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Justice

Treize ans et demi de prison pour avoir tué un homme alors qu'il roulait à près de 180 km/h

Âgé de 19 ans au moment du drame, Kevin Turpin voulait mettre fin à ses jours.

Informations et reportage vidéo :
/ Noovo Info
Texte :
/ Noovo Info

Kevin Turpin écope d'une peine de prison de 13 ans et demi pour avoir tué Allen Mapfumo alors qu'il roulait à plus de 177 km/h sur le boulevard Henri-Bourassa à Montréal en décembre 2022, un geste désespéré pour mettre fin à ses jours.

Voyez le compte-rendu de Marie-Pier Boucher dans la vidéo ci-haut.

Le juge Mario Longpré de la Cour supérieure du Québec a ainsi accepté la suggestion commune de la Couronne, Me Pierre-Olivier Bolduc, et de l'avocat de Kevin Turpin, Me Kaven Morasse. En soustrayant la détention provisoire, Turpin devra purger près de 10 ans de prison.

Kevin Turpin a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide involontaire mettant ainsi fin à son procès qui devait s'amorcer lundi dernier devant jury sous une accusation de meurtre au second degré. Turpin a ainsi reconnu avoir foncé sur une voiture, le soir du 3 décembre 2022, vers 22h43, alors qu'il conduisait à 177 km/h sur le boulevard Henri-Bourassa à Montréal, soit une zone de 50 km/h, et qu'il voulait à ce moment mettre fin à ses jours. Il était alors âgé de 19 ans.

La voiture de la victime, Allen Mpafumo, âgé de 38 ans, était alors immobilisée à un feu rouge. M. Mapfumo, du Zimbabwe, s’était installé au Québec pour payer notamment les études de son fils. Il conduisait pour Uber le soir du drame. 

Violence de l'explosion

Le juge Longpré soulève plusieurs facteurs aggravants pour expliquer l'imposition de la peine dont la gravité de l'impact, «comme si une bombe avait été larguée», a-t-il dit.

Le juge a aussi souligné le risque engendré pour tous les usagers de la route, que ce soit les automobilistes, les cyclistes ou les piétons. «C’est uniquement par chance qu’il n’y a eu qu’une seule personne qui soit décédée», écrit-il dans son jugement.

Le Tribunal retient aussi comme facteur aggravant les conséquences importantes sur la vie des membres de la famille de la victime.

Nicole Gibeault, juge à la retraite et collaboratrice judiciaire de Noovo Info, est d’accord avec la décision du juge dans le dossier. Elle souligne également que la détresse de l’accusé ne justifie pas son geste. «Ce n’est pas une défense», a-t-elle expliqué en entrevue avec Noovo Info.

«C’est une tragédie humaine. […] C’est une bombe qui a éclaté», ajoute Mme Gibeault.

Voyez son entrevue:

Détresse psychologique et remords

Du côté des facteurs atténuants, le juge Longpré note le plaidoyer de culpabilité de l’accusé, l’absence d’antécédents judiciaires, le jeune âge de l’accusé et les remords exprimés.

«Le tribunal considère aussi que l’accusé vivait une détresse psychologique au moment de l’événement tragique, ce qui tend à diminuer le degré de sa responsabilité morale», écrit-il également dans son jugement soulignant aussi la pertinence des perspectives de réhabilitation.

L'avocat de Turpin, Me Kaven Morasse, a confirmé mercredi après le dévoilement de la sentence que son client était «rempli de remords».

«C’est évidemment une situation qui est une grande tragédie humaine, […] les conséquences de ce geste. Au moment des faits [Turpin] était dans une grande détresse psychologique et en crise suicidaire et je pense que c’est un dossier qui rappelle bien l’importance d’aller de l’aide lorsqu’on est en souffrance comme ça, en détresse, il y a des ressources qui existent», a-t-il exprimé à sa sortie du tribunal ajoutant que son client était allé cherché de l'aide depuis son incarcération.

Concernant son état suicidaire, Turpin a effectivement fait des confidences à des collègues sur son état de santé mental dans les heures précédant le drame. Selon les documents du tribunal, il mentionne, entre autres,  qu’il «ne va pas trop bien», qu’il est à bout, qu’il voulait mettre fin à sa vie et «[…] juste prendre [son char] et foncer sur Gouin».

Les documents mentionnent aussi que dans l'ambulance, après l'accident, «l’accusé est en pleurs et crie de douleur». «Bien qu’en réalité il n'y ait qu’une seule personne qui soit décédée, il mentionne «J’espère que les deux personnes sont correctes. Je ne voulais pas les tuer, je voulais juste me tuer moé (sic).»

Si vous êtes en crise ou si vous connaissez quelqu'un qui l'est, voici quelques ressources disponibles :
- Les résidants du Québec peuvent composer le 1-866-277-3553, envoyer un message texte au 535353, ou consulter la page suicide.ca;
- Ligne de prévention du suicide au Canada (1-833-456-4566);
- Centre de toxicomanie et de santé mentale (1 800 463-2338);
- Services de crise Canada (1-833-456-4566 ou par SMS au 45645);
- Jeunesse, J'écoute (1-800-668-6868).
Si vous avez besoin d'une assistance immédiate, appelez le 911 ou rendez-vous à l'hôpital le plus proche.

Informations et reportage vidéo :
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Texte :
/ Noovo Info