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Mais des experts croient qu'il serait surprenant qu'un tel scénario se produise.
Un dicton populaire dans les cercles du Vatican dit que si vous «entrez dans un conclave en tant que pape, vous en sortez en tant que cardinal».
Cela signifie que le processus sacré et secret n'est pas un concours de popularité ou une campagne, mais plutôt l'élection divinement inspirée du vicaire du Christ sur Terre par les princes de l'Église.
Cependant, il y a toujours des candidats de premier plan, appelés «papabile», qui possèdent au moins quelques-unes des qualités considérées comme nécessaires pour être pape, comme ceux décrits dans le film «Conclave», nommé aux Oscars l'année dernière.
Tout homme catholique baptisé est éligible, bien que seuls des cardinaux aient été sélectionnés depuis 1378. Le vainqueur doit obtenir au moins deux tiers des voix des cardinaux âgés de moins de 80 ans et donc éligibles. Le pape François, décédé lundi, a nommé la grande majorité des électeurs, en choisissant souvent des hommes qui partagent ses priorités pastorales, ce qui suggère une continuité plutôt qu'une rupture.
Toute personne essayant d'évaluer le résultat devrait se rappeler que Jorge Mario Bergoglio a été considéré comme trop vieux pour être élu pape en 2013, à l'âge de 76 ans, et que Karol Wojtyla ne figurait sur aucune liste de candidats avant le conclave de 1978 qui l'a élu pape sous le nom de Jean-Paul II.
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Le Québécois Marc Ouellet, 80 ans, a dirigé l'influent bureau des évêques du Vatican pendant plus d'une décennie, supervisant le principal centre d'information pour les candidats potentiels à la tête des diocèses du monde entier. François a maintenu le cardinal Ouellet à son poste jusqu'en 2023, bien qu'il a été nommé par le pape Benoît XVI et qu'il a ainsi contribué à sélectionner les évêques les plus doctrinaires préférés du pontife allemand. Considéré comme plus conservateur que François, le cardinal Ouellet a néanmoins sélectionné des évêques à l'esprit pastoral pour refléter la conviction de François selon laquelle les évêques doivent «avoir la même odeur que les brebis» de leur troupeau.
Des experts croient toutefois qu'il serait surprenant qu'un tel scénario se produise.
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Le cardinal Ouellet a défendu le célibat sacerdotal pour l'Église de rite latin et a maintenu l'interdiction de l'ordination des femmes, mais a demandé que les femmes aient un rôle plus important dans la gouvernance de l'Église. Il a de bons contacts avec l'Église latino-américaine, ayant dirigé la Commission pontificale du Vatican pour l'Amérique latine pendant plus d'une décennie. Depuis 2019, son bureau est chargé d'enquêter sur les évêques accusés d'avoir couvert des prêtres prédateurs, une tâche qui ne lui aurait pas fait d'amis parmi les personnes sanctionnées, mais qui lui aurait également permis d'obtenir de nombreuses informations confidentielles, voire compromettantes, sur d'autres cardinaux.
Le pape François a accepté la démission présentée par le cardinal Ouellet pour les postes de préfet du Dicastère pour les évêques et de président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine en janvier 2023. À l’âge de 78 ans, Marc Ouellet a dépassé de trois ans l'âge normal de la retraite des évêques et auprès des observateurs du Vatican, son départ faisait l'objet de rumeurs depuis des mois.
Mgr Ouellet a été impliqué dans des allégations d'inconduite découlant de son mandat d'archevêque de Québec, ce qu'il a fermement démenti. Après que le Vatican a classé l'affaire contre lui sans motifs jugés suffisants, le cardinal a poursuivi son accusatrice devant un tribunal civil pour diffamation. Le cardinal Ouellet a nié les allégations d'inconduite sexuelle qui ont été formulées contre lui par une deuxième femme qui l'accusait d'avoir commis des gestes répréhensibles à son endroit.
Après sa démission, l'homme d'Église a cependant continué d'assurer «le suivi et l'implantation des travaux menés à Rome dans le cadre du symposium international portant sur le sacerdoce», un mandat qui lui tient particulièrement à cœur.
