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Politique

Le gouvernement Trudeau survit à une 3e motion de censure des conservateurs

À moins d'un revirement majeur de situation, les libéraux pourront compter sur le Nouveau Parti démocratique.

La silhouette d'un homme se dessine alors que des bâtiments projettent leurs ombres devant la tour de la Paix, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le mercredi 27 novembre 2024.
La silhouette d'un homme se dessine alors que des bâtiments projettent leurs ombres devant la tour de la Paix, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le mercredi 27 novembre 2024.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Les libéraux ont survécu lundi à un vote sur une troisième motion conservatrice visant à faire tomber leur gouvernement minoritaire. 

Sans surprise, ils ont pu compter sur le Nouveau Parti démocratique (NPD). Le chef de la formation politique, Jagmeet Singh, avait fait savoir dès la semaine dernière que son caucus s'opposerait à la motion dite, dans le jargon parlementaire, «de censure».

Les bloquistes, comme ils l'avaient indiqué au préalable, ont appuyé la motion, ce qui n'était pas suffisant pour que celle-ci soit entérinée.

Le libellé de la motion battue citait des critiques qu'a formulées M. Singh à l'égard des libéraux depuis qu'il s'est retiré de l'entente de soutien et de confiance qu'avait son parti avec celui du premier ministre Justin Trudeau.

Quelques minutes avant le vote, le chef conservateur, Pierre Poilievre, a profité de la période des questions pour faire allusion au moment de la mise aux voix dans une boutade adressée au gouvernement, mais surtout aux néo-démocrates.

«Est-ce que le premier ministre va permettre au chef du NPD un vote libre pour qu'il puisse voter la non-confiance (envers le gouvernement)?», a-t-il lancé.

Comme il l'a fait jeudi dernier, M. Poilievre a répété, tout sourire, que sa démarche s'inscrivait dans «un esprit non partisan», ce qui a, à nouveau, déclenché des rires dans la Chambre.

Les conservateurs estiment avoir réussi à faire la démonstration que M. Singh n'est pas conséquent avec ses propos passés. «Les Canadiens savent maintenant que les paroles de Jagmeet Singh n’ont aucune valeur», a déclaré le parti dans un communiqué.

Le chef du NPD a balayé ces critiques du revers de la main. «Tout ce que les conservateurs font et ce que Pierre Poilievre fait, c'est un jeu politique. Il n'est pas quelqu'un de sérieux. Ce qu'il veut, c'est le pouvoir pour lui-même», a-t-il répliqué en mêlée de presse.

Il a, une fois de plus, justifié son opposition à la motion en plaidant que donner un appui aux conservateurs reviendrait à cautionner d'éventuelles coupes dans des programmes dont les gens ont besoin.

Quel avenir pour les chèques de 250 $?

Après le rejet de la proposition conservatrice, une écrasante majorité d'élus ont également battu une motion du NPD demandant au gouvernement d'élargir la portée du congé de Taxe sur les produits et services (TPS) aux «biens» que le parti d'opposition considère comme «essentiels». Cela inclut les factures de chauffage, d’internet et de téléphone cellulaire, peut-on lire dans la motion qui faisait aussi valoir que l'exemption de TPS devrait être permanente.

Le texte plaidait aussi pour des modifications à la mesure proposée par les libéraux pour offrir un chèque de 250 $ à chaque travailleur ayant eu, en 2023, un revenu d'emploi de 150 000 $ ou moins. Les néo-démocrates souhaitaient notamment que les retraités, «les nouveaux diplômés qui tentent d’intégrer le marché du travail» et les personnes handicapées ne travaillant pas puissent aussi toucher cette somme.

Les néo-démocrates ont mordu la poussière puisqu'ils n'ont pu compter que sur l'appui des deux députés verts et d'un député libéral, Chad Collins. Ce dernier avait signalé, il y a environ deux semaines, qu'il comptait voter contre la mesure promise par les libéraux, advenant qu'elle se retrouve dans un projet de loi, si les aînés ne pouvaient en profiter.

