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«Nous travaillons pour que la période de transition soit rapide et sans heurts», a-t-il déclaré.
Le premier ministre syrien a assuré lundi que la plupart des ministres étaient encore au travail depuis que les rebelles ont renversé le président Bachar al-Assad.
Mais certains employés de l'État n'ont pas repris leur travail et un fonctionnaire des Nations unies a déclaré que le secteur public du pays s'était «complètement et brusquement arrêté».
Pendant ce temps, des flux de réfugiés sont rentrés en Syrie depuis les pays voisins, dans l'espoir d'un avenir plus paisible et à la recherche d'amis et de parents disparus sous le régime brutal d'al-Assad.
Il y avait déjà des signes des difficultés à venir pour l'alliance de groupes rebelles qui contrôle maintenant une grande partie du pays.
Cette alliance est dirigée par un ancien militant d'Al-Qaïda qui a rompu ses liens avec le groupe extrémiste il y a plusieurs années et qui a promis un gouvernement représentatif et une tolérance religieuse.
Le commandement rebelle a ainsi promis lundi qu'il ne dirait pas aux femmes comment s'habiller.
«Il est strictement interdit d'interférer avec la tenue vestimentaire des femmes ou d'imposer toute demande liée à leurs vêtements ou à leur apparence, y compris des demandes de pudeur», a déclaré le commandement dans un communiqué publié sur les médias sociaux.
Près de deux jours après l'entrée des rebelles dans la capitale, Damas, certains services gouvernementaux clés ont été fermés lorsque des fonctionnaires ont ignoré les appels à reprendre leur travail, a déclaré un employé de l'ONU, ce qui a causé des problèmes dans les aéroports et aux frontières et ralenti le flux de l'aide humanitaire.
Le chef rebelle Ahmed al-Sharaa, longtemps connu sous son nom de guerre «Abu Mohammed al-Golani», a également rencontré pour la première fois le premier ministre, Mohammad Ghazi al-Jalali, qui est resté en Syrie lorsque Al-Assad a fui.
«Vous verrez qu’il y a des compétences» parmi les rebelles, a déclaré M. Al-Sharaa dans une vidéo partagée sur une chaîne de messagerie rebelle.
Israël a indiqué avoir mené des frappes aériennes sur des sites soupçonnés d'abriter des armes chimiques et des roquettes à longue portée, afin d'éviter qu'elles ne tombent entre les mains d'extrémistes. Israël s'est également emparé d'une zone tampon à l'intérieur de la Syrie après le retrait des troupes syriennes.
Dans le nord de la Syrie, la Turquie a déclaré que les forces d'opposition alliées ont saisi la ville de Manbij des forces dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis — rappel que même après le départ d'Al-Assad, le pays reste divisé entre les groupes armés qui se sont battus dans le passé.
Le Kremlin a annoncé que la Russie avait accordé l'asile politique à Bachar Al-Assad, une décision prise par le président Vladimir Poutine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est refusé à tout commentaire sur l'endroit où se trouve M. Assad et a déclaré que M. Poutine n'avait pas l'intention de le rencontrer.
Damas était calme, lundi. Il n’y avait guère de signes de présence des forces de sécurité, même si, dans certains secteurs, de petits groupes d’hommes armés étaient postés dans les rues.
Dans de nombreuses régions de Syrie, des familles attendent désormais devant les prisons, les bureaux de sécurité et les tribunaux, espérant avoir des nouvelles de leurs proches emprisonnés ou disparus.
Au nord de Damas, dans la redoutable prison militaire de Saydnaya, des femmes détenues, certaines avec leurs enfants, hurlaient tandis que les rebelles cassaient les serrures des portes de leurs cellules. Amnistie internationale et d’autres organisations affirment que des dizaines de personnes ont été secrètement exécutées chaque semaine à Saydnaya, et elles estiment que jusqu’à 13 000 Syriens ont été tués entre 2011 et 2016.
«N’ayez pas peur», a déclaré un rebelle en faisant sortir les femmes des cellules bondées. «Bachar Al-Assad est tombé!»
Dans le sud de la Turquie, des centaines de réfugiés syriens se sont rassemblés lundi à deux postes-frontières, dans l'espoir de rentrer chez eux. Mustafa Sultan, au poste d'Oncupinar, a déclaré qu'il était à la recherche de son frère aîné emprisonné sous le régime d'Assad.
«Je ne l'ai pas vu depuis 13 ans, a-t-il déclaré. Les prisons ont été vidées, alors je vais aller voir s'il est en vie.»
Le premier ministre affirme que le gouvernement est toujours opérationnel
Le premier ministre Mohammed Ghazi Jalali, qui est resté à son poste après la disparition d'Al-Assad et de la plupart de ses hauts fonctionnaires au cours du week-end, s'est efforcé de donner une image de normalité.
