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Attention, les retrouvailles ne pourront pas être forcées.
Le Québec introduit des changements pour permettre aux enfants adoptés de retrouver plus facilement leurs parents biologiques. À partir de ce week-end, tout adulte adopté dans cette province aura accès aux noms de ses parents biologiques, même si ces derniers souhaitent dissimuler leur identité.
Il s'agit d'un changement important qu'un groupe appelé Mouvement Retrouvailles réclame depuis longtemps. Lise Emond, représentante du groupe à Montréal, a fait part à CTV News de son parcours personnel. Cette femme de 75 ans a déclaré en entrevue qu'elle venait de découvrir cette année l'identité de son père biologique.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Son père étant décédé en 1984, elle n'a jamais pu le rencontrer. Elle est néanmoins reconnaissante d'avoir enfin appris son identité cette année et d'avoir confirmé leur lien de parenté grâce à un test ADN, ce qu'elle encourage vivement les autres à faire. Grâce à cette information, elle a pu entrer en contact avec des membres de sa famille du côté de son père.
Il pourrait y avoir beaucoup d'autres histoires comme celle-ci, avec le changement législatif qui arrivera au Québec dans quelques jours.
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Le processus a été long et les changements ont été introduits progressivement par les différents gouvernements au fil des ans. En 2018, les libéraux ont adopté le projet de loi 113, qui permettait aux enfants adoptés d'accéder à leur dossier, de découvrir l'identité de leurs parents biologiques et d'essayer de les contacter, à moins que ces derniers n'aient préalablement indiqué qu'ils ne souhaitaient pas être contactés. Cette dernière modification signifie que les parents biologiques n'ont plus la possibilité d'opposer leur veto. Selon la loi, leur identité ne peut rester secrète.
Mme Emond estime que ce changement sera «libérateur» pour les personnes qui ont été adoptées et fera une énorme différence dans leur vie lorsqu'elles chercheront des réponses. «Je pense que c'est une grande ouverture et je pense que pour les adoptés, c'est une grande chose parce que nous retrouvons une partie de notre vie que nous n'avons jamais eue auparavant», a-t-elle déclaré.
«Nous n'avons pas eu le plaisir de connaître le nom de notre mère... Pour ma part, j'ai passé 30 ou 40 ans à savoir que ma mère avait 23 ans lorsqu'elle m'a eue, mais je n'avais pas de nom, ni même d'où elle venait. À l'époque, on ne nous disait même pas de quelle ville elle venait, alors que maintenant, nous allons le savoir. Si elle est décédée et que nous voulons nous rendre sur sa tombe, nous pouvons le faire, et ce sont des choses que nous n'avions pas avant», souligne-t-elle.
Mme Emond explique que de nombreuses mères d'une certaine génération ont eu des enfants hors mariage, ce qui était mal vu par l'Église et les obligeait à les abandonner. Cette expérience était entourée de beaucoup de honte et de secret.
Même si l'identité des parents biologiques ne pourra plus être tenue secrète, les retrouvailles ne pourront pas être forcées. En fait, si un enfant tente de contacter un parent biologique contre la volonté de ses parents, il risque de se voir infliger de lourdes amendes en vertu du Code civil.
Les changements entrent en vigueur le 8 juin.