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Société

«On ne laissera pas faire ça»: le syndicat des employés de TVA veut «sauver des jobs»

Dans la crise, le SCFP affirme qu’il va analyser la teneur légale de la décision de Québecor et de son président-directeur général, Pierre Karl Péladeau, de mettre à pied 547 employés du Groupe TVA.

Depuis l’annonce de la mise à pied de 547 employés du Groupe TVA, le téléphone de la branche du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) sonne sans relâche.

«C’est des drames humains, ce que je vis depuis deux jours», a témoigné Me Steve Bargoné, conseiller syndical des employés de TVA, dans un entretien avec Noovo Info, vendredi. «C’est des gens qui pleurent, qui n’avaient pas imaginé perdre leur travail.»

Dans la crise, le SCFP affirme qu’il va analyser la teneur légale de la décision de Québecor et de son président-directeur général, Pierre Karl Péladeau. «On ne laissera pas faire ça. On ne baissera pas les bras», dit Me Bargoné, qui qualifie la journée «extrêmement sombre» de jeudi, jour de l’annonce de M. Péladeau, de «tsunami».

Voyez le reportage de Juliette Poireau sur ce sujet dans la vidéo de cet article.

«L’idée, c’est sauver le plus de jobs possibles dans l’exercice», explique l’avocat. «Je vais m’assurer que toutes les protections qui sont prévues pour les salariés sont respectées.»

 

Selon Me Bargoné, des clauses de la convention collective ne sont pas respectées dans la restructuration majeure qui, avec la suppression de 31% des effectifs du Groupe TVA, entraîne la fin de la production du contenu de divertissement à l’interne et la centralisation de la diffusion des nouvelles régionales à Québec.

«On nous dit clairement: "On ne fera plus de production à l’interne et toute la production des émissions sera maintenant faite et réalisée par des producteurs indépendants." Ça, c’est de dire que les emplois qu’on avait, c’est envoyé en sous-traitance. C’est interdit très clairement dans la convention collective», prévient Me Bargoné.

«Le modèle TVA, c’est d’être sur le terrain partout, avec des chefs d’antenne connus dans leur région…», ajoute le conseiller syndical au sujet des coupes dans les stations régionales. «Quand on me dit qu’on fait ça pour sauver TVA, je pense que le modèle qu’on propose n’y correspond pas.»

Pourtant, Me Bargoné assure que sa branche syndicale comprend les enjeux du milieu médiatique, qui souffre de la transformation de son écosystème depuis des années, mais dit tendre la main depuis tout ce temps à la partie patronale pour participer à la solution.

«On n’a jamais été approchés», assure-t-il, relatant au passage que les employés de TVA n’ont reçu une convocation que quelques minutes avant d’apprendre de M. Péladeau la vague des mises à pied.

«Je suis convaincu qu’entre zéro et 547 mises à pied, il y a de l’espace pour trouver des solutions viables.»
- Me Steve Bargoné, représentant syndical des employés de TVA

Ceci dit, du côté de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), on «comprend» la décision de Québecor, qui est en opération pour réduire les coûts, car à l'heure actuelle, les revenus de la télétraditionnelle périclitent à vue d'oeil et les géants du web accaparent 80% des revenus publicitaires numériques au Canada. 

N'empêche que la vague de coupures chez TVA est une «immense surprise décevante». «On savait qu’il y avait une possibilité d’’une annonce chez TVA, mais jamais de cette ampleur», s'est désolé Éric-Pierre Champagne, vice-président de la FPJQ, auprès de Noovo Info. Pour les nouvelles locales, «à moyen terme, ça peut avoir des effets délétères».

L'éléphant TVA Sports

Quoi qu'il en soit, le SCFP dit donc avoir jusqu’au 22 février pour trouver des solutions, car c’est à cette date que viendra à échéance le préavis de 16 semaines donné par le Groupe TVA dans sa restructuration. «Encore faut-il qu’on retourne mes appels», ironise Me Bargoné, qui ne manque pas de dénoncer les décisions qui concernent TVA Sports, chaîne spécialisée plus ou moins épargnée par les coupes.

«M. Péladeau est attaché avec un contrat de la Ligue nationale et ne peut pas faire grand-chose avec TVA Sports, qui perd beaucoup de sous depuis le début», note le conseiller syndical.

«C’est un choix, il avait un bluff, il est allé all-in et ça n’a pas marché. Maintenant, on a l’impression qu’on est en train de dilapider TVA pour des décisions qui n’ont rien à voir avec nous.»

St-Onge réagit

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, qui est notamment responsable de l'application de la loi C-18 censée forcer les «géants du web» à indemniser les médias pour le partage de nouvelles sur leurs plateformes, a réagi vendredi à l'annonce de TVA.

«C'est une dure nouvelle pour l'industrie. Ces dix dernières années, on a constaté que les géants du Web ont déstabilisé le secteur des médias d'information et le secteur culturel», a déclaré la ministre via une publication relayée sur X.

«Notre gouvernement reste convaincu de la nécessité d'avancer avec la mise en oeuvre des lois sur la diffusion continue en ligne et les nouvelles en ligne afin de créer un environnement favorable à la viabilité des médias d'information et du secteur de l'audiovisuel.»

Avec des informations d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.