nouvelles de l'explosion d'un véhicule près de la frontière canado-américaine qui a fait deux morts. Dans sa question, il avait fait référence aux «informations médiatiques faisant état d'une attaque terroriste».

S'exprimant en français, M. Poilievre avait demandé: «Le premier ministre peut-il nous donner des informations sur cette attaque terroriste?»

Puis dans sa question en anglais, il avait déclaré: «C'est la responsabilité principale du gouvernement de protéger la population. Le premier ministre peut-il faire le point sur ce qu'il sait et quel plan d'action il mettra immédiatement en œuvre pour assurer la sécurité de notre population?»

M. Trudeau avait répondu qu'«il y avait beaucoup de questions» et que le Canada prenait la situation «extrêmement au sérieux».

Plus tôt mercredi, l'Associated Press avait publié une alerte selon laquelle le FBI enquêtait sur l'explosion.

Quelques heures après l'échange entre M. Poilievre et M. Trudeau, la gouverneure de l'État de New York, Kathy Hochul, avait déclaré qu'il n'y avait «aucune preuve à ce moment-là qu'il s'agissait d'une activité terroriste».

M. Poilievre a déclaré aux journalistes à Toronto qu'il faisait référence à un reportage de CTV. Celui-ci, diffusé mercredi après-midi, citait des sources anonymes de sécurité nationale affirmant que le Canada «opérait en supposant» que l'explosion du véhicule était «liée au terrorisme».

Alors que certains médias américains avaient rapidement lié l'explosion au terrorisme, le chef conservateur avait fait ses premières remarques à la Chambre avant que CTV ne publie son reportage, qui comprenait un message sur la plateforme X, du journaliste qui a écrit l'article à 14 h 40. M. Poilievre a posé sa première question à la Chambre à 14 h 24

Critiques

Jeudi, la leader du gouvernement à la Chambre, Karina Gould, a accusé M. Poilievre de tirer des conclusions hâtives et d'«agacer» les Canadiens.

«Au lieu de prendre du recul et de se demander ce qui se passe, de faire preuve de calme, de leadership et de rassurer les Canadiens, il a immédiatement conclu qu'il s'agissait d'une attaque terroriste sans aucune connaissance ni information à ce sujet», a-t-elle déclaré aux journalistes sur la Colline du Parlement lors d'une conférence de presse, jeudi.

Dans un courriel envoyé jeudi soir, le porte-parole de M. Poilievre, Sebastian Skamski, n'a pas abordé la question de la publication du reportage de CTV.

«Quiconque a suivi l'évolution de la situation à ce moment-là — une explosion de voiture à la frontière — a certainement pensé que le terrorisme était une possibilité très réelle, par opposition à un accident de voiture dramatique et très malheureux», a écrit M. Skamski.

Il a cité une déclaration de Mme Hochul selon laquelle la police de l'État de New York collaborait avec la Joint Terrorism Task force du FBI «pour surveiller tous les points d'entrée», ainsi qu'une déclaration d'une porte-parole de M. Trudeau selon laquelle le premier ministre avait été informé de la situation par son conseiller en matière de sécurité nationale et de renseignement. Il a déclaré que ces informations et d'autres informations diffusées par les médias suggéraient toutes que l'explosion pouvait être liée à un acte terroriste.

«Il est clair qu'il y a eu une large couverture médiatique spéculant sérieusement sur le terrorisme avant que le chef ne pose sa question mesurée et raisonnable, et suggérer que le chef était en quelque sorte irresponsable ou incendiaire est franchement malhonnête», a écrit M. Skamski.

Quant à son plan pour lutter contre la hausse des crimes haineux, M. Poilievre a déclaré aux journalistes qu'il croit en la liberté d'expression, même si ce que les gens disent est «épouvantable», car «c'est le prix à payer pour vivre dans un pays libre».

Son annonce intervient alors que des politiciens et des groupes militants juifs ont exprimé leur inquiétude quant aux chants et à la présence d'affiches lors des manifestations liées à la guerre entre Israël et le Hamas, dont ils craignent qu'ils n'incitent à la violence. Ils ont également tiré la sonnette d'alarme face à l'augmentation des messages haineux en ligne.

 

Stephanie Taylor
Stephanie Taylor / La Presse canadienne