«Nous travaillons pour que la période de transition soit rapide et sans heurts», a-t-il déclaré lundi à la chaîne de télévision Sky News Arabia, affirmant que la situation sécuritaire s'était déjà améliorée par rapport à la veille.
À la Cour de justice de Damas, qui a été prise d'assaut par les rebelles pour libérer des détenus, le juge Khitam Haddad, collaborateur du ministre de la Justice du gouvernement sortant, a indiqué dimanche que les juges étaient prêts à reprendre rapidement leur travail.
«Nous voulons donner à chacun ses droits, a déclaré M. Haddad à l'extérieur du palais de justice. Nous voulons construire une nouvelle Syrie et continuer le travail, mais avec de nouvelles méthodes.»
Cependant, un fonctionnaire de l'ONU a prévenu que certains services gouvernementaux avaient été paralysés parce que les employés de l'État, inquiets, étaient restés chez eux.
Le secteur public «s'est complètement et brusquement arrêté», a lancé Adam Abdelmoula, coordinateur résident et humanitaire de l'ONU pour la Syrie, notant, par exemple, qu'un vol humanitaire transportant des fournitures médicales urgentes avait été suspendu après que les employés de l'aviation aient abandonné leur travail.
«C'est un pays qui a eu un seul gouvernement pendant 53 ans et soudain tous ceux qui ont été diabolisés par les médias publics sont maintenant aux commandes dans la capitale du pays», a rappelé M. Abdelmoula à l'AP.
«Je pense qu’il faudra quelques jours et beaucoup d’assurance de la part des groupes armés pour que ces personnes retournent au travail.»
Le Royaume-Uni et les États-Unis envisagent tous deux de retirer le principal groupe rebelle anti-Assad de leurs listes d'organisations terroristes désignées.
Hayat Tahrir al-Sham (HTS) était à l'origine une branche d'Al-Qaïda, mais a rompu ses liens avec le groupe il y a plusieurs années et s'est efforcé de présenter une image plus modérée.
Le chef du groupe, M. al-Sharaa, «tient des propos justes sur la protection des minorités et le respect des droits des personnes», a déclaré le ministre britannique Pat McFadden.
Mais le premier ministre britannique, Keir Starmer, s'exprimant plus tard lors d'une visite en Arabie saoudite, a déclaré qu'il était «bien trop tôt» pour prendre cette décision.
À Washington, un responsable de l'administration de Joe Biden a noté que HTS sera un «élément important» dans l'avenir de la Syrie et que les États-Unis devaient «s'engager avec eux de manière appropriée».
Les États-Unis ont également annoncé qu'ils envoyaient leur envoyé spécial pour les affaires d'otages à Beyrouth afin de chercher des informations sur le sort d'Austin Tice, un journaliste qui a disparu en Syrie il y a 12 ans et qui, selon le président Biden, serait toujours en vie.
Les Israéliens ont salué la chute d'Al-Assad, qui était un allié clé de l'Iran et du groupe militant libanais Hezbollah, tout en exprimant leur inquiétude quant à la suite des événements. Israël affirme que ses forces ont temporairement saisi une zone tampon à l'intérieur de la Syrie datant d'un accord de 1974 après le retrait des troupes syriennes dans le chaos.
«Le seul intérêt que nous avons est la sécurité d'Israël et de ses citoyens, a déclaré lundi à la presse le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar. C'est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d'armes stratégiques, comme, par exemple, des armes chimiques restantes, ou des missiles et des roquettes à longue portée, afin qu'ils ne tombent pas entre les mains d'extrémistes.»
M. Saar n'a pas donné de détails sur la date et le lieu des frappes.
La Syrie avait accepté de renoncer à son stock d'armes chimiques en 2013, après que le gouvernement a été accusé d'avoir lancé une attaque près de Damas qui a tué des centaines de personnes. Cependant, il est largement admis que le pays a conservé certaines de ces armes et il a été accusé de les utiliser à nouveau au cours des années suivantes.
Des responsables turcs, qui sont le principal soutien de l'opposition syrienne à Al-Assad, affirment que leurs alliés ont pris le contrôle total de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, des mains d'une force soutenue par les États-Unis et dirigée par les Kurdes, connue sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS).
Les FDS ont déclaré qu'un drone turc avait frappé le village d'al-Mistriha dans l'est de la Syrie, tuant 12 civils, dont six enfants.
La Turquie considère les FDS, qui sont principalement composées d'une milice kurde syrienne, comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit, qui mène une insurrection depuis des décennies en Turquie. Les FDS ont également été un allié clé des États-Unis dans la guerre contre le groupe État islamique.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a exprimé lundi l'espoir d'une nouvelle ère en Syrie dans laquelle les groupes ethniques et religieux peuvent vivre pacifiquement sous un gouvernement inclusif. Mais il a mis en garde contre le fait de permettre à l'État islamique ou aux combattants kurdes de profiter de la situation, affirmant que la Turquie empêchera la Syrie de se transformer en «havre pour le terrorisme».