L'ex-pompier Kenneth Marlin condamné à 14 ans de prison pour avoir abusé d'enfants

Mais certains de ces enfants, dont certains n'avaient que sept ans, ont également été victimes d'agressions sexuelles répétées à la ferme par l'homme qu'ils admiraient le plus, Kenneth Marlin.

Jeudi, le juge Joey Dubois de la Cour du Québec a condamné Marlin à 14 ans de prison pour avoir abusé de cinq enfants pendant une décennie sur la ferme de ses parents à Hemmingford, au Québec, une petite ville rurale située à environ 65 kilomètres au sud de Montréal, près de la frontière américaine.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Certains de ces abus ont eu lieu tout au long de l'année, tandis que pour d'autres enfants, c'était pendant les mois d'été, lorsqu'ils passaient du temps à la ferme. Mais dans tous les cas, «il a abusé de ces enfants pour son propre plaisir sexuel», a écrit le juge dans son jugement de jeudi. 

Marlin a été pompier volontaire à Hemmingford de 1987 à 2020. Il a nié les accusations, mais après avoir entendu les témoignages des cinq plaignants, le juge l'a reconnu coupable plus tôt cette année des 20 chefs d'accusation, notamment d'attouchements sexuels, d'incitation à des attouchements sexuels et d'agression sexuelle. 

Les cinq enfants étaient âgés de 7 à 15 ans et deux d'entre eux ont été envoyés par les services sociaux chez Marlin ou ses parents. Marlin, aujourd'hui âgé de 66 ans, avait entre 23 et 34 ans au moment des faits.

La Sûreté du Québec (SQ) l'a arrêté le 4 février 2020 après qu'un des cinq hommes se soit manifesté auprès de la police en juin 2019. Il a été condamné le 20 janvier 2023.

L'avocat de Marlin, Alexandre Paradis, a déclaré à CTV News que son client faisait appel de la condamnation. Il a refusé de faire d'autres commentaires sur l'affaire.

«Il mérite ce qui lui arrive», déclare une victime

L'identité des victimes est protégée par une interdiction de publication. L'une d'entre elles a déclaré à CTV News qu'elle était «soulagée» par la peine de 14 ans, qui, selon elle, permettra de tourner une page dans un chapitre sombre de sa vie.

«J'ai pleuré comme ça quand j'avais 12 ans», a-t-il déclaré, la voix tremblante. «Je me sens comme un petit gars de 12 ans aujourd'hui.»

Des décennies plus tard, il a déclaré qu'il luttait encore parfois contre les abus qu'il avait subis dans son enfance, mais qu'il cherchait de l'aide pour y faire face.

Le juge n'a pas cru Marlin

Marlin a clamé son innocence tout au long de son procès de 2022. Prenant la parole pour sa propre défense, il a nié tout acte répréhensible à l'égard des enfants. Par exemple, il a déclaré à la cour qu'il avait emmené deux des enfants faire des promenades en tracteur et qu'il leur avait chatouillé les genoux, mais il a ajouté qu'il n'avait jamais touché leurs parties génitales et que lorsqu'il avait trouvé un enfant dormant dans son lit, il avait dormi sur un matelas posé sur le sol.

Cependant, le juge Dubois a écrit dans sa décision de 47 pages en janvier dernier qu'il avait trouvé de nombreux cas où Marlin avait fait de fausses déclarations au tribunal, s'était contredit et avait «allégué des choses impossibles dans son témoignage», notamment en ce qui concerne les dates auxquelles les enfants se trouvaient à la ferme.

Marlin a déclaré au tribunal que les enfants ne dormaient pas dans son lit avec lui, mais le juge a déclaré que «les preuves du contraire sont accablantes».

«En raison des problèmes de crédibilité et de fiabilité, la cour ne croit pas l'accusé. Son témoignage, sa négation de tout ce qui s'est passé, ne soulève aucun doute dans l'esprit de la cour», a écrit le juge.

Le juge a estimé que les témoignages des cinq hommes étaient «crédibles, fiables et tout simplement véridiques» et a rejeté l'argument de la défense selon lequel il y aurait eu collusion entre les plaignants, écrivant que «le tribunal ne peut trouver aucune preuve de collusion de quelque nature que ce soit qui aurait pu avoir lieu en l'espèce».

