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L'Ukraine a accusé les forces russes d'avoir fait exploser le barrage et la centrale hydroélectrique de Kakhovka, sur le fleuve Dniepr, tandis que les autorités russes ont blâmé les frappes militaires ukrainiennes dans la zone contestée.
Le mur d'un important barrage dans une région du sud de l'Ukraine contrôlée par Moscou s'est effondré mardi, provoquant des inondations, mettant en danger la plus grande centrale nucléaire d'Europe et menaçant l'approvisionnement en eau potable, alors que les deux parties en guerre se précipitent pour évacuer les résidents et se rejettent mutuellement la responsabilité de la situation d'urgence.
L'Ukraine a accusé les forces russes d'avoir fait exploser le barrage et la centrale hydroélectrique de Kakhovka, sur le fleuve Dniepr, tandis que les autorités russes ont blâmé les frappes militaires ukrainiennes dans la zone contestée. Il n'a pas été possible de vérifier ces affirmations.
Les conséquences environnementales et sociales potentiellement considérables de la catastrophe sont rapidement apparues au grand jour : des maisons, des rues et des entreprises ont été inondées en aval et les équipes d'urgence ont commencé à évacuer; des responsables se sont empressés de vérifier les systèmes de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijjia; et les autorités ont exprimé leur inquiétude quant à l'approvisionnement en eau potable dans le sud de la Crimée, que la Russie a illégalement annexée en 2014.
Il n'a pas été possible de déterminer immédiatement si l'une ou l'autre partie bénéficie des dommages causés au barrage, étant donné que les terres contrôlées par la Russie et celles détenues par l'Ukraine risquent d'être inondées. Les dégâts pourraient également entraver la contre-offensive de l'Ukraine dans le sud et distraire son gouvernement, alors qu'au même moment, la Russie dépend du barrage pour approvisionner la Crimée en eau.
Patricia Lewis, la directrice du programme de sécurité internationale du groupe de réflexion Chatham House à Londres, a estimé qu'il était difficile d'attribuer les responsabilités, mais qu'il existait «toutes sortes de raisons pour lesquelles la Russie aurait agi de la sorte».
«Il y a eu des rapports (à l'automne dernier) indiquant que les Russes avaient miné le réservoir. La question que nous devrions poser est de savoir pourquoi les Ukrainiens s'infligeraient une telle chose, étant donné qu'il s'agit d'un territoire ukrainien», a-t-elle analysé.
Des experts ont déjà prévenu que la structure du barrage était en mauvais état. David Helms, un scientifique américain à la retraite qui surveille le réservoir depuis le début de la guerre, a écrit dans un courriel qu'il n'était pas clair si les dommages étaient délibérés ou s'il s'agissait d'une simple négligence de la part des forces russes qui occupaient l'installation.
M. Helms a toutefois réservé son jugement, rappelant que les Russes ont l'habitude d'attaquer les barrages.
Face à l'indignation des autorités, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué qu'il avait convoqué une réunion urgente du Conseil national de sécurité. Il a affirmé que les forces russes avaient déclenché une explosion à l'intérieur de la structure du barrage à 2h50, heure locale, et ajouté que quelque 80 localités étaient en danger.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a quant à lui déclaré qu'il s'agissait d'un «acte délibéré de sabotage de la part de l'Ukraine [...] visant à couper l'approvisionnement en eau de la Crimée».
Les deux parties ont mis en garde contre une catastrophe écologique imminente. Le bureau présidentiel ukrainien a déclaré qu'environ 150 tonnes de pétrole s'étaient échappées des machines du barrage et que 300 tonnes supplémentaires pourraient encore s'écouler.
L'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom a prévenu dans un communiqué sur Telegram que les dommages causés au barrage «pourraient avoir des conséquences négatives» pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui est la plus grande d'Europe, mais a écrit que pour l'instant, la situation est «contrôlable».
L'Agence internationale de l'énergie atomique des Nations unies a dit dans un communiqué qu'il n'y avait «aucun risque immédiat pour la sécurité de la centrale», qui a besoin d'eau pour son système de refroidissement.
Le personnel de l'AIEA sur place a été informé que le niveau du barrage baissait de 5 centimètres par heure. À ce rythme, l'approvisionnement à partir du réservoir devrait durer quelques jours.
La centrale dispose également d'autres sources d'eau, notamment d'un grand bassin de refroidissement qui peut fournir de l'eau «pendant quelques mois», selon le communiqué.
Le World Data Center for Geoinformatics and Sustainable Development, une organisation non gouvernementale ukrainienne, a estimé que près de 100 villages et villes seraient inondés. Le groupe a également estimé que le niveau de l'eau ne commencerait à baisser qu'au bout de cinq à sept jours.
Des vidéos mises en ligne ont commencé à témoigner du débordement. L'une d'elles montrait les eaux de crue inondant une longue route; une autre montrait un castor se précipitant vers un terrain élevé pour échapper à la montée des eaux.