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Le vice-président américain débarque au Groenland, secoué par les visées de Trump

Le vice-président y va «pour être informé des sujets liés à la sécurité de l'Arctique» et rencontrer les troupes.

Le vice-président JD Vance s'exprime à la base aérienne du Corps des Marines de Quantico lors d'une visite le 26 mars 2025, à Quantico, en Virginie.
Le vice-président JD Vance s'exprime à la base aérienne du Corps des Marines de Quantico lors d'une visite le 26 mars 2025, à Quantico, en Virginie.

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Agence France-Presse
Agence France-Presse

Le vice-président américain JD Vance doit se rendre vendredi sur la seule base militaire américaine au Groenland, dans un contexte politique crispé, une visite vécue comme une provocation en raison des velléités d'annexion de Donald Trump.

Le président américain a redit sans ambages mercredi sa volonté de s'emparer du Groenland pour assurer la sécurité de son pays et du reste du monde. «Il nous le faut», a-t-il dit.

Face à lui, Danois et Groenlandais, soutenus par l'Union européenne, ont durci le ton. 

La première ministre danoise Mette Frederiksen a ainsi dénoncé «la pression inacceptable» américaine exercée après l'annonce, en début de semaine, de la venue sans invitation d'une large délégation de l'administration Trump qui y a finalement renoncé.

La visite consiste désormais à la venue de JD Vance et son épouse Usha, accompagnés du ministre de l'Energie Chris Wright, sur la base américaine de Pituffik, située sur la côte nord-ouest du territoire. 

Le vice-président y va «pour être informé des sujets liés à la sécurité de l'Arctique» et rencontrer les troupes, ont fait savoir ses services.

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JD Vance avait abruptement déclaré début février que «le Danemark ne faisait pas le travail au Groenland et n'était pas un bon allié».

Mme Frederiksen avait rapidement rétorqué que le Danemark était depuis longtemps un allié loyal des États-Unis, combattant aux côtés des Américains «depuis de très nombreuses décennies», y compris en Irak et en Afghanistan.

La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, particulièrement contre la Russie, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de la Russie vers les États-Unis passe par le Groenland.

«Il s'agit d'un radar essentiel pour détecter les activités. Si des armes nucléaires menacent les États-Unis, elles ne traverseront pas l'Atlantique ou le Pacifique. Elles passent par les pôles», a dit le ministre de l'Energie Chris Wright sur Fox News jeudi.

Plan «sérieux» dit Poutine 

Pituffik, qui s'appelait Thule Air Base jusqu'en 2023, a servi de poste d'alerte contre d'éventuelles attaques de l'URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.

C'est aussi un endroit stratégique pour la surveillance de l'hémisphère nord et la défense de l'immense île arctique, que, selon l'administration américaine, les Danois ont négligé.

Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a jugé que le projet de Donald Trump de prendre le contrôle du Groenland étaient «sérieux» et a affirmé s'inquiéter que l'Arctique ne se transforme en «tremplin pour d'éventuels conflits».

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Pour Marc Jacobsen, maître de conférence au Collège royal de Défense danois, JD Vance «a raison de dire que (le Danemark) n'a pas répondu aux souhaits américains d'une présence accrue, mais nous avons pris des mesures pour répondre à ce souhait». 

Les demandes américaines ont besoin d'être plus précises, s'ils souhaitent une réponse adaptée du Danemark, relève-t-il auprès de l'AFP.

En janvier, Copenhague a annoncé qu'il allait consacrer près de deux milliards d'euros au renforcement de sa présence dans l'Arctique et l'Atlantique Nord. 

Le gouvernement prévoit notamment d'acquérir trois nouveaux navires spécialisés pour les régions polaires et deux drones à longue portée supplémentaires pour la surveillance. Il va en outre renforcer sa capacité satellitaire.

Repoussoir

L'appétence de Donald Trump pour le territoire de glace, qui fascine pour ses hypothétiques ressources minières et fossiles et son importance géostratégique, fait figure de repoussoir pour ses habitants et sa classe politique, ainsi que pour la puissance de tutelle danoise.

Les États-Unis «savent que le Groenland n'est pas à vendre. Ils savent que le Groenland ne veut pas faire partie des États-Unis. Cela leur a été communiqué sans ambiguïté, tant directement qu'en public», a réitéré mercredi Mette Frederiksen.

Si tous les principaux partis groenlandais sont favorables à l'indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l'idée d'un rattachement aux États-Unis.

La population, majoritairement inuite, rejette également toute perspective de devenir américaine, d'après un sondage publié fin janvier.

La venue de JD Vance intervient au moment où le Groenland est en attente d'un nouvel exécutif suite aux élections législatives du 11 mars.

Au départ, la deuxième dame, Usha Vance, devait assister à une compétition de chiens de traineaux. 

«Notre intégrité et notre démocratie doivent être respectées, sans aucune ingérence extérieure», avait réagi lundi le premier ministre groenlandais par intérim Mute Egede sur Facebook.

Le gouvernement sortant a rappelé n'avoir "envoyé aucune invitation pour des visites, qu'elles soient privées ou officielles".

Le déplacement éclair de Donald Trump Jr le 7 janvier avait déjà été vécu comme une provocation.

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Agence France-Presse
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