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M. Poutine, qui n'a affronté que des adversaires symboliques et qui a durement réprimé les voix de l'opposition, a souligné que les premiers résultats prouvent que les Russes ont «confiance» en lui.
Le président russe Vladimir Poutine s'est félicité tôt lundi d'avoir décroché une victoire électorale qui ne faisait aucun doute, alors que les résultats préliminaires du scrutin ont démontré qu'il avait facilement obtenu un cinquième mandat à la tête du pays.
M. Poutine, qui n'a affronté que des adversaires symboliques et qui a durement réprimé les voix de l'opposition, a souligné que les premiers résultats prouvent que les Russes ont «confiance» en lui. De leur côté, ses opposants y ont plutôt vu une autre preuve que le résultat de l'élection était scellé d'avance.
«Bien sûr, nous avons beaucoup de tâches à accomplir. Mais je veux que ce soit clair pour tout le monde: lorsque nous avons été consolidés, personne n'a jamais réussi à nous effrayer, à supprimer notre volonté et notre conscience de soi. Ils ont échoué dans le passé et ils échoueront à l’avenir», a déclaré M. Poutine lors d’une réunion avec des bénévoles après la fermeture des bureaux de vote..
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Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a quant à lui écrit sur le réseau social X: «Les bureaux de vote ont fermé en Russie, à la suite de la tenue illégale d'élections sur le territoire ukrainien, au manque de choix pour les électeurs et à l'absence de surveillance indépendante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ce n’est pas à cela que ressemblent des élections libres et équitables.»
Toute critique publique de M. Poutine ou de la guerre en Ukraine a été étouffée. Les médias indépendants ont été paralysés. Son ennemi politique le plus féroce, Alexeï Navalny, est mort dans une prison de l’Arctique en février, tandis que d’autres critiques du Kremlin sont soit en prison, soit en exil.
Au-delà du fait que les électeurs n’avaient pratiquement pas d'options à leur disposition, la surveillance indépendante des élections a été extrêmement limitée. Selon la Commission électorale centrale de Russie, M. Poutine a obtenu environ 87 % des voix, alors que les résultats étaient disponibles pour environ 90 % des circonscriptions.
Dans cet environnement étroitement contrôlé, les proches d'Alexeï Navalny ont exhorté les électeurs mécontents du travail de M. Poutine ou de la guerre en Ukraine à se rendre aux urnes sur le coup de midi, dimanche. Les files d'attente devant un certain nombre de bureaux de vote en Russie et dans ses ambassades à travers le monde ont semblé s'allonger à ce moment.
Ioulia Navalnaya, la veuve de M. Navalny, a fait partie des personnes qui ont pris part à ce mouvement, alors qu'elle a rejoint une longue file d’attente à Berlin.
Elle a passé plus de cinq heures dans la file d’attente. Après avoir voté, elle a affirmé devant les journalistes qu’elle avait écrit le nom de son défunt mari sur le bulletin de vote.
Lorsqu’on lui a demandé si elle avait un message pour Vladimir Poutine, Mme Navalnaya a répondu: «S’il vous plaît, arrêtez de me demander si j'ai un message pour M. Poutine. Il ne peut y avoir aucune discussion avec M. Poutine, car c’est un tueur.»
De son côté, le président russe a balayé du revers de la main l’efficacité de ce mouvement d'opposition.
«Il y a eu des appels pour venir voter à midi. Et c’était censé être une manifestation d’opposition. Eh bien, s'ils ont fait des appels pour venir voter, alors je les en félicite», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse après la fermeture des bureaux de vote.
Fait inhabituel, M. Poutine a fait référence à Alexeï Navalny par son nom pour la première fois depuis des années lors de la conférence de presse.
Certains Russes attendant de voter à Moscou et à Saint-Pétersbourg ont déclaré à l'Associated Press (AP) qu'ils participaient à la manifestation, mais il n'a pas été possible de confirmer si toutes les personnes dans la file y prenaient part.
Rejoignant une file d'attente dans un bureau de vote vers midi à Moscou, une femme qui a dit s'appeler Yulia a déclaré à l'AP qu'elle votait pour la première fois.
«Même si mon vote ne change rien, ma conscience sera tranquille (…) pour l'avenir que je souhaite voir pour notre pays», a-t-elle affirmé. Comme d’autres citoyens, elle n’a pas donné son nom complet pour des raisons de sécurité.
Un autre électeur moscovite, qui s’est également identifié uniquement par son prénom, Vadim, a mentionné qu’il espérait un changement, mais a ajouté que «malheureusement, c’est peu probable».
