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Politique

Frontière: un rapport mettait déjà Ottawa en garde contre la rhétorique américaine

Le rapport a été envoyé à plusieurs fonctionnaires fédéraux, notamment Kirsten Hillman, l'ambassadrice canadienne aux États-Unis.

Jim Bronskill
Jim Bronskill / La Presse canadienne

Les discours de plus en plus négatifs au sujet de la sécurité à la frontière peuvent avoir des répercussions tout aussi négatives sur le commerce et le tourisme, met en garde un rapport interne du gouvernement.

Ce rapport, écrit en février 2024 par un diplomate de l'ambassade canadienne à Washington, prévient que tout échec à réfuter les prétentions américaines décrivant l'existence d'une crise sur le 49e parallèle éroderait l'image de voisin fiable du Canada.

Sa publication par l'entremise de la Loi d'accès à l'information coïncide avec les menaces de la nouvelle Maison-Blanche d'imposer des tarifs douaniers au Canada, prétendument à cause de l'entrée massive d'immigrants et de drogues, comme le fentanyl, aux États-Unis.

Ces menaces ont convaincu le gouvernement fédéral d'annoncer en décembre un plan de 1,3 milliard $ visant à améliorer la sécurité à la frontière, notamment par le déploiement de drones et d'hélicoptères. Ottawa a même injecté 200 millions $ supplémentaires pour cibler le crime organisé.

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Le rapport mettait déjà en garde contre les mensonges de la future administration Trump sur l'immigration illégale et la contrebande de fentanyl. Il concluait que les faits étaient fortement déformés.

L'auteur mentionnait que l'an dernier seulement, des membres du Congrès, surtout des républicains, avaient parlé négativement de la frontière canado-américaine environ 1000 fois.

Le rapport a été envoyé à plusieurs fonctionnaires fédéraux, notamment Kirsten Hillman, l'ambassadrice canadienne aux États-Unis.

Certaines parties du document ont été caviardées en vertu de certaines clauses de la Loi d'accès à l'information liées aux relations internationales, les conseils de fonctionnaire et les délibérations du conseil des ministres.

Le rapport recense tous les discours prononcés aux États-Unis sur la sécurité des frontières, allant des promesses de M. Trump de 2016 d'ériger un mur le long de la frontière américano-mexicaine aux demandes semblables formulées par des candidats en 2024.

«Les discours sur l'existence d'une crise à la frontière canado-américaine ne reflètent pas la réalité de la situation, laquelle se caractérise par une bonne coopération à tous les niveaux, peut-on lire dans le rapport. Il y a une part de vérité derrière ces discours, mais tout est cité hors contexte et dramatisé.»

Le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a intercepté 19 kilogrammes de fentanyl près de la frontière nord entre octobre 2023 et septembre 2024, soit moins de 1 % du fentanyl saisi par les agents frontaliers américains au cours de cette période. Et une certaine quantité de ce produit entre au Canada en provenance des États-Unis.

Le ministère de la Sécurité publique, l'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC collaborent étroitement avec les autorités américaines afin de s'assurer de la sécurité à la frontière, signale l'auteur du rapport.

«Quand il y a des saisies de drogue, quand on intercepte des personnes, c'est un signe que les choses fonctionnent comme elles doivent être.»

S'il est peu probable qu'un mur soit érigé le long du 49e parallèle, l'auteur du rapport craint que le discours actuel empêche les parlementaires américaines d'adopter des mesures favorisant le passage transfrontalier.

«Encore pis, cela peut les convaincre de renforcer la frontière comme aux débuts des années 2000 après 1/8les attentats 3/8 du 9 septembre.»

Le Canada ne doit pas se laisser impressionner par ce discours. Il doit affirmer que la frontière canado-américaine est l'un des endroits les plus sûrs au monde.

«Les autorités canadiennes doivent saisir toutes les occasions pour parler avec une diversité d'interlocuteur - allant des législateurs aux commentateurs vivant dans les petites villes frontalières  - afin de protéger le commerce et les voyageurs légitimes à la frontière.»

Jim Bronskill
Jim Bronskill / La Presse canadienne