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Une vie nomade, sans domicile fixe, à travers le pays et outre-mer, ça vous parle?
Une vie nomade, sans domicile fixe, à travers le pays et outre-mer, ça vous parle? Avec la hausse vertigineuse du prix des logements, l’option peut en charmer certains.
Thibault Renouf, entrepreneur en technologie, nous accueille dans l’appartement qu’il occupera pour les trois prochaines semaines seulement.
Il enjambe quelques sacs de voyage qui jonchent le sol en cherchant le mot de passe du WiFi. «Zut, j’ai oublié de le demander aux propriétaires avant qu’ils partent en vacances.» Voilà son train-train quotidien.
Il vit d’appartement en appartement, de maison en maison, au gré du vent et de ses envies. Pas de domicile fixe. SDF par choix. Nomade urbain. Comment s’y prend-il? Il garde les animaux de compagnie de vacanciers à travers le monde et en échange, il vit dans leur demeure le temps de leurs escapades.
Voyez l'histoire de Thibault Renouf dans le reportage qui accompagne ce texte.
«De plus en plus de personnes ont adopté des animaux durant la pandémie et veulent retourner en voyage maintenant que la situation est un peu plus calme, analyse M. Renouf, cofondateur de la plateforme Arrivage. Cela dit, ça coûte cher de faire garder son animal pendant une longue période. Donc je viens dans votre maison, je m’occupe de vos animaux, et vous retrouvez votre domicile propre à votre retour de voyage.»
Depuis le mois de septembre, l’homme d’affaires, qui dirige une entreprise basée au centre-ville de Montréal, enchaîne les demeures prêtées et le gardiennage, en parallèle de son emploi principal. Entre deux semaines dans un chalet au Vermont avec quelques chats et un court séjour en Ontario aux côtés d’une tortue, M. Renouf répond à ses courriels et à ses appels avant de revenir dans la métropole pour se rapprocher de son équipe.
«C'est 50 % du bouche-à-oreille et 50 % à travers des applications», précise-t-il.
En effet, de plus en plus d’applications proposent ce genre d’échanges, dont TrustedHousesitters, que M. Renouf consulte quotidiennement. Essentiellement, ces services en ligne permettent à des propriétaires d’animaux de compagnie à travers le monde de piger dans une banque de gardiens, souvent classés en fonction d’évaluations reçues précédemment.
Pour les propriétaires d’animaux de compagnie, il s’agit d’économies substantielles. À Montréal, plusieurs entreprises offrent des pensions ou des hôtels pour chiens se détaillant entre 40$ et 85$ par jour, pour les plus luxueux.
Plusieurs extras quotidiens sont souvent ajoutés à ce montant pour des soins ou des activités supplémentaires. Nul besoin de mentionner que la facture devient rapidement salée pour faire garder un ou plusieurs animaux durant des vacances de deux semaines et plus.
Crédit: Thibault Renouf. Photo: Coco, un des chats que Thibault Renouf garde actuellement dans un condo montréalais.
M. Renouf n’en est pas à son premier rodéo. En plus de garder des chats et des chiens, il a veillé sur des tortues, des cacatoès, des chevaux, des poules, et ce, en parcourant le Québec, l’Ontario et les États-Unis. Maintenant, sa réputation le précède. Il doit même refuser des demandes. Cette vie nomade, qui comporte son lot d’incertitudes, ne l’inquiète pas outre mesure. Il vagabonde, quelques bagages en main, au son de mélodies tsiganes.
«En septembre, je me suis demandé si c'était possible et réaliste, concède M. Renouf, qui n'accepte plus de demandes d'ici le mois d’août. Je me demandais si j'allais pouvoir le faire et ce que ça impliquerait.»
«Finalement, je me rends compte que je suis obligé de refuser des offres, donc je me dis que le modèle est intéressant, estime-t-il. Le processus personnel de dématérialisation l’est tout autant.»
L’entrepreneur militant n’a pas toujours été aussi bohème. Avant le mois de septembre dernier, il habitait dans un vaste appartement, situé en plein cœur du Plateau-Mont-Royal, où il louait des chambres aux touristes. La pandémie l’a toutefois forcé à se départir de son petit joyau.
«J’ai quitté Montréal et je suis parti vivre quelques mois à l'étranger auprès de ma famille, relate-t-il. En revenant dans la métropole, je n'avais plus le goût d'habiter dans un appartement, de me procurer des meubles et d’accumuler du matériel.»
«Sachant qu’avec la COVID, ma perception a un peu changé, j'ai compris qu'on pouvait voyager et travailler en même temps, poursuit M. Renouf. Je me suis imaginé me dématérialiser de plus en plus.»
M. Renouf, qui a encore quelques vestiges d’une vie passée dans un petit entrepôt, se départit peu à peu du superflu.
Est-ce un mode de vie envisageable à long terme?
«Je ne sais pas cela va durer combien de temps, mais pour l'instant, j'y prends du plaisir, soutient-il. Je me vois bien continuer un petit moment, mais peut-être pas seulement en Amérique du Nord. Je me verrais plutôt voyager dans des zones plus exotiques.»
«C'est un mode de vie qui me correspond, à cette période de ma vie, renchérit-il. Je comprends que plusieurs personnes ont besoin d'attaches, de maisons, d'avoir des familles ou d'avoir des animaux.»
En nous conduisant vers la sortie, M. Renouf prépare des friandises pour les deux chats qu’il côtoiera pendant quelques semaines, avant son départ vers une prochaine destination.