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Hydro-Québec aura droit à un coup de pouce du gouvernement fédéral pour accélérer la réalisation de nouveaux projets de production d’électricité.
Hydro-Québec aura droit à un coup de pouce du gouvernement fédéral pour accélérer la réalisation de nouveaux projets de production d’électricité. L’aide s’inscrit dans une offensive plus large de 80 milliards $ sur une dizaine d’années pour accélérer la transition énergétique en réponse à l’Inflation Reduction Act (IRA) du gouvernement Biden.
Le gouvernement Trudeau instaure un crédit d’impôt remboursable de 15 % pour aider les producteurs d’électricité à accélérer leurs projets de production, de stockage et de transport interprovincial. Cela représente une intervention de 25,7 milliards $ d’ici 2034-2035.
Puisque les deux tiers du marché de l’électricité sont exploités par des sociétés publiques provinciales, comme Hydro-Québec ou BC Hydro, le fédéral a décidé de les rendre admissibles au crédit d’impôt, a expliqué un haut fonctionnaire. Le gouvernement veut ainsi «partager le fardeau du financement des projets».
L’annonce survient à un moment où Hydro-Québec fait des appels d’offres afin d’augmenter sa production tandis qu’elle anticipe la fin des surplus vers 2027. La société d’État devra aussi procéder à des investissements pour accroître la capacité du réseau électrique. La demande québécoise devrait progresser de 25 térawattheures (TWh), ou 14 %, d’ici 2032.
L’ensemble du pays est confronté à une situation comparable. Ottawa prévoit que la demande va doubler d’ici 2050. Pour répondre à la demande, la capacité électrique devrait augmenter de 2,2 à 3,4 fois, selon le ministère des Finances.
Notons que l'énergie nucléaire fait partie des énergies considérées comme propres par le gouvernement fédéral. Si l'énergie nucléaire est peu intensive en carbone, elle ne fait pas l'unanimité parmi les groupes environnementaux qui s'inquiètent de la gestion des déchets radioactifs et des risques en cas d'accident.
L’aide à Hydro-Québec fait partie de la réponse attendue du gouvernement Trudeau à l’IRA. Le plan du gouvernement Biden devrait déployer au moins 369 milliards $ US dans la transition énergétique aux États-Unis.
Ottawa accordera près de 80 milliards $ d’ici 2034-2035 pour soutenir la transition énergétique par le biais de cinq crédits d’impôt. «Notre effort va rétablir une situation un peu plus viable entre les États-Unis et le Canada», estime un haut fonctionnaire.
Le gouvernement croit que d’importants investissements seront nécessaires pour décarboner l’économie et atteindre ses cibles climatiques. Avec ses différents crédits, il espère stimuler le lancement de nouveaux projets en réduisant leurs coûts.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, s'est défendue d'être en mode rattrapage par rapport aux États-Unis. En conférence de presse, elle a présenté la tarification du carbone comme une réalisation importante de son gouvernement. «On a ajouté des mesures dans ce budget et c'est la bonne chose à faire, mais, si je peux me permettre, ce sont les autres pays qui ont décidé de suivre l'exemple du Canada.»
Un ancien conseiller politique auprès de premiers ministres canadiens sous divers gouvernements libéraux, Robert Asselin, aujourd'hui à l'emploi du Conseil canadien des affaires, estime que l'intervention est `dans l'envergure de nos moyens financiers». «Je trouve que c'est assez bien calibré comme crédits d'impôts. Je suis un peu déçu qu'il n'y ait rien en recherche et développement, comme l'aspect croissance économique de la transition verte, mais je pense que c'étaient les moyens qu'ils avaient et ils ont décidé de mettre ça là-dedans.»
L'économiste en chef du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Norma Kozhaya, parle d'une «réponse partielle». «On ne peut pas dire que c'est une réponse parfaite, mais il y a beaucoup d'éléments qu'il faut souligner», réagit-elle en entrevue.
Parmi les éléments que l'association aurait aimé trouver dans le budget, elle souligne qu'aux États-Unis, le gouvernement a décidé de financer la production d'énergie, une avenue que n'a pas choisie Ottawa.
Outre le crédit pour les nouveaux projets de production d’électricité, d’autres crédits sont alloués pour l’adoption ou la fabrication de technologie propre, la production d’hydrogène et le captage de carbone.
Plus en détails, le budget propose un crédit d’impôt remboursable de 30 % du coût des investissements dans la fabrication de technologie propre. Le crédit vise l’extraction ou le recyclage de certains minéraux critiques ainsi que l’équipement nécessaire pour fabriquer des technologies propres.
Le crédit d’impôt pour l’investissement dans les technologies est élargi pour inclure les systèmes d’énergie géothermique. Le budget précise également les modalités du crédit d’impôt pour l’investissement dans l’hydrogène propre. L’aide pourra atteindre entre 15 % et 40 % des coûts admissibles.
Le fédéral veut aussi réduire le coût du capital pour les grands projets. La Banque de l’infrastructure du Canada investira au moins 20 milliards $ pour appuyer des projets d’électricité propre ou d’infrastructure verte. Ces initiatives seront financées à même les fonds existants de l’institution fédérale.
Le fédéral accordera aussi un financement de 3 milliards $ sur 13 ans pour soutenir des projets en lien avec l’électricité propre.