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Le Bureau de la concurrence propose quatre recommandations pour améliorer la concurrence et réduire les prix, y compris une stratégie d'innovation pour soutenir les nouvelles entreprises d'alimentation et élargir le choix des consommateurs.
Le secteur canadien de l'épicerie a besoin d'une meilleure concurrence pour aider à maintenir les prix des aliments bas et encourager les nouveaux entrants, a constaté l'organisme de surveillance de la concurrence du pays.
Dans une étude très attendue publiée mardi, le Bureau de la concurrence affirme que la concentration dans l'industrie de l'épicerie a augmenté ces dernières années, les plus grands épiciers augmentant le montant qu'ils gagnent sur les ventes d'aliments.
La plupart des Canadiens achètent des produits d'épicerie dans des magasins appartenant à une poignée de géants de l'épicerie, souligne le document. Les trois plus grands épiciers du Canada – Loblaws, Sobeys et Metro – ont collectivement déclaré plus de 100 milliards $ de ventes et 3,6 milliards $ de bénéfices l'an dernier.
«Nous avons remarqué que les marges brutes des produits alimentaires des grands épiciers du Canada ont généralement augmenté de façon modeste, mais significative au cours des cinq dernières années, note le rapport. Cette tendance à long terme précède les perturbations de la chaîne d'approvisionnement rencontrées lors de la pandémie et la période inflationniste actuelle.»
Le Bureau de la concurrence estime que cela signale la nécessité d'une plus grande concurrence dans l'industrie canadienne de l'alimentation.
«Le Canada a besoin de solutions pour maîtriser le prix du panier d'épicerie, note le rapport. L'augmentation de la concurrence est un élément clé de la solution.»
Le bureau propose quatre recommandations pour améliorer la concurrence et réduire les prix, y compris une stratégie d'innovation pour soutenir les nouvelles entreprises d'alimentation et élargir le choix des consommateurs.
Il recommande également aux gouvernements d'encourager la croissance des épiciers indépendants et l'entrée d'épiciers internationaux sur le marché canadien, de normaliser les prix unitaires pour aider les Canadiens à comparer facilement les prix des épiceries et de limiter les contrôles immobiliers dans l'industrie de l'épicerie qui rendent difficile, voire impossible, l'ouverture de nouveaux magasins.
Le Bureau reconnaît qu'il doit aussi aborder son travail dans l'industrie de l'épicerie avec «plus de vigilance et de surveillance» pour s'assurer que les Canadiens bénéficient d'un plus grand choix et de paniers d'épicerie plus abordables.
«Nous devons être plus vigilants lorsque nous menons des enquêtes et prenons des mesures d'application de la loi relativement à des allégations d'actes répréhensibles, et nous devons avoir le pouvoir d'agir lorsque des problèmes se posent.»
Dans un sondage sur les attitudes et les opinions des consommateurs à l'égard du secteur de l'épicerie, certains Canadiens ont indiqué que les lois du pays n'allaient pas assez loin pour empêcher les ententes nuisibles à la concurrence, tandis que d'autres ont estimé que le Bureau de la concurrence n'avait tout simplement pas fait un travail suffisant pour faire respecter ces lois.
Lorsque la Loi sur la concurrence a été introduite en 1986, il y avait au moins huit grandes chaînes d'épiceries au Canada, selon l'étude. Chacun appartenait à une société différente.
Aujourd'hui, cinq grandes chaînes sont actives au Canada : Loblaw, Sobeys, Metro, Costco et Walmart.
L'organisme de surveillance de la concurrence s'est engagé à prendre des mesures pour mieux promouvoir la concurrence dans l'industrie canadienne de l'alimentation, notamment en offrant une perspective favorable à la concurrence pour soutenir la mise en œuvre du code de conduite canadien dans le secteur de l'épicerie.
Il s'est également engagé à revoir les conclusions de son étude dans trois ans pour évaluer les progrès des recommandations qu'il a faites au gouvernement.
La nature hautement concentrée du secteur de l'alimentation au Canada a fait l'objet d'un examen minutieux ces dernières années.
Les trois grandes chaînes d'épicerie ont été mêlées à un système présumé de fixation des prix du pain, qui, selon les observateurs, a suscité la méfiance à l'égard de l'industrie de l'épicerie.
Les grands épiciers ont également été accusés de fixation des salaires après avoir simultanément supprimé leurs primes pandémiques pour les travailleurs de première ligne.
C'est un comportement que le Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes a comparé à des «pratiques de type cartel» dans un rapport de juin 2021.
Malgré tout, les épiciers du Canada soutiennent que le regroupement accroît l'efficacité et offre aux consommateurs plus de valeur.
Les dirigeants de l'épicerie ont nié avec véhémence les accusations de hausse des prix et de soi-disant cupidité, affirmant que leurs marges sur les aliments sont restées modestes, malgré la montée en flèche des bénéfices.
Pourtant, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes a lancé l'idée d'un impôt exceptionnel sur ces profits.
Dans un rapport sur l'abordabilité de l'épicerie déposé plus tôt ce mois-ci, il a déclaré que si le Bureau de la concurrence trouvait des preuves que les grandes chaînes d'épicerie génèrent des bénéfices excédentaires sur les produits alimentaires, le gouvernement devrait envisager un impôt sur les bénéfices exceptionnels pour «dissuader les hausses excessives des marges bénéficiaires pour ces produits».
Pendant ce temps, un comité de l'industrie de l'épicerie continue d'élaborer un nouveau code de conduite qui aiderait à uniformiser les règles du jeu entre les grands épiciers, les magasins indépendants et les fournisseurs.
Les prix des aliments ont enregistré une flambée massive au Canada depuis novembre 2021, le dernier mois pour lequel l'inflation annuelle des produits alimentaires était inférieure à 5,0%.
Depuis lors, les prix des produits d'épicerie ont constamment augmenté de près de 10,0%, culminant à 11,4% sur une base annuelle en septembre dernier, et de nouveau en novembre, avant de fléchir quelque peu au cours des derniers mois.
Statistique Canada a indiqué mardi que les prix des produits vendus dans les épiceries avaient augmenté de 9,0% d'une année à l'autre en mai.