Des médias russes indépendants ont publié des images de bulletins de vote nuls partagées par des électeurs, sur lesquels on pouvait lire «tueur et voleur» inscrit sur l'un et «on vous attend à La Haye» sur l'autre, en référence à un mandat d'arrêt émis contre M. Poutine pour des accusations de crimes de guerre liées à sa responsabilité présumée dans les enlèvements d'enfants en Ukraine.
Pourtant, certaines personnes ont souligné à l’AP qu’elles étaient heureuses de voter pour le président Poutine.
Dmitri Sergienko, qui a voté à Moscou, a dit : «Je suis content de tout et je veux que tout continue comme c'est le cas actuellement».
Alors que les Russes se rendaient aux urnes, une attaque majeure de drones ukrainiens à travers la Russie a de nouveau rappelé les défis auxquels le Kremlin est confronté.
Le gouverneur de la région de Belgorod, près de l'Ukraine, a indiqué que trois personnes avaient été tuées dans ces attaques, tandis que le ministère russe de la Défense a soutenu avoir abattu plus de 100 drones et missiles ukrainiens au cours de la fin de semaine.
Le vote s’est déroulé pendant trois jours dans les bureaux de vote répartis dans les 11 fuseaux horaires du vaste pays, dans les régions illégalement annexées de l’Ukraine et en ligne.
Malgré des contrôles stricts, plusieurs dizaines de cas de vandalisme dans les bureaux de vote ont été signalés au cours de la période électorale.
Plusieurs personnes ont été arrêtées, notamment à Moscou et à Saint-Pétersbourg, après avoir tenté d'allumer des incendies ou de faire exploser des bureaux de vote, tandis que d'autres ont été arrêtées pour avoir jeté de l'antiseptique vert ou de l'encre dans les urnes.
Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe présidé par Vladimir Poutine, a appelé à un durcissement des sanctions contre les personnes qui vandalisent les bureaux de vote, arguant qu'ils devraient être accusés de trahison.
Stanislav Andreychuk, coprésident de l'organisme indépendant de surveillance des élections de Golos, a dit que la pression exercée sur les électeurs par les forces de l'ordre avait atteint des niveaux sans précédent.
Les Russes, a-t-il déclaré dans un message sur les réseaux sociaux, ont été fouillés dans les bureaux de vote, leurs bulletins de vote ont été vérifiés avant d'être déposés et la police a exigé qu'une urne soit ouverte pour retirer un bulletin de vote.
«C'est la première fois de ma vie que je vois de telles absurdités», a écrit M. Andreychuk sur l'application de messagerie Telegram, ajoutant qu'il avait commencé à surveiller les élections en Russie il y a 20 ans.
Ivan Jdanov, directeur de la Fondation anticorruption de M. Navalny, a soutenu que l'appel à protester de l'opposition avait été couronné de succès.
D'énormes files d'attente se sont également formées vers midi devant les missions diplomatiques russes à Londres, Berlin, Paris, Milan, Belgrade et dans d'autres villes abritant d'importantes communautés russes, dont beaucoup ont quitté la Russie après l'invasion de l'Ukraine.
Les manifestants à Berlin ont affiché une figure de M. Poutine se baignant dans un bain de sang avec le drapeau ukrainien sur le côté, à côté de bulletins de vote déchiquetés dans les urnes.
La télévision d'État russe et des responsables ont déclaré que les files observées à l'étranger démontraient une forte participation. L'ambassade de Russie en Allemagne a publié une vidéo de la file d'attente à Berlin sur le réseau social X avec la légende: «Ensemble, nous sommes forts: votez pour la Russie!»
À Tallinn, où des centaines de personnes faisaient la queue dans les rues pavées de la capitale estonienne menant à l'ambassade de Russie, Tatiana, âgée de 23 ans, a indiqué qu'elle était venue prendre part à la manifestation à midi.
«Si nous avons la possibilité de protester, je pense qu'il est important de saisir n'importe quelle occasion», a-t-elle soutenu.
Boris Nadejdine, un homme politique libéral qui a tenté de se joindre à la course sur un programme antiguerre, mais qui s'est vu interdire de se présenter par les responsables électoraux, a exprimé l'espoir que de nombreux Russes allaient voter contre M. Poutine.
«Je crois que le peuple russe a aujourd'hui l'occasion de montrer sa véritable attitude face à ce qui se passe en votant non pas pour Poutine, mais pour d'autres candidats ou d'une autre manière, et c'est exactement ce que j'ai fait», a-t-il mentionné après avoir voté à Dolgoproudny, tout juste à l'extérieur de Moscou.
Le groupe OVD-Info, qui surveille les arrestations politiques, a indiqué que 80 personnes avaient été arrêtées dimanche dans 20 villes de Russie.