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«Nous étions réellement très inquiets pour la sécurité économique du pays», a déclaré Cindy Termorshuizen, une sous-ministre adjointe aux affaires étrangères au sein d'Affaires mondiales Canada.
Les manifestations du soi-disant «Convoi de la liberté» qui ont assiégé le centre-ville d'Ottawa l'hiver dernier, en plus d'inspirer plusieurs blocus à la frontière américaine, auraient sérieusement nui à la réputation internationale du Canada et à sa sécurité économique selon de hauts fonctionnaires.
Ces témoignages entendus lundi soir par la Commission sur l'état d'urgence, en plus de nouveaux documents soumis en preuve, semblent démontrer que des diplomates devaient répondre à des questions pressantes et écouter les plaintes des autorités américaines au sujet des blocus qui freinaient les échanges commerciaux à la frontière.
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La commission est chargée d'enquêter sur la décision du gouvernement fédéral d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence afin de mettre fin à ce mouvement de contestation des mesures sanitaires liées à la COVID-19.
«Nous étions réellement très inquiets pour la sécurité économique du pays», a déclaré Cindy Termorshuizen, une sous-ministre adjointe aux affaires étrangères au sein d'Affaires mondiales Canada.
Elle a ajouté qu'être considéré comme un partenaire d'affaires et un lieu d'investissement fiable sur la scène internationale, ça veut dire être un État où la règle de droit est appliquée. «Clairement, ce que l'on voyait au cours de cette période était un grave mépris de la loi», a-t-elle dit.
Un courriel rédigé par l'ancien ministre libéral Ralph Goodale, aujourd'hui haut-commissaire au Royaume-Uni, a été déposé en preuve à la commission. On peut y lire son point de vue en date du 13 février, la veille de l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence.
«Deux conséquences doivent être surveillées de près — les impacts négatifs sur l'économie et la réputation du Canada en raison des perturbations dans les échanges commerciaux ainsi que l'impression possible que les systèmes de renseignement, de sécurité et des forces de l'ordre ne soient pas capables de répondre efficacement à des comportements illégaux à grande échelle», a écrit M. Goodale à ses collègues.
Un résumé du contenu d'entrevues réalisées avec Mme Termorshuizen et d'autres hauts fonctionnaires, également déposé en preuve, révèle que les autorités américaines ont clairement fait savoir à leurs homologues canadiens que la fermeture de la frontière à Windsor, en Ontario, et à Coutts, en Alberta, constituait un enjeu majeur.
Un témoignage a rapporté que le blocus entraînait de graves conséquences sur le fonctionnement du secteur de la construction automobile et que cela nuisait aux efforts du Canada pour se présenter en partenaire économique essentiel pour les États-Unis.
Un autre témoignage a mis en lumière le fait que ces blocus causaient du tort aux travailleurs canadiens et américains de la classe moyenne.
Selon le témoignage de Mme Termorshuizen, le recours à la Loi sur les mesures d'urgence a eu pour effet de redresser l'image du Canada et d'effacer tout doute sur la fiabilité du pays en tant que partenaire économique.
Pour Martin Loken, qui était alors chef adjoint de la mission canadienne à Washington, D.C., le recours à la Loi sur les mesures d'urgence constitue le moment exact où le Canada a décidé de prendre la situation au sérieux. Il ajoute que ce recours à la loi n'a suscité aucune critique des autorités américaines.
Le gouvernement fédéral a invoqué la loi le 14 février dernier, près de trois semaines après le début des manifestations qui se sont transformées en siège au centre-ville d'Ottawa.
Parmi les arguments évoqués pour justifier l'emploi de pouvoirs extraordinaires, on a plaidé la sécurité économique du pays, la capacité d'effectuer des échanges commerciaux internationaux et l'importance de protéger la chaîne d'approvisionnement.