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Louise Arbour, Louise Otis, Irwin Cutler et Guy St-Jacques sont parmi les noms suggérés par le chef bloquiste Yves-François Blanchet.
Les chefs conservateur, Pierre Poilievre, et bloquiste, Yves-François Blanchet, se sont rencontrés mardi midi pour discuter des prochaines étapes relativement à une commission d'enquête sur l'ingérence étrangère, ont confirmé leurs bureaux respectifs.
La rencontre s'est d'ailleurs tenue à la demande des conservateurs, a-t-on précisé au Bloc, tout en demeurant avare de commentaires sur la teneur des discussions.
En fin d'avant-midi, le chef bloquiste ne semblait pourtant pas particulièrement enthousiaste à tenir une rencontre avec les chefs des autres partis lorsqu'il a été questionné par la presse parlementaire.
«Le niveau de tension actuelle entre les chefs de partis, il est sans précédent. (...) Donc si on me dit: «Hey, ça te tente-tu d'aller luncher avec les chums?» M'a dire: «Ah! Pas trop.» Maintenant, est-ce que c'est notre devoir de se rendre disponible pour procéder à un tel exercice dans le sens du bien commun ou de l'État? Oui. Donc, si ça devait être sollicité, je participerai.»
M. Blanchet avait même évoqué l'idée de confier ce «fardeau peu agréable» à son leader parlementaire, Alain Therrien, «qui lui a tellement de plaisir avec ses partenaires leaders des autres formations politiques». M. Therrien, qui se trouvait derrière lui, roulait à ce moment des yeux en souriant.
Voulant «mettre le pied sur l'accélérateur», M. Blanchet a également partagé mardi matin une liste de noms de candidats pour occuper le poste de commissaire d'enquête publique et indépendante sur l'ingérence étrangère.
Il cite quatre personnes ayant «l'envergure pour mener à bien une telle démarche»: les anciennes juges Louise Arbour et Louise Otis, l'ancien ministre de la Justice Irwin Cutler et l'ancien ambassadeur du Canada en Chine Guy St-Jacques.
M. Blanchet conseille de nommer des commissaires adjoints. Il suggère que l'ancien directeur général des élections du Canada, Jean-Pierre Kingsley, pourrait occuper un de ces postes.
M. Blanchet soutient également l'importance que le Parlement se penche sur la mise en place de cette commission d'enquête d'ici la fin de session, soit dans 11 jours. Selon lui, il est nécessaire de procéder rapidement, de «telle sorte que le processus électoral soit protégé dès le prochain scrutin fédéral».
Questionné en mêlée de presse au sujet des noms soumis par le Bloc québécois, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu'il est «bon de voir des contributions constructives de différents partis».
Il a abordé plus directement ce point en période des questions, remerciant M. Blanchet «d'avoir soumis des noms intéressants et raisonnables».
«Nous sommes très ouverts à les regarder et à continuer de travailler avec eux pour établir un processus qui va avoir la confiance de cette Chambre et des Canadiens», a-t-il dit au cours de l'un de ses échanges avec le chef bloquiste.
Durant ces derniers, le premier ministre a évité de répondre directement à M. Blanchet qui réclamait qu'il confirme que ce serait une enquête indépendante et publique qui serait mise en place et que ça se ferait d'ici la fin de la session parlementaire.
«Si nous pouvons avancer en allant au-delà de la toxicité et de la partisanerie qui a caractérisé l'approche de plusieurs (formations politiques), (?) travailler ensemble pour souligner tout ce qui a été fait et quelles prochaines étapes doivent être entreprises, ce sera une bonne chose», avait dit, plus tôt, M. Trudeau en anglais en réponse à un journaliste qui l'a interpellé dans cette langue.
En marge de la réunion du conseil des ministres, le leader du gouvernement à la Chambre, Mark Holland, a dit s'attendre à ce que les autres partis soumettent également des noms.
Votre propre parti, le Parti libéral, va-t-il en dévoiler des noms, s'est-il alors fait demander. La réponse: «c'est certain maintenant».
Pour le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, les noms présentés par le Bloc québécois «à premier regard» sont «raisonnables» et «intéressants». M. LeBlanc a refusé de commenter les noms affirmant que ces personnes n'ont peut-être même pas été approchées.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a pour sa part réitéré ses critères pour le choix d'un commissaire. Sa formation réclame un juge, qu'il soit en exercice ou à la retraite, quelqu'un qui n'a pas fait de don à un parti politique depuis plusieurs années et qui n'est pas affilié à la Fondation Pierre Elliott Trudeau.
Quant à la sélection du commissaire, M. Singh recommande que des élus de chaque parti se rencontrent au sein d'un comité pour discuter de noms de candidats puis que la décision se prenne à l'unanimité des partis au Parlement.
Le chef du Parti conservateur ne s'est pas présenté devant les médias mardi. Dimanche, M. Poilievre avait déclaré qu'il travaillerait avec ses collègues de l'opposition pour s'assurer que la personne choisie est «indépendante et impartiale».
Le ministre LeBlanc a tendu la main samedi aux partis d'opposition afin de planifier la suite des choses dans le dossier de l'ingérence de la Chine et d'autres pays au Canada, démontrant une importante ouverture à la tenue d'une enquête publique.
La veille, le rapporteur spécial sur l'ingérence David Johnston avait annoncé sa démission, citant le climat «hautement partisan» autour de sa nomination et de son travail qui l'a empêché, à son avis, de redonner confiance aux Canadiens envers leurs institutions démocratiques.