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Des représentants de Premières Nations ont dénoncé l'inaction du Québec quant à la mise en œuvre des droits autochtones lors de la 24e session de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones (UNPFII), qui se déroule cette semaine au siège social de l'ONU à New York.
Lundi après-midi, l’ancien chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, a pris la parole au siège de l’ONU pour dénoncer «l'absence de respect par le Québec de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUPDA)» dans le dossier, notamment, du caribou.
L'ancien chef de l’APNQL s'exprimait au nom de la nation innue lors d'un événement parallèle à la 24e session de l’UNPFII.
«Malgré l'adoption de la DNUPDA par le Canada, nos communautés doivent continuellement se battre pour faire valoir ce que la déclaration reconnaît déjà clairement, notre droit inhérent à l'autodétermination, à la protection de nos territoires, ainsi qu'à l'obligation d'être consultés, écoutés et respectés. Devant les tribunaux, les représentants du gouvernement (du Québec) nient même l'application directe de la DNUPDA en droit canadien», a-t-il dit.
Lors de cette intervention diffusée sur la plateforme onusienne UN Web TV, M. Picard a également accusé l'État québécois d'alimenter «une confrontation judiciaire permanente» avec les Innus et déploré que «ce recours systématique aux tribunaux épuise nos communautés, détourne notre énergie, nos ressources humaines et financières».
«Pendant que nous nous battons devant les tribunaux, des projets de développement voient le jour et des décisions irréversibles sont prises ayant des impacts et causant des préjudices sur nos droits ancestraux», a ajouté l'ancien chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, en soulignant que le déclin des caribous est causé, selon lui, par l’exploitation forestière et l'inaction du gouvernement.
«La Nation innue demande à l'ONU de prendre des actions afin d'assurer le respect et la pleine application de la DNUPDA par le Canada et ses provinces», a conclu Ghislain Picard lors de sa présentation au siège de l'ONU.
Avant de prononcer son discours, Ghislain Picard a été présenté à la tribune onusienne par son remplaçant à la tête de l’APNQL, Francis Verreault-Paul.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le chef nouvellement élu a expliqué que le Québec devrait suivre l’exemple de la Colombie-Britannique, qui a adopté une loi portant sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
«Cette province a mis en place un secrétariat de la DNUDPA qui est en charge, en quelque sorte, de s'assurer que tout projet de loi de leur assemblée nationale respecte la DNUDPA. Bien sûr, ça apporte son lot de travail. Mais il reste que c'est un exemple positif pour l'ensemble de nos nations et je pense que c'est un exemple à suivre.»
Pour le chef Francis Verreault-Paul, originaire de Mashteuiatsh, l’adoption de la Loi sur la DNUDPA par Ottawa, en 2021, est «une avancée importante», mais plusieurs défis demeurent à relever, car il faut notamment «harmoniser cette loi avec les juridictions provinciales» et territoriales.
«J’aime utiliser le terme de "réconciliation législative"», a expliqué le jeune chef.
L’ancien hockeyeur professionnel de 37 ans, qui a une maîtrise en administration des affaires, est l’un des principaux intervenants de la mission de trois jours d’une délégation de chefs, d’élus et de représentants des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Lors de l'événement parallèle à la 24e session de UNPFII, lundi, une poignée de chefs du Québec ont pris la parole.
Les thèmes suivants étaient au menu de cet événement: «la réforme du régime forestier au Québec, analysée dans un contexte de dépossession territoriale des Premiers Peuples», la «notion de consentement libre, préalable et éclairé dans le cadre du projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Chalk River» et «le recours constant de la Nation innue aux tribunaux pour faire valoir ses droits fondamentaux, notamment en lien avec la protection du caribou».
Lundi avant midi, quelques heures avant de prendre la parole devant des délégués internationaux, le chef de l'APNQL, Francis Verreault-Paul, se sentait «très fébrile».
«Ghislain Picard a été à la tête de l’APNQL pendant plus de 30 ans, alors c’est un gros changement pour tout le monde», mais «les chefs m’ont apporté leur support et je le réalise cette semaine à l’ONU, c'est spécial d'être ici et c’est une opportunité pour se mobiliser et regarder vers le futur», a expliqué à La Presse Canadienne celui qui a été élu à la tête de l’APNQL en février dernier.
Cette mission «vise à porter un message clair sur la scène internationale», selon un communiqué de presse publié par les représentants autochtones: «les gouvernements du Québec et du Canada doivent aller au-delà des paroles et mettre pleinement en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA)».