Selon le jugement, Marlin «a utilisé les chatouilles comme un moyen de toucher leurs parties génitales», en décrivant comment l'abus a commencé. Il s'agit de l'un des nombreux schémas d'abus qui sont apparus au cours du procès. Les victimes ont témoigné d'autres schémas similaires, y compris le fait que Marlin leur montrait des magazines pornographiques, et que les abus avaient eu lieu dans le grenier à foin, dans des véhicules et dans son lit.

Les garçons ont également été abusés dans le camion GMC, la cabane à sucre, la laiterie, entre autres, ont témoigné les hommes. Il y a eu des fellations dans certains cas et, lors d'un épisode avec l'une des victimes, «l'accusé a essayé de le sodomiser», selon le jugement.

L'une des victimes a déclaré à la cour que les abus étaient si fréquents qu'elle estimait que «cela s'était produit plus de 1000 fois».

Lorsqu'ils sont arrivés à la ferme, les jeunes garçons considéraient Marlin comme un modèle. «L'accusé était comme un héros pour lui à l'époque. Il était pompier», selon la décision du juge.

Pour une autre victime, un enfant placé en famille d'accueil, Marlin «était la première figure paternelle qu'il avait dans sa vie», a noté le juge dans sa décision de condamnation.

Dans le cadre de sa condamnation, Marlin sera inscrit au registre des délinquants sexuels pendant 20 ans et devra fournir un échantillon d'ADN. Pour les 20 prochaines années, le tribunal lui a ordonné de ne pas s'approcher d'un parc public où des personnes de moins de 16 ans sont susceptibles d'être présentes, de ne pas s'approcher du domicile des victimes, de ne pas chercher d'emploi ou de travail bénévole impliquant une position d'autorité vis-à-vis d'une personne de moins de 16 ans et de ne pas communiquer avec une personne de moins de 16 ans, à l'exception de sa famille.

Marlin poursuivi en justice dans un autre dossier

Les ennuis judiciaires de Marlin ne sont pas terminés alors qu'il se dirige vers la prison. Deux de ses victimes le poursuivent également en justice pour un montant total de 2,4 millions de dollars de dommages et intérêts.

Les plaignants sont des frères âgés de 51 et 49 ans, selon les deux plaintes déposées séparément le 2 mai 2023. Ils sont identifiés comme «A» et «B» dans les documents judiciaires.

Ils affirment que les abus subis à cause de Marlin ont entraîné de graves problèmes plus tard dans leur vie, notamment des problèmes d'alcool, de l'anxiété et des pensées suicidaires.

«Lorsque A. a découvert que son petit frère avait également été victime d'abus sexuels de la part de Marlin, il a souffert d'une terrible culpabilité mal placée pendant de nombreuses années, pensant que c'était de sa faute et qu'il n'avait pas réussi à protéger son frère», affirme l'une des actions en justice.

L'autre frère affirme qu'il a toujours des problèmes d'anxiété avec sa propre famille. «B. est actuellement sous traitement pour dépression et anxiété. Il manque de confiance en lui, est hypervigilant, souffre d'une faible estime de soi, a des problèmes de colère et est prêt à aller jusqu'à l'extrême pour protéger ceux qu'il aime», affirme l'action en justice.

Aucune des allégations contenues dans l'une ou l'autre des poursuites n'a été vérifiée par un tribunal.

LISTE DES RESSOURCES EN SANTÉ MENTALE AU QUÉBEC

Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à vous adresser à :

• Votre médecin de famille (si vous en avez un)
  
• Le CLSC, le CISSS ou le CIUSSS de votre région  : 811
  
• AMI-Québec : 514-486-1448
  
• Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) : 514-521-4993
  
• Centre Interligne Inc. (pour les questions liées à l'orientation sexuelle) : 514-866-0103
  
• Dépressifs Anonymes : 514-278-2130
  
• Groupe d'entraide pour un mieux-être (GEME) : 450-332-4463
  
• Fondation québécoise des troubles obsessionnels compulsifs : 514-727-0012
  
• Société québécoise de la schizophrénie : 514-251-4000 x3400
  
• Suicide Action Montréal : 1 866 277 3553
  
• Service de prévention du suicide : 1 866 APPELLE
  
• Anciens Combattants Canada : 1 800 268-7708

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