Début du contenu principal.
«Des droits de douane de 25% réduiraient, voire élimineraient, les marges bénéficiaires des fabricants américains.»
Les droits de douane de 25% imposés par le président Donald Trump sur les importations automobiles pourraient augmenter de 4711 $ US le prix d'un véhicule et pourraient affaiblir la capacité des constructeurs automobiles américains à concurrencer leurs homologues étrangers, a prévenu l'économiste Arthur Laffer.
Dans cette analyse de 21 pages, obtenue par l'Associated Press, M. Laffer, à qui Donald Trump a décerné la Médaille présidentielle de la Liberté en 2019 pour ses contributions à l'économie, affirme que l'industrie automobile serait en meilleure position si le président républicain préservait les règles de la chaîne d'approvisionnement avec le Canada et le Mexique, telles qu'elles figurent dans l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (AEUMC).
La Maison-Blanche a temporairement exempté de droits de douane les importations d'automobiles et de pièces détachées dans le cadre de l'AEUMC, qui doivent entrer en vigueur le 3 avril, afin que l'administration Trump puisse mettre en place un processus de taxation des composants non américains des véhicules et pièces détachées concernés par l'accord.
«Sans cette exemption, les droits de douane proposés risquent de causer des dommages irréparables au secteur, allant à l'encontre des objectifs de l'administration de renforcer le secteur manufacturier américain et la stabilité économique», a écrit M. Laffer dans son analyse. «Des droits de douane de 25% non seulement réduiraient, voire élimineraient, les marges bénéficiaires des fabricants américains, mais affaibliraient également leur compétitivité face à leurs concurrents internationaux.»
Dans une entrevue accordée vendredi à l'Associated Press, M. Laffer a indiqué que le rapport avait provoqué une certaine polémique et a averti qu'il ne s'appliquait qu'aux aspects économiques, et non aux compétences de négociation et à l'approche stratégique de Donald Trump en matière de commerce.
«Le rapport présente les aspects économiques de ce qui se passerait si les droits de douane étaient mis en place, a-t-il déclaré. Il s'agit de faits, pas de sentiments.»
À VOIR AUSSI | Trump adopte une nouvelle approche après un appel avec Carney
L'économiste n'a pas manqué de saluer Donald Trump, le qualifiant de négociateur doté d'une connaissance approfondie des questions commerciales, indiquant que les menaces de droits de douane pourraient être utilisées, comme elles l'ont été pendant son premier mandat, pour réduire les obstacles au commerce et améliorer les résultats de l'économie américaine.
«Donald Trump connaît mieux les avantages du commerce que n'importe quel autre homme politique que j'ai rencontré de ma vie», a mentionné M. Laffer. «Ne considérez en aucun cas ce document comme une critique de Donald Trump et de ses stratégies.»
Il a ajouté qu'il faisait confiance au président et le considérait comme exceptionnellement compétent.
Si les projets de Donald Trump en matière de droits de douane ont effrayé la bourse et les consommateurs américains, l'analyse de M. Laffer et d'autres rapports mettent en évidence les risques économiques potentiels si la menace des taxes à l'importation ne parvient pas à aboutir à un ensemble d'accords durables avec d'autres pays.
Le document rappelle au président américain qu'il n'est pas trop tard pour changer de cap, saluant notamment l'AEUMC, négocié lors de son premier mandat, le qualifiant de «réalisation significative».
«L'Accord États-Unis-Mexique-Canada a constitué la pierre angulaire du premier mandat du président Trump et est rapidement devenu un élément dominant de la politique commerciale nord-américaine, favorisant la croissance économique, stabilisant les chaînes d'approvisionnement et renforçant l'industrie automobile américaine», a écrit M. Laffer.
L'analyse indique que le coût par véhicule sans l'exemption de l'AEUMC serait de 4711 $ US, mais que ce chiffre serait inférieur à 2765 $ US si les exemptions étaient maintenues.
Donald Trump a honoré M. Laffer de la plus haute distinction civile, 45 ans après que l'économiste eut dessiné sur une serviette en papier la célèbre courbe de Laffer, montrant l'existence d'un taux d'imposition optimal pour la collecte des recettes.
La courbe en cloche indiquait l'existence d'un taux d'imposition si élevé qu'il pourrait être contre-productif pour la génération de recettes fiscales. De nombreux républicains ont accueilli cette courbe comme la preuve qu'une baisse des taux d'imposition pouvait générer une croissance plus forte, source de recettes fiscales plus élevées.
Arthur Laffer a siégé au conseil consultatif de politique économique du président Ronald Reagan, en plus d'être professeur d'université. Il possède son propre cabinet de conseil économique, Laffer Associates. En 1970, il fut le premier économiste en chef du Bureau de la gestion et du budget de la Maison-Blanche.
L'économiste a également conseillé Donald Trump lors de sa campagne présidentielle de 2016.
Donald Trump soutient que les droits de douane de 25% inciteront davantage de constructeurs automobiles nationaux et étrangers à accroître leur production et à ouvrir de nouvelles usines aux États-Unis. Il a salué lundi le projet d'investissement de 5,8 milliards $ US du constructeur automobile sud-coréen Hyundai pour la construction d'une aciérie en Louisiane, preuve du succès de sa stratégie, selon lui.
Le président américain a avancé que les droits de douane de 25% sur les véhicules automobiles contribueraient à réduire le déficit budgétaire fédéral tout en déplaçant davantage de production aux États-Unis.