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Erdo, 72 ans, archevêque de Budapest et primat de Hongrie, a été élu à deux reprises à la tête du Conseil des conférences épiscopales d'Europe, en 2005 et 2011, ce qui suggère qu'il jouit de l'estime des cardinaux européens qui constituent le plus grand bloc d'électeurs. À ce titre, le cardinal Erdo a fait la connaissance de nombreux cardinaux africains, car le conseil organise régulièrement des sessions avec les conférences épiscopales africaines. Le cardinal Erdo a été encore plus exposé lorsqu'il a aidé à organiser les réunions de François au Vatican en 2014 et 2015 sur la famille et qu'il a prononcé des discours clés, ainsi que lors des visites papales à Budapest en 2021 et 2023.
Marx, 71 ans, archevêque de Munich et Freising, a été choisi par François comme conseiller principal en 2013. le cardinal Marx a ensuite été nommé à la tête du conseil chargé de superviser les finances du Vatican pendant les réformes et le resserrement des cordons de la bourse. L'ancien président de la conférence épiscopale allemande a été un fervent partisan du processus de dialogue controversé de la «voie synodale» dans l'Église allemande, qui a débuté en 2020 en réponse au scandale des abus sexuels commis par le clergé dans ce pays.
En conséquence, il est considéré avec scepticisme par les conservateurs qui considèrent le processus comme une menace pour l'unité de l'Église, étant donné qu'il implique des débats sur des questions telles que le célibat, l'homosexualité et l'ordination des femmes. Le cardinal Marx a fait les gros titres en 2021 lorsqu'il a proposé de manière spectaculaire de démissionner de son poste d'archevêque pour expier les terribles abus commis par l'Église allemande, mais François a rapidement rejeté sa démission et lui a demandé de rester.
Parolin, 70 ans, originaire d'Italie, est le secrétaire d'État de François depuis 2014 et est considéré comme l'un des principaux prétendants au titre de pape, compte tenu de son importance dans la hiérarchie catholique. Ce diplomate chevronné a supervisé l'accord controversé du Saint-Siège avec la Chine sur les nominations d'évêques et a été impliqué ― mais pas inculpé ― dans l'investissement bâclé du Vatican dans une entreprise immobilière londonienne qui a conduit au procès en 2021 d'un autre cardinal et de neuf autres personnes.
Ancien ambassadeur au Venezuela, le cardinal Parolin connaît bien l'Église latino-américaine. Il serait perçu comme quelqu'un qui poursuivrait la tradition de François, mais comme un initié diplomatique plus sobre et plus timide, ramenant un Italien à la papauté après trois étrangers successifs : Jean-Paul II (Pologne), Benoît (Allemagne) et François (Argentine). Mais si le cardinal Parolin a géré la bureaucratie du Vatican, il n'a pas de véritable expérience pastorale. Ses liens avec le scandale de Londres, dans lequel son bureau a perdu des dizaines de millions de dollars à cause de mauvaises affaires et d'hommes d'affaires véreux, pourraient jouer en sa défaveur.
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L'idée d'un pape américain a longtemps été taboue, compte tenu de la puissance géopolitique déjà exercée par les États-Unis. Mais le cardinal Prevost, 69 ans, originaire de Chicago, pourrait être une première. Il a une grande expérience du Pérou, d'abord en tant que missionnaire puis en tant qu'archevêque, et il est actuellement préfet du puissant dicastère du Vatican pour les évêques, chargé d'examiner les candidatures pour les évêques du monde entier. François avait manifestement un œil sur lui depuis des années et l'a envoyé diriger le diocèse de Chiclayo, au Pérou, en 2014. Il a occupé ce poste jusqu'en 2023, date à laquelle François l'a fait venir à Rome pour son rôle actuel.
Mgr Prevost est également président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, une fonction qui lui permet d'être en contact régulier avec la hiérarchie catholique dans la partie du monde qui compte encore le plus grand nombre de catholiques. Outre sa nationalité, la relative jeunesse du cardinal Prevost pourrait jouer en sa défaveur si ses frères cardinaux ne veulent pas s'engager auprès d'un pape qui pourrait régner pendant encore deux décennies.
