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«Les emplois logistiques sont les premiers affectés et c’est inévitablement le début d’un effet domino.»
Le lock-out déclenché dimanche soir au port de Montréal pourrait avoir de «graves» conséquences économiques au Québec et au Canada, a prévenu la PDG de l’Administration portuaire de Montréal (APM), Julie Gascon, en conférence de presse lundi tôt le matin.
«Ce lock-out ne concerne pas uniquement les 1 200 débardeurs touchés directement par l’arrêt de travail, mais a également un impact sur plus de 10 000 travailleurs du secteur logistique, du camionnage, aux employés des chemins de fer, en passant par les agents maritimes et les pilotes», a-t-elle dit.
Selon Mme Gascon, ce conflit de travail met en péril des emplois et des revenus pour les entreprises. Une seule journée du port, c’est 400 millions $ de valeur de marchandises qui transitent et 268 millions $ en retombées économiques, a-t-elle souligné.
D'ailleurs, cet arrêt de travail peut coûter plus cher aux entreprises, qui doivent trouver des alternatives pour l'import et l'export de marchandises. Certains navires ont déjà détourné leurs routes vers d'autres ports sur la côte est, a-t-on ajouté par communiqué.
La PDG de l’APM s’inquiète aussi pour le statut de la chaîne logistique canadienne en tant que destination fiable pour le transport de marchandises en Amérique du Nord. Le port de Montréal est le principal port de l’Est du Canada. Ses principaux concurrents sont les ports de l’Est des États-Unis. «C’est notre réputation qui se joue», a-t-elle dit.
Par ailleurs, le lock-out au port de Montréal a aussi des impacts «immédiats» dans l’industrie du camionnage. Près de 2000 camions se déplacent chaque jour au port de Montréal.
«Le gel de ses activités aura une répercussion immédiate sur de nombreux transporteurs qui devront envisager des licenciements», a déploré Le président de l’Association du camionnage du Québec, Marc Cadieux, qui encourage vivement les deux parties de trouver une solution «pour relancer au plus vite les activités commerciales sur ce point névralgique du commerce mondial et ne pas compromettre notre réputation sur la scène internationale.»
Certaines associations, dont Manufacturiers et Exportateurs du Québec, demandent au fédéral d’intervenir rapidement pour mettre fin au conflit de travail, qui a de lourdes conséquences sur l'industrie. «Les entreprises manufacturières sont à nouveau prises en otage», a souligné Julie White, vice-présidente Affaires publiques et porte-parole par intérim par communiqué. «Le gouvernement fédéral doit assumer son leadership et utiliser les outils à sa disposition pour mettre fin au lock-out.»
Le ministre québécois du Travail, Jean Boulet, a déploré cet arrêt de travail et a également demandé l'intervention d'Ottawa dans ce dossier lundi matin. «Ce conflit aura des conséquences majeures sur l’économie s’il perdure», a-t-il écrit sur X. «Il est impératif qu’Ottawa agisse rapidement pour amener les parties à s’entendre dans les meilleurs délais et rétablir les activités au Port.»
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— Jean Boulet (@JeanBoulet10) November 11, 2024
Ce conflit aura des conséquences majeures sur l’économie s’il perdure. Il est impératif qu’Ottawa agisse rapidement pour amener les parties à s’entendre dans les meilleurs délais et rétablir les activités au Port.@stevenmackinnon
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain s'ajoute également à ces voix et qualifie la situation comme étant «inacceptable».
«Le Port de Montréal est encore une fois paralysé», a dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Cette situation ne fait qu'aggraver les dommages économiques déjà considérables. La fermeture des terminaux du Port de Montréal compromet l'approvisionnement de millions de personnes et d'entreprises, en plus d'exercer une pression inflationniste sur tous les prix. [...] Aujourd'hui, il faut agir de même et rétablir le service au Port de Montréal.»
L'Association des employeurs maritimes (AEM) a décrété dimanche soir un lock-out au port de Montréal, peu après que le syndicat représentant les débardeurs du port a rejeté son offre. L'AEM avait donné un préavis de lock-out, à moins que les débardeurs acceptent avant 21h dimanche son offre, dite finale, déposée jeudi soir.
Les membres du syndicat représentant quelque 1200 débardeurs du port de Montréal ont rejeté dimanche à 99,7 % l'offre proposée par l'employeur. Ils sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2023.
«L’offre hostile a été rejetée parce que l’employeur a refusé de négocier. Rien dans l’offre ne reflète les demandes du syndicat. Si l’AEM avait respecté les processus de la négociation collective, on aurait trouvé des solutions et on aurait évité un conflit au port de Montréal», avait-on expliqué dans un communiqué.
Lundi matin, le syndicat a appelé à un retour rapide à la table des négociations.
«Le syndicat a renvoyé une invitation à l'association de la partie patronale de lui donner ses disponibilités et on lui a donné jusqu'à vendredi pour négocier dans l'une des salles réservées», a expliqué Michel Murray, conseiller syndical au SCFP, en conférence de presse lundi matin.
L'intervention du Service de médiation et de conciliation du gouvernement fédéral n'a pas permis de rapprocher les parties au port de Montréal. Le SCFP et l'AEM ont passé deux heures au Service de médiation et de conciliation fédéral, vendredi, sans faire de progrès. M. Murray ne voyait que «des changements cosmétiques» dans la dernière offre patronale qui n'adresse pas, selon lui, l'un des principaux points en litige portant sur les horaires de travail.
Il s'agit du troisième conflit de travail touchant les chaînes d'approvisionnement au pays cette année, après ceux touchant le transport ferroviaire et aérien, ce qui inquiète le ministre MacKinnon.
De plus, les ports de la Colombie-Britannique sont toujours paralysés en raison d'un conflit de travail. Vendredi, la BC Maritime Employers Association (BCMEA) a déclaré qu'elle et que la section 514 de l'International Longshore and Warehouse Union Local ont rencontré séparément le Service fédéral de médiation et de conciliation (SFMC) et qu'«aucun progrès n'a été réalisé». En conséquence, aucune autre négociation contractuelle n'est prévue.
Le syndicat, qui représente plus de 700 superviseurs de débardeurs dans les ports, dont ceux de Vancouver, de Prince Rupert et de Nanaimo, est sans contrat depuis mars dernier.
Avec les informations de La Presse canadienne et de Noovo Info