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Le gouvernement Trudeau écarte finalement l'option d'accorder une exemption «générale» à l'exigence de bilinguisme à ses employés qui parlent une langue autochtone, mais qui ne maîtrisent pas l’anglais ou le français.
Le gouvernement Trudeau écarte finalement l'option d'accorder une exemption «générale» à l'exigence de bilinguisme à ses employés qui parlent une langue autochtone, mais qui ne maîtrisent pas l’anglais ou le français, et laisse entendre que cela pourrait se faire au cas par cas.
Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne, le cabinet de la présidente du Conseil du Trésor du Canada, Mona Fortier, indique qu'«une exemption générale des exigences en matière de langues officielles ne fait pas partie des options présentement envisagées» et que le gouvernement ne changera «jamais» le «principe fondamental du bilinguisme» de la fonction publique fédérale.
«Le gouvernement du Canada est résolu à s’assurer que les fonctionnaires fédéraux rencontrent les exigences linguistiques de leur poste, qu’ils puissent travailler dans la langue de leur choix dans les régions désignées et qu’ils fournissent des services gouvernementaux aux Canadiens et Canadiennes dans les deux langues officielles, tel que requis par la Loi sur les langues officielles», ajoute le bureau de la ministre.
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Une source gouvernementale a expliqué jeudi à La Presse Canadienne que le gouvernement envisage d'encourager un recours plus fréquent aux «nominations non impératives». Cela signifie qu'un poste désigné bilingue peut être pourvu par une personne qui ne maîtrise pas les deux langues officielles, mais qui s'engage à le faire par l'entremise de formation linguistique aux frais de l'État.
Jusqu'à présent, Mme Fortier soufflait le chaud et le froid sur le sujet après que La Presse Canadienne a révélé dimanche que des hauts fonctionnaires envisagent d'offrir une exemption pour des postes où le bilinguisme est obligatoire aux candidats qui parlent une langue autochtone et qui ont une connaissance suffisante d'une des langues officielles.
Le Secrétariat du Conseil du trésor avait expliqué mardi qu'il serait «prématuré» de prendre position alors qu'un exercice est en cours pour élaborer des politiques pour s'attaquer aux «obstacles linguistiques à l’emploi, à la rétention et à l’avancement professionnel des Autochtones» au sein de la fonction publique fédérale et d'«encourager un environnement de travail plus inclusif».
Pour le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, les hésitations d'Ottawa dans les derniers jours démontrent qu'il fait preuve d'«improvisation» alors qu'il faut du «leadership» pour protéger une langue en déclin qui est «barouettée de tous bords, tous côtés par le gouvernement actuel».
M. Godin a souligné que pas plus loin que mercredi des données publiées par Statistique Canada ont à nouveau confirmé que le français poursuit son déclin au Québec et dans le reste du pays. «On n'est pas capable de protéger l'une des deux langues officielles, alors ne nous éparpillons pas sur d'autres situations linguistiques», a-t-il lancé en entrevue.
Quant à l'idée de recourir davantage aux nominations non impératives, M. Godin a indiqué qu'il prend lui-même des cours pour apprendre l'anglais de façon «régulière et rigoureuse» depuis son élection comme député fédéral. «Je ne suis pas bilingue après six ans, a-t-il dit. Alors je ne crois pas que l'on peut devenir bilingue: français, anglais, à court terme.»
Au Bloc québécois aussi, on estime que le gouvernement Trudeau «n'aurait jamais dû tergiverser» sur la question. «Il n'y a pas de compromis à faire sur les postes où l'on exige le français», a résumé son porte-parole en matière de langues officielles, Mario Beaulieu.
M. Beaulieu, qui insiste être est en faveur de la promotion des langues autochtones, estime que les nominations non impératives ne doivent pas servir à «tasser» le français, «la seule langue officielle minoritaire».
Il a cependant dit croire qu'Ottawa devrait améliorer l'offre de cours de français destinée aux membres des Premières Nations qui souhaitent devenir bilingues.
La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a décliné une demande d'entrevue, mais a transmis une déclaration dans laquelle sa présidente, Liane Roy, écrit que l'organisation a pour «priorité» de trouver avec les Autochtones des façons de «rendre nos langues complémentaires» parce que «si elles sont mises en opposition, c'est l'hégémonie de l'anglais qui en sort gagnante».
Or, insiste Mme Roy, les exigences de bilinguisme pour les employés de la fonction publique nécessitent des gestionnaires qui sont en mesure de parler le français et l'anglais afin d'offrir des services au public et de permettre aux fonctionnaires de travailler dans la langue officielle de leur choix.
Ottawa doit «certainement» s'attarder à accroître la présence des Autochtones et de leurs langues dans la fonction publique, mais cela doit se faire «dans le respect des cadres légaux existants», ajoute-t-elle.
Au moment de publier, des demandes d'entrevue à la ministre Fortier et à l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador étaient restées lettre morte.