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La quasi-totalité de la population est désormais entassée dans le sud et le centre de Gaza et dépend de l'aide.
Les troupes israéliennes ont combattu les militants du Hamas jeudi dans le centre de la deuxième ville de la bande de Gaza, selon l'armée. L'offensive terrestre a poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir vers l'extrême sud du territoire et a empêché les organisations humanitaires d'acheminer de la nourriture, de l'eau et d'autres fournitures.
Deux mois après le début de la guerre, l'offensive israélienne dans le sud de la bande de Gaza a apporté à Khan Younis les mêmes combats urbains féroces et les mêmes bombardements intensifiés qui ont anéanti une grande partie de la ville de Gaza et du nord du territoire au cours des dernières semaines.
Mais dans le sud, les zones où les Palestiniens peuvent se réfugier se réduisent rapidement. Avant l'assaut, Israël a exhorté les habitants à évacuer Khan Younis, la maison d'enfance de deux des principaux dirigeants du Hamas. Mais une grande partie de la population de la ville reste sur place, de même qu'un grand nombre de personnes déplacées du nord de la bande de Gaza qui ne peuvent pas partir ou qui hésitent à fuir vers l'extrême sud, où la surpopulation est désastreuse.
Coupés de l'aide extérieure, les habitants des abris gérés par les Nations unies à Khan Younis se battent pour la nourriture, a déclaré Nawraz Abou Libdeh, un résident de l'abri qui a été déplacé six fois.
«La guerre de la faim a commencé. C'est la pire de toutes les guerres.»
Selon les Nations unies, quelque 1,87 million de personnes, soit plus de 80 % des 2,3 millions d'habitants, ont déjà fui leur domicile, et nombre d'entre elles ont été déplacées à plusieurs reprises. La quasi-totalité de la population est désormais entassée dans le sud et le centre de Gaza et dépend de l'aide.
Mercredi en fin de journée, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a fait usage d'un pouvoir rarement exercé pour avertir le Conseil de sécurité de l'imminence d'une «catastrophe humanitaire» à Gaza et a exhorté les membres à exiger un cessez-le-feu. Il a invoqué l'article 99 de la Charte des Nations unies, une mesure qu'aucun chef de l'ONU n'avait prise depuis un demi-siècle, et qui stipule que le secrétaire général peut informer le Conseil de sécurité des questions dont on pense qu'elles menacent la paix et la sécurité internationales.
Plus tôt dans la journée, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, M. Volker Türk, a déclaré que «les Palestiniens de Gaza vivent dans l'horreur la plus totale et la plus profonde». S'exprimant lors d'une conférence de presse à Genève, il a ajouté que «mes collègues humanitaires ont qualifié la situation d'apocalyptique».
La campagne israélienne a tué plus de 16 200 personnes à Gaza ― pour la plupart des femmes et des enfants ― et en a blessé plus de 42 000, a indiqué le ministère de la Santé du territoire mardi en fin de journée. L'agence a indiqué que de nombreuses personnes sont également piégées sous les décombres. Le ministère ne fait pas de distinction entre les décès de civils et de combattants.
Israël s'est engagé à poursuivre le combat, affirmant qu'il ne peut plus accepter la domination du Hamas ni la présence militaire du groupe à Gaza après l'attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre. Le Hamas et d'autres militants ont tué environ 1200 personnes, pour la plupart des civils, et capturé quelque 240 personnes lors de cette attaque.
On estime qu'il reste 138 otages à Gaza après que plus de 100 d'entre eux ont été libérés lors d'un cessez-le-feu à la fin du mois de novembre. Leur sort et les récits de viols et d'autres atrocités commises au cours du carnage ont renforcé l'indignation d'Israël et galvanisé le soutien à la guerre.
Le camp de réfugiés de Khan Younis était la maison d'enfance du principal dirigeant du Hamas à Gaza, Yehya Sinwar, et du chef militaire du groupe, Mohammed Deif, ainsi que d'autres dirigeants du Hamas, ce qui lui confère une importance symbolique majeure dans l'offensive israélienne.
Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré que Sinwar «n'est pas en surface, il est sous terre», mais n'a pas voulu préciser l'endroit où Israël pense qu'il se trouve. «Notre tâche est de trouver Sinwar et de le tuer.»
L'armée a dit que ses forces spéciales à Khan Younis avaient percé les lignes de défense des combattants du Hamas et attaquaient leurs positions dans le centre de la ville. Les avions de guerre ont détruit des puits de tunnel et les troupes ont saisi un avant-poste du Hamas ainsi que plusieurs caches d'armes. Les comptes rendus israéliens de la bataille n'ont pas pu être confirmés de manière indépendante.
