Les syndicats exhortent les sénateurs américains à annuler les droits de douane

Le Sénat américain devrait voter mardi sur une résolution conjointe, portée par le sénateur démocrate Tim Kaine, qui mettrait fin à l'état d'urgence national déclaré par Donald Trump pour justifier des droits de douane de 25 % sur la plupart des importations en provenance du Canada.

Dans des lettres distinctes adressées aux sénateurs américains, le Congrès du travail du Canada et la Fédération américaine du travail – Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO) demandent l'abolition des mesures tarifaires afin d'éviter des «souffrances économiques inutiles» aux travailleurs et aux entreprises des deux côtés de la frontière.

La lettre du syndicat américain indique que, bien que la déclaration d'état d'urgence national tente de justifier les droits de douane en alléguant que le Canada ne fait pas assez pour enrayer le trafic illicite de fentanyl, «le Canada n'est pas le problème».

Le syndicat précise que les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis montrent que moins de 1 % du fentanyl total entrant aux États-Unis provient du Canada.

«Les droits de douane proposés font fi de nos relations économiques et sécuritaires étroites avec le Canada, allié indéfectible et membre de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord», peut-on lire dans la lettre.

La lettre du Congrès du travail du Canada indique que près de huit millions d'emplois aux États-Unis sont liés au commerce avec le Canada. Elle précise que les entreprises canadiennes emploient environ 900 000 travailleurs aux États-Unis et que, des deux côtés de la frontière, les travailleurs sont déjà aux prises avec l'inflation et le coût de la vie élevé.

La lettre affirme que les droits de douane créeront «une pression à la hausse supplémentaire sur les prix à la consommation, mettant en péril les moyens de subsistance des travailleurs, les emplois locaux et le partenariat économique étroit et mutuellement bénéfique des États-Unis avec le Canada».

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Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, a expliqué lors d'une entrevue qu'elle n'était pas «excessivement optimiste» quant à l'adoption de la mesure, mais a ajouté que le mouvement syndical «ne ménagera aucun effort» pour protéger les emplois au Canada.

«Il est absolument crucial de s'assurer que les Américains comprennent bien que ces droits de douane, compte tenu de l'intégration de nos économies, auront également des répercussions importantes aux États-Unis», a déclaré Mme Bruske.

Elle a indiqué que le syndicat travaille régulièrement avec son homologue américain et qu'il continuera de dialoguer avec les politiciens progressistes américains sur cette question.

«Nous allons exploiter toutes les occasions possibles pour faire connaître la réalité des droits de douane», a-t-elle ajouté.

Plus tôt ce mois-ci, Donald Trump a imposé au Canada et au Mexique des droits de douane uniformes de 25 %, assortis d'une taxe réduite de 10 % sur l'énergie canadienne, avant de suspendre partiellement les droits de douane jusqu'au 2 avril.

Sur son site internet, le sénateur Kaine affirme que les taxes imposées par le président Trump sur les produits canadiens ont «plongé notre économie dans le chaos, et les Américains n'achètent pas ce qu'il essaye de leur vendre».

«Ils savent qu'ils en paieront le prix, avec des coûts plus élevés pour les produits de tous les jours, et leur confiance dans l'économie est au plus bas depuis quelques années, a déclaré M. Kaine. Beaucoup de mes collègues républicains au Congrès ont déjà exprimé leurs inquiétudes concernant ces droits de douane. Le prochain vote du Sénat sur notre projet de loi offre donc aux sénateurs l'occasion idéale de montrer aux Américains qu'ils défendront leurs électeurs et inverseront la politique économique désastreuse du président.»