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Société
Chronique |

L’amitié est un bouclier

On vit une période bizarre et intense.

Alex Perron et ses amies
Alex Perron et ses amies

J’en ai déjà parlé ici ou ailleurs (alors je sais que je radote, pas besoin de me le souligner), mais j’ai la chance d’avoir 4 amies que je côtoie depuis le début du secondaire. Ce qui nous fait un total de 234 ans d’amitié.

Manon est en Beauce, Élaine à Québec et Nancy, Nadine et moi, on est rive-sudiens de Montréal. Vous vous en doutez bien, on ne se voit pas aux deux semaines. Je veux dire le groupe au complet. En sous-groupe de deux-trois, oui. Le temps d’un déjeuner, un souper ou un drink-terrasse.

 

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Mais deux fois par année, pour un week-end, on aligne nos agendas pour un get together où toute la troupe est là. Un peu comme si les Spice Girls se reformaient deux fois l’an juste pour le fun de se revoir et accessoirement gueuler des tounes en dansant dans le salon.

Nous sommes maintenant au début de notre cinquantaine (mais nous paraissons crissement plus jeune, bien que nous ayons des articulations qui craquent à l’occasion) ce qui fait en sorte qu’on a pas mal tout vécu ensemble.

Des nouveaux conjoints, des ruptures, des mariages, des divorces, des nouveaux conjoints, des enfants (pas moi, je n’avais pas reçu le mémo de la procréation) de la maladie, des deuils, des succès, des échecs, des ruptures, des nouveaux conjoints, des déménagements, leurs enfants qui partent du nid. Bref, la vie. Les nôtres ne sont pas hors-normes ou exceptionnelles. C’est juste qu’on était tous là dans les creux et hauts de vagues de notre noyau.

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Ce qui fait en sorte que maintenant, on n’a pas pu ben ben de filtre entre nous et tant mieux. On se dit tout. Quelquefois, avec des gants blancs et d’autres fois, on ne les enfile pas pis ça sort plus direct.

On se ressemble tout en étant différent. On se complète. On n’est pas toujours d’accord (fiou), on s’obstine, on se tape ses nerfs, mais on ne se juge pas. On cherche plus à se comprendre et s’épauler que de se dire qu’on n’aurait pas fait ça comme ça ou qu’on n’aurait pas pris cette décision. Et on rit à a la tonne.

J’ai toujours été conscient de ça, mais ce week-end, entre deux fous rires, une chanson des années 80 et une gorgée de bulles, ça m’a frappé. À quel point, elles étaient importantes dans ma vie. Particulièrement en ce moment.

On vit une période bizarre et intense. On est en pleine élection chaotique, on a un président voisin qui change d’avis aux six heures. Certains droits qu’on pensait acquis s’effritent partout dans le monde. On n’a jamais été aussi blanc ou noir. Comme si la zone tampon grise n’existait pratiquement plus. Et s’ajoutent à ça nos enjeux de vie personnels.

Mais cette amitié qui nous unit, elle fait bouclier. Elle fait bouclier vis-à-vis tout ce brouhaha. Elle ne règle rien aux enjeux mondiaux, ni même à nos problèmes au quotidien, mais elle met de la chaleur dans le cœur et la tête et ça, ça fait toute la différence.

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C’est comme prendre une grosse bouffée d’air avant de replonger dans la mer agitée. Les amitiés, c’est un coussin pour prendre une pause et y déposer sa tête, un trampoline pour rebondir dans la vie et un sac de chips qu’on ne veut jamais finir. C’est savoir qu’on n’est pas seul. Et ça, c’est très rassurant. Je n’ai pas besoin de leur parler tous les jours, mais je sais qu’elles sont là si j’ai besoin d’un coup de pied au cul pour me remettre sur la bonne track de chemin de fer.

Notre amitié n’est pas plus ou moins incroyable que les vôtres. Comme on aurait dit à l’école secondaire : on ne se pense pas bon. Je sais bien aussi que vous vous dites en ce moment que je ne vous apprends rien.

Ben oui, Perron, on le sait que la vraie amitié, ça fait du bien. Je ne veux rien vous apprendre, je veux juste vous le rappeler. Parce que quelquefois, dans le ping-pong de nos vies, la game roule vite et ça tombe entre deux craques.

Profitons de nos amitiés. Ça ne règle pas tout, mais ça aide à passer à travers bien des choses. Entretenons notre bouclier, c’est redoutablement efficace.

Il y a eu: «L’amour, crisse». J’ajoute: «L’amitié, tabarnak».