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«Notre objectif n’est pas d’admettre le plus de professionnelles possible, mais des professionnelles aptes, c’est-à-dire capables de prodiguer les bons soins au bon moment et de la bonne manière», a rappelé le président de l'OIIQ.
Dans la foulée de la controverse entourant le taux d'échec à son examen, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a annoncé jeudi qu'il changerait de modalité d'évaluation.
Pour la suite des choses, l’OIIQ souhaite recourir à l’examen du National Council of State Boards of Nursing (NCLEX) comme comme outil d’admission à la profession d’infirmière dès le début de 2024. Cet examen, qui a vu le jour en 1994, est utilisé par tous les organismes réglementaires aux États-Unis et au Canada et a été soumis par plus de 6 millions de personnes. Une demande pour en faire le nouvel examen d’entrée sera déposée à l’Office des professions dans les prochains jours, a indiqué Luc Mathieu.
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En attendant l'adoption de ce nouvel examen, l’Ordre verra à améliorer l’examen existant en mettant en application certaines des recommandations avancées par le commissaire à l'admission aux professions dans son deuxième rapport d'étape de son enquête sur le fiasco de l'examen de l'OIIQ à l'automne 2022.
Concernant les conclusions de ce rapport, le président de l'OIIQ a estimé que le commissaire André Gariépy n'avait pas évalué les modalités d'admission à l'examen avec la même perspective que l'Ordre. «Pendant que le commissaire à l’admission porte une attention sur les risques de préjudice pour les candidates et les candidats à la profession, nous portons surtout notre attention sur les préjudices pour la population tout en étant soucieux de traiter les candidats avec justice et équité», a déclaré M. Mathieu.
Le président a poursuivi en indiquant que l'examen visait à déterminer que les infirmières novices soient aptes à exercer et capables d’intervenir adéquatement ou si elles pouvaient mettre à risque la santé des patients. Il a aussi relevé que les infirmières étaient de plus en plus appelées à intervenir seules en début de carrière, alors qu’elles sont encore inexpérimentées.
Il a toutefois tenu à rappeler que l’objectif de l'examen n'est pas de piéger les candidates, mais de mesurer le niveau de connaissance de celles-ci. «Nous avons trop de respect pour nos membres et pour les personnes engagées dans le processus d’admission à la profession pour agir de la sorte. Prétendre le contraire est hautement regrettable», a-t-il martelé.
Luc Mathieu a affirmé que l'OIIQ n'avait pas attendu d'obtenir les conclusions du rapport du commissaire à l'admission aux professions avant d'agir. Il a indiqué que dès septembre dernier, un processus d'analyse rigoureux avait été mis en place en collaboration avec des experts des milieux cliniques et de l'enseignement. À la suite de ces travaux, l'Ordre en est également vu à la conclusion que l'examen devait être revu.
«L’écart entre le niveau de connaissance mesuré par l’examen et les situations réelles auxquelles les candidates sont confrontées dans la pratique se creuse d’année en année», a-t-il relevé.
Une nouvelle analyse des résultats de l'examen de septembre a d'ailleurs démontré une discordance entre les avis des professionnels du milieu de l'enseignement et du milieu clinique. Ces derniers étaient d'avis que la note de passage devait être de 10% plus élevée que celle proposée par leurs collègues.
«En établissant une note de passage une note de passage tenant compte de la perspective des infirmiers du milieu clinique, comme le recommande le commissaire, nous en sommes arrivés à un taux de réussite encore plus bas que celui établi immédiatement après l’examen de septembre», a soulevé M. Mathieu.
En d'autres mots, le fait d’appliquer la recommandation du commissaire comme suggéré mènerait encore plus de candidats en échec, selon M. Mathieu.
Rappelons que des centaines de candidates à la profession infirmière auraient été privées de leur droit de pratique parce que leur ordre professionnel les aurait fait échouer artificiellement l'examen.
Le commissaire André Gariépy affirme qu'«en raison d'enjeux de confiance» dans son propre examen, l'OIIQ aurait décidé, en 2021, «de hausser systématiquement la note de passage au-delà de la note établie par la méthode convenue».
Cette hausse que Me Gariépy juge non justifier aurait fait basculer en échec quelque 500 candidates à l'examen de septembre 2022. Or, ces aspirantes infirmières ont été privées de leur droit de pratique sans que l'ordre puisse véritablement juger de leur compétence. «C'est autant de futures infirmières qui auraient pu avoir leur permis d'exercice à l'automne 2022 et contribuer au réseau de la santé», assène-t-il dans son rapport.
La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, avait réagi sur Twitter en qualifiant les enjeux soulevés par le rapport de «préoccupants». «Je m’attends à ce que l’Ordre (…) mette rapidement en application la recommandation concernant le recalcul de la note de passage. On ne peut se priver d’infirmières qualifiées sur le terrain», a-t-elle ajouté.
Examen OIIQ: Les enjeux soulevés dans le rapport du Commissaire sont préoccupants. Je m’attends à ce que l’Ordre des inf. mette rapidement en application la recommandation concernant le recalcul de la note de passage. On ne peut se priver d’infirmières qualifiées sur le terrain.
— Sonia LeBel (@slebel19) May 9, 2023
Par voie de communiqué, l'OIIQ avait dit «prendre acte» du nouveau rapport et s'accorder quelques jours pour en analyser le contenu avant de réagir.
En septembre 2022, seulement 51,4% des candidates ayant tenté leur chance pour la première fois ont obtenu la note de passage de 55% à l’examen d'accès à la profession infirmière. En incluant les candidates qui avaient déjà échoué dans le passé, le taux de réussite général chutait à 45,4%.
Depuis 2018, le taux de réussite au premier essai de l’examen de l’OIIQ se situait entre 71% et 96%.
Avec des informations d'Ugo Giguère, La Presse canadienne.