Sarah, 79 ans, de Guinée, chef à la retraite du bureau de la liturgie du Vatican, a longtemps été considéré comme le meilleur espoir d'un pape africain. Aimé des conservateurs, il marquerait un retour aux papautés doctrinaires et liturgiques de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Sarah, qui avait auparavant dirigé le bureau de charité du Vatican Cor Unum, s'est heurté à plusieurs reprises à François, notamment lorsque ce dernier et Benoît ont cosigné un livre prônant la «nécessité» de maintenir le célibat pour les prêtres de rite latin. Ce livre a été publié au moment où François se demandait s'il fallait autoriser les prêtres mariés en Amazonie pour remédier à la pénurie de prêtres dans cette région. L'implication était que Sarah avait manipulé Benoît pour qu'il prête son nom et son autorité morale à un livre qui avait toutes les apparences d'être un contrepoids à l'enseignement de François. François a renvoyé le secrétaire de Benoît et, quelques mois plus tard, a mis Sarah à la retraite après avoir atteint l'âge de 75 ans. Même les partisans de Sarah ont déploré que cet épisode ait nui à ses chances de devenir pape.
Schoenborn, 80 ans, archevêque de Vienne en Autriche, a été l'élève de Benoît XVI et semble donc, sur papier, avoir les compétences académiques doctrinaires nécessaires pour plaire aux conservateurs. Cependant, il a été associé à l'une des initiatives les plus controversées de François en défendant son ouverture aux catholiques divorcés et remariés civilement comme un «développement organique de la doctrine», et non comme une rupture, comme l'ont prétendu certains conservateurs. Les parents du cardinal Schoenborn ont divorcé lorsqu'il était adolescent, la question est donc personnelle.
Il s'est également attiré les foudres du Vatican lorsqu'il a critiqué son refus de sanctionner les auteurs d'abus sexuels de haut rang, y compris son prédécesseur en tant qu'archevêque de Vienne. Le cardinal Schoenborn a exprimé son soutien aux unions civiles et à l'accession des femmes au rang de diacres. Il a contribué à la rédaction de la mise à jour de 1992 du Catéchisme de l'Église catholique, le manuel d'enseignement de l'Église dont Benoît XVI avait été le fer de lance lorsqu'il dirigeait le bureau de la doctrine du Vatican.
Tagle, 67 ans, des Philippines, semble être le choix de François pour être le premier pape asiatique. François a fait venir le populaire archevêque de Manille à Rome pour diriger le bureau d'évangélisation missionnaire du Vatican, qui répond aux besoins de l'Église catholique dans une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. Son rôle a pris de l'importance lorsque François a réformé la bureaucratie du Vatican et accru l'importance de son bureau d'évangélisation.
Le cardinal Tagle cite souvent sa lignée chinoise ― sa grand-mère maternelle faisait partie d'une famille chinoise qui s'est installée aux Philippines ― et il est connu pour devenir émotif lorsqu'il parle de son enfance. Bien qu'il ait une expérience pastorale, vaticane et de gestion ― il a dirigé la fédération vaticane de groupes caritatifs Caritas Internationalis avant de venir à Rome de façon permanente ― Tagle serait du côté jeune pour être élu pape à vie, les cardinaux préférant peut-être un candidat plus âgé dont le pontificat serait plus limité.
Zuppi, 69 ans, archevêque de Bologne et président de la conférence épiscopale italienne, élu en 2022, est étroitement lié à la Communauté Sant'Egidio, une organisation caritative catholique basée à Rome qui a été influente sous François, en particulier dans le dialogue interreligieux. le cardinal Zuppi a fait partie de l'équipe de Sant'Egidio qui a aidé à négocier la fin de la guerre civile au Mozambique dans les années 1990 et a été nommé envoyé de paix de François pour la guerre en Ukraine. François l'a nommé cardinal en 2019 et a ensuite précisé qu'il voulait qu'il soit responsable des évêques italiens, signe de son admiration pour le prélat qui, comme François, est connu comme un «prêtre de la rue».
Autre signe de ses tendances progressistes et de sa proximité avec François, le cardinal Zuppi a rédigé l'introduction de l'édition italienne de « Building a Bridge », ouvrage du révérend James Martin, un jésuite américain, sur la nécessité pour l'Église d'améliorer son action auprès de la communauté LGBTQ+. le cardinal Zuppi serait un candidat qui s'inscrirait dans la tradition de François, qui consiste à s'occuper de ceux qui sont en marge de la société, même si sa relative jeunesse lui serait défavorable pour les cardinaux qui cherchent à s'imposer dans l'Église.