Les vidéos diffusées par l'armée montrent des commandos et des troupes se déplaçant au milieu des bruits de tirs dans des rues de la ville jonchées de débris et de bâtiments percés de trous géants. Certains ont pris position derrière un talus de terre, tandis que d'autres, à l'intérieur d'une maison, ont tiré à travers une fenêtre dont les rideaux fleuris volaient autour d'eux.
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M. Hagari a indiqué que de violents combats se poursuivaient également dans le nord, dans le camp de réfugiés de Jabaliya et dans le district de Shujaiya.
Le Hamas a mis en ligne une vidéo montrant ses combattants à Shujaiya se déplaçant dans des allées étroites et des bâtiments détruits et ouvrant le feu avec des grenades propulsées par fusée sur des véhicules blindés israéliens. Plusieurs de ces véhicules sont montrés en train de prendre feu.
Son récit n'a pas pu être confirmé de manière indépendante. Mais la capacité du Hamas à continuer de se battre dans des zones où Israël est entré avec une force écrasante il y a plusieurs semaines montre que l'éradication du groupe, tout en évitant de nouvelles pertes humaines et de nouveaux déplacements de population, comme l'a demandé le principal allié d'Israël, les États-Unis, pourrait s'avérer insaisissable.
Israël accuse le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis 16 ans, d'utiliser des civils comme boucliers humains lorsque les militants opèrent dans des zones résidentielles, ce qui explique le nombre élevé de victimes civiles. Mais Israël n'a pas donné de comptes rendus détaillés de ses frappes individuelles, dont certaines ont rasé des pâtés de maisons entiers.
L'armée affirme que 87 de ses soldats ont été tués lors de l'offensive terrestre à Gaza. Elle affirme également que quelque 5000 militants ont été tués, sans préciser comment elle est parvenue à ce chiffre.
Des dizaines de milliers de personnes ont fui Khan Younis et d'autres zones pour se réfugier à Rafah, à la frontière sud de Gaza avec l'Égypte, selon l'ONU. Rafah, qui abrite normalement environ 280 000 personnes, a déjà accueilli plus de 470 000 personnes ayant fui d'autres parties de la bande de Gaza.
De l'autre côté de la frontière, l'Égypte a déployé des milliers de soldats et érigé des barrières de terre pour empêcher tout afflux massif de réfugiés. Elle affirme qu'un tel afflux mettrait en péril son traité de paix avec Israël, vieux de plusieurs décennies, et doute qu'Israël les laisse rentrer dans la bande de Gaza.
Au cours des trois derniers jours, les groupes d'aide n'ont pu distribuer des fournitures qu'à Rafah et dans ses environs, et principalement de la farine et de l'eau, selon le bureau d'aide humanitaire des Nations Unies. L'accès plus au nord a été coupé par les combats et les fermetures de routes par les forces israéliennes. Le Programme alimentaire mondial a mis en garde contre l'aggravation de «la crise alimentaire catastrophique qui menace déjà de submerger la population civile».
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Les frappes israéliennes se sont poursuivies à Rafah, où l'armée a demandé aux personnes évacuées de se réfugier. L'une d'entre elles a détruit une maison dans le quartier de Shaboura, où l'armée avait annoncé quelques heures plus tôt une pause dans les opérations pour permettre l'acheminement de l'aide. Une vague de blessés a afflué vers un hôpital voisin, dont au moins six enfants. Les médecins ont transporté la forme molle d'une petite fille, le visage ensanglanté.
«Nous vivons dans la peur à chaque instant, pour nos enfants, pour nous-mêmes, pour nos familles, a décrié Dalia Abou Samhadaneh, qui vit maintenant à Shaboura avec sa famille après avoir fui Khan Younis. Nous vivons dans l'angoisse de l'expulsion.»
Elle a indiqué que la diarrhée était endémique chez les enfants et qu'il n'y avait que peu d'eau potable disponible.
Gaza est privée d'électricité depuis la première semaine de la guerre, et plusieurs hôpitaux ont été contraints de fermer leurs portes faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs d'urgence. Israël a interdit l'entrée de nourriture, d'eau, de médicaments, de carburant et d'autres fournitures, à l'exception d'un filet d'aide en provenance d'Égypte.
Israël a considérablement restreint les livraisons de carburant, estimant que le Hamas le détournait à des fins militaires.
Le premier ministre Benjamin Nétanyahou a déclaré que son cabinet de sécurité avait approuvé de petites livraisons de carburant dans le sud de la bande de Gaza «de temps en temps» afin d'éviter une crise humanitaire et la propagation de maladies. La «quantité minimale» de carburant sera fixée par le cabinet de guerre, une autorité composée de trois membres chargée de gérer la guerre contre le Hamas, a précisé M. Nétanyahou.
Cette décision intervient alors qu'Israël est soumis à des pressions croissantes de la part des États-Unis pour augmenter l'aide à Gaza.