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Leurs représentants syndicaux continuent de négocier avec le gouvernement une augmentation de salaire plus importante et une plus grande flexibilité de l'employeur en matière de télétravail.
Les ministres fédéraux assurent mardi qu'ils surveillent les blocages de routes et d'infrastructures essentielles, alors que les travailleurs fédéraux en grève tiennent leur promesse d'intensifier leurs moyens de pression, en perturbant la circulation et en limitant l'accès à des immeubles de bureaux du centre-ville d'Ottawa.
Plus de 150 000 fonctionnaires fédéraux membres de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) sont en grève pour la septième journée consécutive, mardi. Leurs représentants syndicaux continuent de négocier avec le gouvernement une augmentation de salaire plus importante et une plus grande flexibilité de l'employeur en matière de télétravail.
Dans la région de la capitale fédérale, mardi, des centaines de piqueteurs font sentir et entendre leur présence autour de différents édifices, dans un tintamarre de mégaphones et de musique tonitruante.
Des centaines de grévistes ont traversé le pont du Portage, entre Ottawa et Gatineau, la ville québécoise où se trouvent aussi d'importants édifices fédéraux, bloquant la circulation pendant une courte période, mardi matin.
Pendant ce temps, devant l'immeuble du bureau du premier ministre et devant le siège du Conseil du Trésor, à quelques coins de rues, les grévistes ont limité l'accès à une seule personne toutes les cinq minutes.
Les pancartes sur les piquets de grève reflétaient les principaux points en litige identifiés lundi par la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, notamment les salaires et les inquiétudes des fonctionnaires concernant un recours accru à la sous-traitance à Ottawa.
L'escalade sur les piquets de grève survient après la promesse du président national de l'AFPC, Chris Aylward, que les lignes de piquetage se déplaceraient vers des «emplacements plus stratégiques» où les moyens de pression auraient un plus grand impact économique, comme les ports maritimes d'entrée.
Les moyens de pression avaient pratiquement disparu à Ottawa à 14 h, avec seulement quelques piquets visibles à l'extérieur de l'édifice du Conseil du Trésor. Il n'y avait plus personne près de l'immeuble de bureaux où travaillent la plupart des employés du premier ministre Trudeau.
Les fonctionnaires en grève n'ont qu'à se rendre sur les lignes de piquetage quatre heures par jour pour recevoir leur indemnité quotidienne de 75 $. Avant le déclenchement de la grève, le fonds du syndicat s'élevait à 43 millions $, une somme qui pourrait s'épuiser rapidement en fonction du nombre de travailleurs qui se présentent chaque jour sur les piquets de grève.
M. Aylward a déclaré en fin de semaine qu'il ne s'inquiétait pas de l'épuisement éventuel du fonds de grève, mais il n'a pas précisé d'où l'Alliance obtiendrait de l'aide.
Mardi, trois syndicats nationaux, le Congrès du travail du Canada, Unifor et l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, ont déclaré à La Presse Canadienne que l'AFPC n'avait pas encore demandé de contributions pour renflouer son fonds de grève, et qu'ils n'en avaient fait aucune. Le Syndicat canadien de la fonction publique a également confirmé qu'il n'avait pas fait de don à l'AFPC.
Bien qu'il ne soit pas clair combien de temps durerait ce fonds de grève, le syndicat a promis de faire monter les enchères après des jours de négociations qui n'ont pas abouti à un accord avec le gouvernement, affirmant lundi qu'il avait réussi à «fermer» les ports de Montréal, Vancouver et Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador.
À VOIR | Le piquetage des fonctionnaires fédéraux change de cibles au jour six de la grève
Les ministres fédéraux réunis à Ottawa pour la réunion hebdomadaire du cabinet, mardi matin, ont déclaré qu'ils surveillaient les blocages des infrastructures essentielles.
«D'une part, ils ont le droit de faire la grève et de manifester, a déclaré mardi à la presse le ministre de l'Innovation, François-Philippe Champagne. D'un autre côté, nous devons nous assurer que l'économie peut continuer à fonctionner dans tout le pays.»
Le ministre des Transports, Omar Alghabra, a déclaré de son côté qu'il avait été en contact avec les administrations des ports et des aéroports pour s'assurer que des plans d'urgence avaient été mis en place.
«Je sais que les Canadiens aimeraient que nous évitions de perturber les voyages et les chaînes d'approvisionnement, et notre objectif est de résoudre ce problème à la table des négociations», a-t-il soutenu.
La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, a déclaré aux journalistes mardi après-midi que les deux parties étaient à la table de négociation en matinée.
Dans une lettre ouverte publiée lundi après-midi, Mme Fortier a identifié quatre principaux points en litige qui subsistent entre le syndicat et le gouvernement: les salaires, le télétravail, le recours à la sous-traitance et les règles d'ancienneté en cas de mise à pied.
Lorsqu'on lui a demandé si l'offre actuelle d'augmenter les salaires de 9 % sur trois ans était l'offre finale du gouvernement, la ministre n'a pas donné de réponse claire. Elle a simplement rappelé que cette offre était basée sur la recommandation d'une «commission de l'intérêt public», un mécanisme prévu, en cas d'impasse, par la Loi sur les relations de travail dans le secteur public fédéral.
Le syndicat demande une augmentation de 13,5 % des salaires sur trois ans.
Une commission de l'intérêt public est formée de trois membres: une présidence nommée par la Commission des relations de travail, une personne nommée par le syndicat et une autre par l'employeur.
Les gouvernements fédéral et provinciaux sont plus conscients que jamais de la vulnérabilité et de l'importance des routes principales et des points d'entrée après le «convoi de la liberté» de l'an dernier, selon Ambarish Chandra, professeur agrégé d'économie à l'Université de Toronto.
Les manifestants avaient pris le contrôle des rues principales du centre-ville d'Ottawa pendant trois semaines et bloqué des passages frontaliers pendant des jours, en février 2022, pour protester contre des vaccinations obligatoires et contre le gouvernement fédéral en général. La manifestation a poussé le gouvernement libéral à décréter la loi fédérale sur les mesures d'urgence.
Bien que ces événements soient loin des activités des fonctionnaires en grève, la décision des travailleurs fédéraux de cibler des points d'infrastructures critiques pourrait faire tache d'huile, croit le professeur Chandra.
L'universitaire était l'un des experts à témoigner sur la protection de la circulation des biens et services essentiels lors de l'enquête publique qui a été mise sur pied pour évaluer la décision du gouvernement d'utiliser la Loi sur les mesures d'urgence.
«Les événements de l'année dernière ont mis en évidence à quel point nous sommes vulnérables et il n'est peut-être pas surprenant que d'autres groupes saisissent maintenant cette vulnérabilité pour exploiter ce qu'ils réalisent maintenant comme une sorte de lacune critique dans les infrastructures», a-t-il déclaré.
De plus petites perturbations aux frontières et à d'autres infrastructures critiques sont susceptibles d'être ennuyeuses et dans certains cas coûteuses, a-t-il dit, mais elles ont tendance à disparaître rapidement de la mémoire publique par rapport à des blocages plus importants.