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Cela ne plaît pas à l'opposition biélorusse et aux militants, qui ont qualifié les combattants de Wagner de «menace pour le peuple biélorusse et l'indépendance (du pays)» et ont promis d'agir.
Alors que la vie en Russie revenait à la normale après une rébellion armée d'un groupe de mercenaires, les tensions montaient chez son voisin, la Biélorussie, où le chef de la force armée en exil et certains de ses combattants s'installaient.
Le déménagement en Biélorussie faisait partie de l'accord que le Kremlin a conclu avec Yevgeny Prigozhin, chef de la société militaire privée Wagner, pour mettre fin à la rébellion du week-end dernier qui a secoué les dirigeants russes.
M. Prigozhin et ses combattants ont échappé aux poursuites judiciaires et se sont vu offrir refuge en Biélorussie par le président Alexandre Loukachenko, qui a déclaré que son pays pouvait utiliser leur expérience et leur expertise.
Cela ne plaît pas à l'opposition biélorusse et aux militants, qui ont qualifié les combattants de Wagner de «menace pour le peuple biélorusse et l'indépendance (du pays)» et ont promis d'agir.
«Nous sommes catégoriquement contre le cantonnement de mercenaires russes en Biélorussie et préparons un accueil "chaud" aux wagnériens en Biélorussie», a déclaré Aliaksandr Azarau, chef du groupe de guérilla appelé BYPOL, composé d'anciens militaires, qui s'exprimait lors d'un entretien téléphonique avec l'Associated Press hors du pays.
Les pays baltes voisins ont également exprimé des inquiétudes quant à la manière dont cela affecterait la sécurité régionale. Dans une déclaration commune mercredi, les présidents des Parlements de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie ont exhorté l'Union européenne (UE) à qualifier Wagner d'organisation terroriste.
«L'émergence du groupe de mercenaires Wagner en Biélorussie pourrait rendre la situation sécuritaire aux frontières orientales de l'OTAN et de l'UE encore plus précaire», indique le communiqué.
M. Loukachenko a déclaré que les combattants wagnériens qui ne veulent pas passer sous le commandement du ministère russe de la Défense – l'une des options offertes par le président russe Vladimir Poutine – peuvent rester en Biélorussie «pendant un certain temps» à leurs propres frais.
Il a précisé qu'il leur avait proposé «une unité militaire abandonnée» pour installer un camp, et a promis d'aider avec tout ce qui était en leur pouvoir.
«Nous envisageons cela de manière pragmatique: si leurs commandants viennent à nous et nous aident, (nous bénéficions) de leur expérience», a expliqué M. Loukachenko.
Il n'a pas précisé l'emplacement de l'installation, mais M. Azarau a déclaré que la construction d'un site pour les mercenaires de Wagner était en cours à Osipovichi, une ville à 230 kilomètres au nord de la frontière avec l'Ukraine.
Les habitants de la ville de 30 000 habitants ont déclaré à l'AP qu'ils étaient secoués par les développements.
«Il y a du matériel militaire dans les rues et des militaires biélorusses - tous les habitants discutent de l'arrivée des wagnériens et, franchement, nous paniquons et ne sommes pas contents d'être voisins avec eux», a affirmé au téléphone Inga, médecin de 43 ans à Osipovichi.
Le Kremlin a promis de ne pas poursuivre M. Prigozhin pour la rébellion après avoir conclu un accord selon lequel il arrêterait le soulèvement et se rendrait en Biélorussie. Cela s'est produit même si le président Poutine a juré de punir ceux qui sont derrière ce qu'il a appelé une trahison et un «coup de poignard dans le dos».
Le président bélarusse Loukachenko a été l'allié le plus proche de Vladimir Poutine, permettant à la Russie d'utiliser la Biélorussie pour envoyer des troupes et des armes en Ukraine. Il s'est félicité du maintien de la présence militaire russe dans le pays et du déploiement de certaines des armes nucléaires tactiques de la Russie.
Il a cependant souligné que les combattants de M. Prigozhin «ne garderont aucune arme nucléaire».
Le chef Prigozhin est arrivé en Biélorussie lundi, a fait savoir M. Loukachenko, mais on ne sait pas où il se trouve exactement.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a minimisé les inquiétudes selon lesquelles Wagner constituerait une menace provenant de la Biélorussie. Selon lui, les mercenaires n'iront probablement pas là-bas en grand nombre et il a ajouté que l'armée ukrainienne pense que la sécurité le long de leur frontière restera «inchangée et contrôlable».
Un groupe indépendant de surveillance militaire biélorusse, Belaruski Hajun, a confirmé que M. Loukachenko avait rencontré le chef Prigozhin dans une résidence au bord du réservoir de Zaslavskoye, «où des négociations non publiques se déroulent avec la participation de toute la famille Loukachenko», a soutenu Anton Matolka, coordinateur du groupe. Il n'a pas donné de précision, mais les fils de M. Loukachenko sont connus pour jouer un rôle dans certaines activités gouvernementales.
Le groupe BYPOL a déclaré à l'AP qu'ils résisteraient aux combattants de Wagner installés en Biélorussie et procéderaient à des actes de sabotage sur des sites où sont hébergés des mercenaires.
La Pologne, la Lettonie et la Lituanie, membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), qui partagent une frontière de 1250 kilomètres avec la Biélorussie, ont déclaré qu'elles allaient renforcer la sécurité le long de la frontière en raison de la présence des forces de Wagner.
La cheffe de l'opposition biélorusse Sviatlana Tsikhnaouskaya, qui est en exil à l'étranger, a dit que le fait d'avoir des combattants de Wagner en Biélorussie menaçait la souveraineté du pays. Elle a noté que cela se déroule dans la perspective du sommet de l'OTAN à Vilnius, capitale de la Lituanie, le mois prochain.
«La présence du criminel Prigozhin en Biélorussie est une illustration de la façon dont notre pays s'est transformé en un refuge pour les tyrans et les menaces nucléaires», a déclaré Mme Tsikhanouskaya.
Des analystes pensent que M. Loukachenko utilise la situation comme levier pour obtenir plus de prêts et de financements du Kremlin en échange de son rôle de sauveur de la mutinerie en Russie.
«M. Loukachenko est un joueur très expérimenté, et il demandera à M. Poutine de payer pour une faveur qu'il a rendue au Kremlin avec de nouveaux prêts et des concessions économiques», a déclaré l'analyste politique biélorusse Valery Karbalevich.
M. Loukachenko a fait preuve de prudence tout au long de la guerre en Ukraine, de sorte que le déménagement et l'hébergement des combattants de Wagner se feront par petits lots, «avec beaucoup de prudence et sous le contrôle strict des services de sécurité biélorusses», a affirmé Mme Karbalevich.