Questionné sur la possibilité de trouver un terrain d'entente avec M. Trudeau sur les chèques de 250 $, M. Singh s'est contenté de répondre qu'il a «toujours l'espoir de gagner quelque chose pour les gens», dans ce cas-ci comme dans les autres dossiers prioritaires pour le NPD.

«Ce qu'on a dit, qui n'est pas négociable (…) – on est ferme – , c’est le fait que c'est inacceptable qu'une personne qui gagne 140 000 $ va recevoir un chèque, mais une personne âgée ne va rien recevoir», a-t-il ajouté en parlant des personnes retraitées, mentionnant aussi les personnes handicapées qui n'ont pas de revenu d'emploi. 

Le premier ministre a dit, il y a un peu plus d'une semaine, que son gouvernement avait pris la décision «délibérée» d'aider les travailleurs uniquement cette fois. «Ces gens font la force de notre pays et ils en arrachent», avait-il plaidé.

Première motion conservatrice qui n'est pas «de censure»

Avant que ces votes n'aient lieu, les conservateurs ont présenté une nouvelle motion visant à demander au gouvernement d'éliminer la TPS sur les maisons neuves vendues à moins d'un million de dollars. Cette quatrième motion déposée par les conservateurs dans le cadre d'une journée d'opposition depuis septembre est la première qui n'en soit pas une «de censure».

Néanmoins, les conservateurs promettent, dans leur communiqué de lundi, qu'ils «n’arrêteront pas de se battre pour livrer une élection sur la taxe carbone où les Canadiens pourront enfin voter pour un gouvernement qui ramènera des prix plus bas pour les Canadiens».

Ils présenteront mardi leur dernière motion de la session parlementaire dans le cadre d'une journée d'opposition. L'équipe de M. Poilievre n'a pas répondu à la question de La Presse Canadienne à savoir quel texte sera alors mis de l'avant.

En attendant, le libellé débattu lundi est écrit de façon à reprendre, en tous points, une mesure que le chef conservateur Pierre Poilievre promet d'implanter, depuis octobre, s'il devient premier ministre.

Au moment de formuler cet engagement, M. Poilievre avait signalé qu'il comptait, pour financer une telle promesse, réutiliser des fonds prévus dans des programmes instaurés par les libéraux de Justin Trudeau qu’il entend abolir, dont le Fonds pour accélérer la construction de logements.

«Éliminer la TPS (...) sur les nouvelles maisons serait une façon d'arrêter les taxes inflationnistes qui ont rendu la vie coûteuse», a déclaré lundi M. Poilievre en période des questions

Le ministre de l'Énergie, Jonathan Wilkinson, s'est alors levé pour affirmer que le «plan» du chef conservateur «augmente le coût du logement». 

Avant que l'opposition officielle ne présente sa nouvelle motion qui sera votée mardi, des députés néo-démocrates sont intervenus sur une question de privilège soulevée vendredi par la cheffe adjointe conservatrice Melissa Lantsman concernant une manifestation qui s'est déroulée la semaine dernière.

Une centaine de manifestants avaient organisé mardi un sit-in à l'intérieur de l'édifice de la Confédération, un des immeubles abritant des bureaux de députés, pour réclamer un embargo sur la vente d'armes à Israël.

Les conservateurs ont affirmé que la sécurité d'élus et de leur personnel a été menacée et ils ont reproché à trois députés néo-démocrates d'avoir appuyé verbalement les participants au sit-in.

Les néo-démocrates qui ont pris la parole lundi ont qualifié de «frivole» la demande de Mme Lantsman et ont rapporté une version des événements tout autre.

«Ce n'était d'aucune façon une occupation, c'était un sit-in pacifique et très court», a par exemple dit la porte-parole des troupes de M. Singh en matière d'affaires étrangères, Heather McPherson, précisant qu'elle et son personnel ont pu circuler entre l'extérieur et l'intérieur de l'édifice «avec une grande facilité».

Elle a affirmé avoir écouté ce que les manifestants avaient à dire puisque cela correspond à son rôle de députée de tendre l'oreille pour entendre ce que les Canadiens expriment.

La présidence de la Chambre n'a pas encore rendu de décision sur la recevabilité de la question de privilège soulevée par Mme Lantsman.

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne