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Le Bloc québécois estime que le gouvernement Trudeau met la charrue avant les bœufs en rétablissant le financement de Hockey Canada avant la tenue d'une enquête publique indépendante.
Les trois partis d'opposition à la Chambre des communes ont tour à tour reproché au gouvernement Trudeau de mettre la charrue avant les boeufs en rétablissant le financement de Hockey Canada.
«Ils n'en sont pas encore là, Hockey Canada. Ils ont actuellement 90 millions $ dans leur compte bancaire. (...) Ils ont fait des progrès, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. C'était juste prématuré», a déclaré lundi le député conservateur et ancien commentateur sportif Kevin Waugh à son arrivée à la Chambre des communes.
M. Waugh, qui se dit «totalement surpris» de la décision d'Ottawa, estime qu'Hockey Canada aurait notamment dû renoncer aux accords de confidentialité conclus avec les présumées victimes de viols collectifs afin de pouvoir recevoir des fonds fédéraux, des accords qui devraient être interdits selon lui dans toutes les organisations sportives au pays.
Dimanche, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a annoncé qu'Hockey Canada revenait dans les bonnes grâces du gouvernement puisque ses trois conditions ont été remplies, notamment devenir un signataire à part entière de Sport Sans Abus et du Bureau du commissaire à l'intégrité du sport (BCIS).
Hockey Canada devait également examiner et mettre en application les recommandations d'un examen indépendant de la gouvernance, dirigé par le juge à la retraite Thomas Cromwell, ainsi que s'engager à faire des rapports plus fréquents à Ottawa.
Voyez l'entrevue d'Andréanne Larouche du Bloc québécois au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo qui accompagne ce texte.
Questionnée par les journalistes lundi, la ministre a expliqué prendre des décisions «en fonction du bien-être des athlètes» et que «le but, ça n'a jamais été de déstabiliser pour toujours l'organisation Hockey Canada». Elle a dit qu'elle souhaitait plutôt d'envoyer un signal à la haute direction voulant qu'elle n'a plus la confiance du gouvernement.
Quant aux ententes de confidentialité, Mme St-Onge affirme que le gouvernement s'y penche et «pas seulement pour Hockey Canada, mais pour l'ensemble des organisations sportives qui sont soutenues par le gouvernement fédéral».
Au Bloc québécois, on estime qu'Ottawa aurait dû attendre la tenue d'une enquête publique indépendante - réclamée à l'unanimité par la Chambre des communes - et un rapport du comité de la condition féminine.
«Clairement, on aurait dû attendre les différentes enquêtes en cours, notamment du comité de la condition féminine et du comité patrimoine. [On aurait dû] attendre les recommandations avant de donner du financement», a expliqué Andréanne Larouche, porte-parole pour le Bloc québécois en matière de condition féminine et égalité des genres sur nos ondes.
«Ça m'apparaît précipité. (...) Si on veut ramener une culture de sport saine et sécuritaire au Canada, il faut être capable de faire pleinement la lumière sur les différents faits allégués», a déclaré le porte-parole bloquiste en matière de Sports, Sébastien Lemire.
Selon lui, Hockey Canada n'a pas démontré «un changement de culture profond en quatre mois», soit depuis que l'organisation a élu un nouveau conseil d'administration après la démission en bloc du précédent qui s'est embourbé dans des scandales, se faisant reprocher d'avoir tenté de protéger des joueurs ayant participé à des viols collectifs.
«Les témoins sont venus nous dire, que ce soit les victimes et même les chercheurs universitaires, que ça prend cette enquête publique indépendante. Mais au comité, c'est la majorité des témoins qui sont venus la demander en disant "on ne peut pas penser à réel changement de culture sans avoir fait ce temps d'arrêt-là», a soutenu Andréanne Larouche au bulletin Noovo Le Fil 17.
La décision d'Ottawa arrive à «un drôle de moment», a renchéri Andréanne Larouche, la porte-parole du Bloc en matière de Condition féminine et d'Égalité des genres, qui siège à un comité parlementaire qui prépare des recommandations pour la ministre des Sports, notamment au sujet de Hockey Canada.
«On a fait l'étude. Le rapport s'en vient. On aurait dû attendre ce rapport-là, s'est-elle désolée. Les victimes ont exprimé leur doute (au sujet du BCIS), les limites de ce bureau-là. Et même, ce n'est pas rien, deux tiers des plaintes qui sont rejetées, ça fait en sorte que les victimes n'ont pas confiance.»
Le député du Nouveau Parti démocratique Peter Julian a lui aussi jugé «prématurée» la décision d'Ottawa d'autant plus qu'Hockey Canada «a promis» de renoncer aux ententes de confidentialité conclues avec les présumées victimes et n'a «rien fait».
«Et là, on voit aujourd'hui qu'ils reçoivent un prix de récompense du gouvernement du Canada qui restaure le financement, même si toutes les obligations et toutes les promesses qu'Hockey Canada a fait n'ont pas été remplies», s'est-il insurgé.
Selon lui, Ottawa envoie le message suivant: «faites des promesses comme vous voulez, vous n'êtes pas tenu de les remplir ces obligations-là et le gouvernement fédéral va vous financer quand même».
En matinée, le premier ministre Justin Trudeau a expliqué qu'il regarde le tout comme un parent dont «un fils qui pratique le hockey depuis plusieurs années et un autre qui pourrait bien s'y mettre».
«Nous devons savoir qu'ils sont en sécurité. Nous devons savoir que la mentalité a changé, que la culture est en train d'être abordée», a-t-il insisté dans une réponse en anglais.
M. Trudeau a affirmé que le gouvernement a fait part d'attentes «extrêmement claires» à Hockey Canada avant de lui octroyer à nouveau du financement.
«Ils ont manifesté une réelle volonté d'aller de l'avant, mais nous allons continuer d'être extrêmement vigilants pour nous assurer qu'ils continuent d'être dignes de la confiance que des millions de Canadiens leur accordent alors que nous encourageons nos enfants à faire du sport et plus particulièrement le hockey», a-t-il ajouté.