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Politique

Des organismes soutiennent que le Canada n'atteindra pas ses cibles de développement

La ministre Gould répond qu'elle est ouverte à de telles critiques et qu'elle assurera le suivi avec les organismes.

La ministre des Familles, des Enfants et du Développement social, Karina Gould, s'adresse aux journalistes à Ottawa, le 15 juin 2023.
La ministre des Familles, des Enfants et du Développement social, Karina Gould, s'adresse aux journalistes à Ottawa, le 15 juin 2023.
Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne

Une coalition d'organismes de la société civile soutient que le Canada n'atteindra pas les «Objectifs de développement durable» qu'il s'était fixés pour 2030 dans le cadre d'une initiative des Nations unies visant à réduire les inégalités dans le monde.

«Divers problèmes continuent d'entraver les progrès vers une voie véritablement inclusive et efficace», a déclaré Siyu Chen, qui a pris la parole lors d'une réunion de l'ONU, mercredi à New York, au nom d'organisations non gouvernementales (ONG) canadiennes. «Le Canada n'est pas prêt à atteindre les Objectifs de développement durable au cours des sept prochaines années.»

Les «Objectifs de développement durable» sont une série de critères de référence autour de questions telles que la pauvreté et l'égalité des genres. En 2015, le gouvernement libéral fraîchement élu faisait partie des 193 États membres de l'ONU qui ont approuvé l'objectif d'atteindre les 17 cibles d'ici 2030, le Canada mettant l'accent sur l'égalité des genres, l'action climatique et la réconciliation.

En plus d'apporter des améliorations chez eux, les États convenaient de financer des programmes visant à aider les pays en développement à atteindre leurs propres objectifs.

Aujourd'hui, à peu près à mi-chemin de l'initiative, le gouvernement canadien soutient qu'il progresse bien à l'interne, notamment grâce à son nouveau programme national de garderies.

«En tant que pays, nous avons marqué d'importants progrès, mais il reste encore beaucoup de travail à faire», a déclaré mercredi la ministre du Développement social, Karina Gould, devant l'organisme d'examen volontaire de l'ONU, à New York.

Mme Gould a évoqué l'Allocation canadienne pour enfants et le programme national de garderies, qui a contribué à réduire la pauvreté et à réduire l'écart entre les sexes en matière d'emploi, a-t-elle dit. Elle a également souligné les mesures visant à protéger des zones à forte biodiversité.

Manque de données

Mais une coalition d'organismes de la société civile, qui avait également dépêché une délégation à New York, affirme que le Canada manque de données probantes et de procédures de consultation adéquates pour brosser le portrait de ce que vivent certains groupes, en particulier les Autochtones et les personnes handicapées.

Dans le cadre de l'examen national volontaire du Canada de 2023 à l'ONU, Mme Chen a parlé au nom d'ONG canadiennes, dont plusieurs ont assisté à la réunion du Forum politique de haut niveau sur le développement durable. L'examen national volontaire avait aussi accueilli des commentaires par le biais d'un processus en ligne.

Mais Mme Chen a déploré le fait que ce processus n'avait duré que 37 jours et n'avait pas été bien médiatisé, ce qui fait que les personnes les plus défavorisées par les programmes, «en particulier les personnes aux multiples identités marginalisées», n'ont pas été adéquatement consultées.

Adam Houston, professeur d'études humanitaires à l'Université Royal Roads, en Colombie-Britannique, a déclaré en entrevue que les indicateurs de suivi du Canada montrent une régression dans certains secteurs, en particulier en ce qui concerne l'utilisation d'opioïdes et le vapotage chez les adolescents. `La santé est vraiment un secteur où le Canada ne réussit pas très bien dans l'atteinte de ses propres objectifs', a déclaré M. Houston.

La tuberculose est en hausse au Canada, ce qui, selon lui, est le résultat d'une crise du logement et d'un accès médiocre aux médicaments jugés essentiels par l'Organisation mondiale de la santé.

Et le Canada manque de données suffisantes pour évaluer ses propres objectifs en matière de taux de mortalité prématurée et de vaccination, dit-il. «Souvent, les Objectifs de développement durable sont cadrés (…) dans un contexte d'aide et de développement à l'étranger, et pas tant comme quelque chose auquel le Canada doit réellement prêter attention», a-t-il soutenu.

«C'est vraiment un signe que le Canada doit également faire attention chez lui. On aurait pu croire que des choses comme une pandémie rappelleraient que des problèmes comme la santé ne peuvent pas être facilement divisés en fonction des frontières.»

À New York, la ministre Gould a assuré qu'elle était ouverte aux critiques et qu'elle assurerait le suivi avec les organismes.

«Nous avons une très forte délégation du Canada, a-t-elle déclaré. Il y a beaucoup d'enseignements à tirer de ce processus (de révision).»

Avant les commentaires de Mme Chen, la ministre Gould avait proposé que le gouvernement mène également son propre examen du Cadre d'indicateurs canadien. «Nous nous appuierons sur un plus grand nombre de sources de données afin d'atténuer les lacunes dans les rapports»' sur les Objectifs de développement durable.

Sommet en septembre

Le bureau du vérificateur général du Canada inclut une évaluation des progrès vers les Objectifs dans les examens périodiques des programmes gouvernementaux. Des vérifications récentes ont révélé qu'Ottawa ne recueillait pas certaines données liées aux objectifs. Par exemple, il ne tient pas compte du rôle des forêts dans ses bilans de gaz à effet de serre, et ne collige pas de statistiques détaillées sur le taux d'itinérance chronique dans les villes canadiennes.

Les chefs de gouvernement devraient se réunir au siège de l'ONU le 18 septembre pour faire le point sur les Objectifs de développement durable. Cette réunion pourrait donner lieu à des promesses de financement des dirigeants pour des projets à l'étranger et dans leur propre pays.

Les agences des Nations unies ont déclaré que les pays progressaient vers ces objectifs avant la pandémie de COVID-19. Ils ont réussi à réduire le taux de mortalité des nouveau-nés, des femmes enceintes et des personnes vivant dans l'extrême pauvreté.

Mais les agences et de nombreuses organisations caritatives avertissent que parce que les États ont depuis dérouté des budgets pour répondre à la pandémie, aux conflits armés et à une série de catastrophes naturelles liées au changement climatique, il y a eu de nouveaux revers.

Ce printemps, le Canada s'est joint à de nombreux pays plus riches pour réduire son budget d'aide étrangère. Certaines organisations caritatives ont prévenu qu'elles seraient obligées de fermer des projets de longue date à l'étranger, y compris ceux qui travaillent à des objectifs de développement tels que l'augmentation du nombre de filles qui fréquentent l'école.

Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne