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Justice

Poignardée à mort: la famille de Maélie Brossoit-Nogueira poursuit la DPJ pour 3M$

La famille est convaincue que sa mort violente «aurait pu être évitée» si la DPJ avait rempli ses obligations.

Maélie Brossoit-Nogueira a été tuée par sa mère en juillet 2020 à Montréal. Elle avait 6 ans.
Maélie Brossoit-Nogueira a été tuée par sa mère en juillet 2020 à Montréal. Elle avait 6 ans.
/ Noovo Info

La famille de la petite Maélie Brossoit-Nogueira, poignardée à mort par sa mère en juillet 2020, intente une poursuite de plus de 3 millions de dollars contre la DPJ du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, pour sa «négligence grossière» dans le dossier. 

Son père, Steve Augusto-Nogueira, dit conserver «la conviction sincère et inébranlable que sa fille serait encore vivante à ce jour», si la DPJ avait respecté ses obligations.

Écoutez le message touchant du père à sa fille décédée dans la vidéo ci-dessous:

 

L’enfant de 6 ans est décédée le 23 juillet 2020, après que sa mère lui eut assené 80 coups de couteau. Sa mère avait consommé plusieurs drogues dans les heures qui ont précédé le meurtre.

Stéphanie Brossoit a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire en mars et purge une peine de 10 ans de pénitencier.

La poursuite est intentée au nom du père de Maélie, Steve Augusto-Nogueira, ainsi qu’à celui de la grand-mère paternelle et de la demi-soeur de Maélie, Mary-Lou Filiatrault, qui était mineure au moment du décès. La famille allègue que la mort de la fillette «aurait pu être évitée» n’eût été de la «négligence», de l’«incurie» et l’«insouciance» de la DPJ.

Me Valérie Assouline (au centre) et la famille de Maélie Brossoit-Nogueira à l'annonce du dépôt d'une poursuite de 3M$ contre la DPJ du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, le 23 octobre 2023 à Montréal.
Me Valérie Assouline (au centre) et la famille de Maélie Brossoit-Nogueira à l'annonce du dépôt d'une poursuite de 3M$ contre la DPJ du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, le 23 octobre 2023 à Montréal.

Signalements fermés

En avril 2019 et avril 2020, la protection de la jeunesse a reçu quatre signalements en lien avec des problématiques dans le foyer maternel, notamment en raison des problèmes de consommation importants de Stéphanie Brossoit.

La DPJ avait fermé le dossier le 11 mai 2020, citant notamment la «transparence» de la mère quant à ses problèmes, ainsi que la présence de M. Nogueira dans la vie de sa fille comme facteur protégeant pour l’enfant. En agissant ainsi, les intervenants «n’ont aucunement considéré que le père n’habitait plus avec la mère et ne pouvait donc être présent auprès de Maélie au quotidien», peut-on lire dans la poursuite.

La poursuite dresse la liste des «carences flagrantes» dans le processus d’évaluation des signalements qui ont contribué, selon les demandeurs, à ce que Maélie soit «seule le soir de sa mort avec la personne qui finira par lui enlever la vie».

La poursuite affirme que le père n’a pas été averti de l’ensemble des signalements et dénonciations concernant sa fille. «Avoir su toutes les choses qui se passaient, j’aurais fait un move, mais j’ai toujours fait confiance à la mère», a déclaré Steve Augusto-Nogueira dans un point de presse de la famille pour annoncer le dépôt de la poursuite, lundi à Montréal.

Les appels à l'aide de la demi-soeur de Maélie

Au moment du décès de Maélie, la situation de sa demi-soeur était prise en charge par la DPJ. Mary-Lou Filiatrault, qui a aujourd'hui 20 ans, affirme éprouver «énormément de difficulté à comprendre pourquoi elle n’a pas été écoutée par les intervenants» de la DPJ, à qui elle aurait tenté de faire part de la gravité des problèmes de consommation de leur mère.

«J’ai tellement essayé, j’ai tellement insisté… on ne m’a juste jamais écoutée», assure-t-elle.

«Jamais je ne pourrai leur pardonner leur insouciance face à la situation de ma soeur et la mienne.»
- Mary-Lou Filiatrault, demi-soeur de Maélie Brossoit-Nogueira

Un «après-Granby»?

La famille est représentée par l’avocate montréalaise Me Valérie Assouline, qui représente également la famille de la fillette de Granby. Cette dernière avait intenté une poursuite civile de 3,7 millions de dollars contre la DPJ de l’Estrie et le Centre de services scolaire Val-de-Cerfs.

Me Assouline a d'ailleurs indiqué que «ces poursuites s’inscrivent dans une volonté d’avoir un après-Granby».

«Il faut que les choses changent», a dit l'avocate lundi.

Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal a refusé de commenter le dossier auprès de Noovo Info puisque l'affaire est portée en justice.

Avec la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info.