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Deux nouvelles études montrent que le vapotage à l’adolescence peut augmenter le risque de maladies cardiaques plus tard dans la vie, particulièrement chez les hommes.
Les résultats obtenus par des chercheuses de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) avec des produits de vapotage populaires auprès des adolescents ont de quoi inquiéter. Malgré les mesures telles que les restrictions d’âge et l’interdiction des arômes, les produits de vapotage demeurent facilement accessibles en ligne, au point où «le Canada a l’un des taux de vapotage chez les jeunes les plus élevés au monde», souligne-t-on, en faisant référence aux études du Dr David Hammond qui font état d’un taux de vapotage frisant les 30 % chez les jeunes de 16 à 19 ans.
Les études ont été réalisées en laboratoire sur des modèles de souris qui reflètent les types de maladies que les humains développent au cours de leur vie et ont exposé ces modèles à des aérosols de cigarettes électroniques pendant différentes périodes.
La première étude publiée, dans la revue BMJ Open Respiratory Research, montre que le fait de vapoter une marque populaire de cigarette électronique – la marque Juul en l’occurrence – entraîne des changements notables dans les poumons, dont certains «sont associés au développement de maladies cardiaques».
Partant de ces conclusions, elles ont amorcé une seconde étude, publiée celle-là dans le revue Toxicology and Applied Pharmacology, où elles ont observé «le développement de l’athérosclérose, une maladie qui peut provoquer des crises cardiaques», selon Carolyn Baglole, coauteure principale des deux études. Ainsi, l’exposition quotidienne à long terme à des produits de vapotage aromatisés au tabac a entraîné une augmentation des niveaux de lipides (des graisses) en circulation et une accumulation de plaques dans le cœur et les vaisseaux sanguins.
«Dans les deux études, les changements au niveau des poumons et du cœur concernaient principalement les mâles, ce qui suggère que le vapotage pourrait avoir un impact disproportionné sur les hommes. Cela soulève d’importantes inquiétudes pour la santé future des jeunes hommes qui vapotent actuellement», ajoute la professeure Baglole.
Elle note que «les cigarettes électroniques sont parfois perçues comme inoffensives parce qu’elles sont comparées à la fumée du tabac, qui est à l’origine de nombreuses maladies. Les cigarettes électroniques sont différentes du tabac, en partie parce qu’elles ne provoquent pas beaucoup d’inflammation». Devant ce constat, les chercheuses ont évité de comparer le tabagisme et le vapotage pour se tourner strictement sur la recherche d’effets inconnus du vapotage qui ne sont pas nécessairement associés au tabagisme.
«Le problème que nous avons avec le fait de comparer le tabac avec les produits de vapotage, c'est que les jeunes ne fument pas la cigarette», explique la coauteure principale de la deuxième étude, Vincenza Caruana, doctorante en pharmacologie à l’Université McGill.
«Les jeunes qui n’ont jamais rien fumé commencent directement avec le vapotage.»
Les chercheuses n’ont toutefois pas réussi à comprendre pourquoi les hommes seraient plus affectés par les aérosols des cigarettes électroniques. «J'ai été très surprise parce que normalement, avec des humains, les hommes et les femmes ont le même taux pour les risques», note Mme Caruana.
Elle reconnaît que de telles recherches sur des souris présentent des limites. «C'est encore trop tôt pour appliquer ces résultats chez les humains, mais il est très possible que les hommes soient plus à risque de développer les maladies cardiaques. On aura besoin de plus de recherche pour en être sûrs, par contre.»
Pointant du doigt la nature addictive des produits de vapotage, les chercheuses soulignent aussi la nécessité d’étudier plus en détail «des produits en vogue tels que les vapoteuses jetables et les sachets de nicotine orale, ainsi que les produits de vapotage à base de cannabis», notamment en raison de «leur popularité fulgurante auprès des jeunes».