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Mme Joly a déclaré que le Canada avait fait pression sur la Chine pour qu'elle élargisse ses pourparlers avec la Russie afin d'y inclure l'Ukraine.
Le rôle des pays en développement dans le conflit ukrainien a occupé le devant de la scène, vendredi, alors que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, rencontrait son homologue norvégienne à Ottawa.
Mme Joly a déclaré que le Canada avait fait pression sur la Chine pour qu'elle élargisse ses pourparlers avec la Russie afin d'y inclure l'Ukraine. L'envoyé de l'Afrique du Sud, quant à lui, a exhorté Ottawa à soutenir plutôt un règlement à cette guerre.
«Nous devons élargir la coalition d'États avec lesquels nous discutons, a déclaré la ministre Joly vendredi. C'est une question de sécurité internationale.»
Mme Joly s'exprimait lors d'une discussion publique sur le multilatéralisme avec la ministre norvégienne des Affaires étrangères, Anniken Huitfeldt, organisée par le Centre mondial du pluralisme, à Ottawa.
Les deux femmes ont brièvement abordé les relations entre les deux pays, qui font face tous les deux au changement climatique et à la réconciliation avec les peuples autochtones. Mais l'événement visait principalement à amener les pays en développement à faire pression sur la Russie pour qu'elle mette fin à son invasion de l'Ukraine.
Mme Joly a ainsi déclaré qu'elle avait demandé au ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, de faire en sorte que le président Xi Jinping s'entretienne avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
La Chine a présenté le 24 février un «plan en douze points» de règlement politique du conflit. Mme Joly a déclaré qu'elle avait profité de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, en Inde plus tôt ce mois-ci, pour demander à Pékin d'élargir ses discussions au-delà du simple dialogue bilatéral avec Moscou.
«Quand j'étais en Ukraine, ce que j'ai clairement entendu du président Zelensky, c'est qu'il n'avait pas encore parlé à Xi Jinping, a-t-elle dit. Si la Chine veut vraiment jouer un rôle en termes de discussions de paix, eh bien, avant tout, il devrait y avoir une conversation entre ces deux dirigeants.»
La ministre Huitfeldt, de Norvège, a quant à elle reconnu que les pays en développement avaient déploré que la crise ukrainienne ait détourné l'attention et le financement de problèmes qui se sont envenimés depuis des années.
«Je peux parfaitement comprendre leur frustration, car ils souffrent de la hausse des prix des denrées alimentaires et du changement climatique. Nous devons donc vraiment nous engager, a-t-elle déclaré. Nous enlevons de l'argent aux crises humanitaires dans d'autres parties du monde.»
Mme Huitfeldt a aussi indiqué que de nombreux pays en développement aimeraient voir une position plus ferme sur les colonies illégales d'Israël dans les territoires palestiniens, sinon la critique de l'invasion de la Russie sonne creux.
Les deux ministres «du nord» ont répondu aux questions de l'auditoire, y compris du haut-commissaire de l'Afrique du Sud au Canada, Rieaz Shaik.
«La grande majorité des habitants de la planète vivent dans l'hémisphère sud et nous vous savons gré que vous entendiez notre voix lorsque nous vous disons que nous nous sentons sans voix, que nous ne nous sentons pas entendus, que nous nous sentons ignorés, et nous vous invitons à faire quelque chose à ce sujet», a-t-il souligné.
M. Shaik a fait valoir qu'un règlement négocié valait mieux que de voir des pays armer à la fois l'Ukraine et la Russie. «Nous sommes au bord d'une catastrophe sans précédent dans l'histoire de l'humanité. La guerre, l'invasion doit cesser. Mais écoutez l'autre point de vue (…) qui dit que nous pouvons nous mettre autour de la table et nous pouvons résoudre ce conflit.»
La ministre Huitfeldt a répondu que la Norvège avait tenté une campagne soutenue de collaboration avec la Russie voisine depuis plus de 30 ans pour promouvoir la démocratie, mais Vladimir Poutine s'est imposé comme un «homme fort» autoritaire qui a piétiné la société civile.