Des multinationales mettent en valeur leurs produits canadiens

Les téléspectateurs canadiens du Super Bowl la fin de semaine dernière ont peut-être remarqué une nouvelle publicité de Kraft Heinz. Tournée dans l’usine de Montréal de l’entreprise, elle a été réalisée en moins d’une semaine, indique Simon Laroche, président de Kraft Heinz Canada. 

L’usine emploie plus d’un millier de personnes et dispose de 42 lignes de production, explique-t-il. 

«Des marques comme le fromage à la crème Philadelphia... le beurre d’arachide Kraft, le ketchup Heinz, la vinaigrette Kraft ou les tranches de fromages tranches Kraft Singles, même la sauce pour pâtes Classico. Toutes ces marques sont fabriquées au Canada par des Canadiens, et les gens ne le savaient pas», soutient M. Laroche.

«Nous fabriquons 70 % de ce que nous vendons au Canada, au Canada.»

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Lorsque le président américain Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des tarifs douaniers sur les importations canadiennes, le premier ministre Justin Trudeau a répliqué que le Canada riposterait en imposant ses propres tarifs. 

Les deux parties sont maintenant au milieu d’une trêve d’un mois. Mais en attendant, de nombreux Canadiens cherchent des moyens de soutenir les entreprises nationales qui pourraient être touchées si les tarifs douaniers entraient en jeu. 

C’est le bon moment pour les marques de promouvoir les produits canadiens, selon Rachel Thexton, de Thexton Public Relations, une firme de relations publiques.

Mais les consommateurs qui considèrent faire des achats patriotiques se rendent compte que ce n’est pas une mince affaire, souligne-t-elle. 

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Il existe plusieurs étiquettes différentes selon la façon dont un produit a été fabriqué et de nombreuses entreprises internationales, comme Kraft Heinz, fabriquent des produits au Canada, de sorte que les marques revendiquent leur origine canadienne aux acheteurs dans les épiceries. 

«Elles investissent certainement beaucoup là-dedans», observe Mme Thexton. 

Les marques multinationales craignent probablement que leurs ventes ne souffrent parce qu’elles ne sont pas perçues comme canadiennes, ajoute-t-elle.

Des entreprises bien implantées au Canada

Parmi les autres grandes entreprises alimentaires américaines ayant une présence industrielle au Canada, on compte Hershey, PepsiCo et sa filiale Frito-Lay ainsi que Mondelez International, le fabricant des biscuits Dad’s, des biscuits Oreo, des craquelins Ritz et d’autres collations bien connues. 

De nombreuses boissons alcoolisées de renom sont également fabriquées au Canada. Molson Coors, qui est née de la fusion des sociétés canadienne Molson et américaine Coors, brasse une multitude de boissons au pays, notamment ses bières du même nom ainsi que Blue Moon, Arizona Hard Tea, Miller et Rickard’s. 

L’entreprise possède neuf sites de brassage à travers le pays, employant des milliers de personnes, rappelle la porte-parole Alex Sockett dans une déclaration. 

«Bien que nous soyons une entreprise mondiale, la grande majorité de nos bières et boissons sont fabriquées sur le marché où elles sont vendues.» 

Dans des commentaires récents exhortant les consommateurs à rechercher des produits fabriqués au Canada, M. Trudeau a souligné que, lorsque le pays était en conflit commercial avec les États-Unis en 2018, le ketchup Heinz était sur la sellette. 

«L’exemple de la dernière fois était le remplacement du ketchup Heinz par du ketchup French’s parce que French’s utilisait toujours des tomates canadiennes dans son ketchup», a expliqué M. Trudeau. 

La multinationale alimentaire de Chicago n’a pas tardé à réagir. Bien qu’elle ait fermé son usine de Leamington, en Ontario, en 2014, elle a recommencé à produire du ketchup au Canada en 2020, et maintenant son ketchup est à nouveau fabriqué avec des tomates canadiennes. 

«Nous voulions nous assurer que Heinz ne serait pas l’exemple», avance M. Laroche. 

Une chaîne d’approvisionnement intégrée

Kraft Heinz examine actuellement ses emballages, consciente que les consommateurs recherchent des étiquettes indiquant qu’un produit est canadien, entend M. Laroche. Certains, comme le fromage à la crème Philadelphia, bénéficieront bientôt d’un nouvel emballage, dit-il. 

L’entreprise travaille également avec les détaillants sur des autocollants, des dépliants et d’autres moyens de mettre en valeur les produits Kraft Heinz fabriqués au Canada, selon M. Laroche. 

Cependant, il convient qu’il soit plus facile à dire qu’à faire pour les consommateurs canadiens de comprendre ce que signifie acheter canadien. 

«La vérité, c’est que toute la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord est très intégrée», soutient-il.

Les entreprises américaines du secteur des aliments et des boissons ne sont pas les seules à s’efforcer de rassurer les Canadiens sur le fait qu’ils achètent des produits locaux. 

Dr. Oetker Canada, dont la société mère est située en Allemagne, a publié un communiqué de presse la semaine dernière affirmant qu’elle s’engageait à fabriquer des produits au Canada et que la plupart de ses produits étaient fabriqués au Canada à partir d’ingrédients d’origine locale. L’entreprise a indiqué que son usine de London, en Ontario, emploie 430 personnes et utilise quotidiennement 53 000 livres de fromage canadien. 

Lactalis Canada, qui appartient à la société mère française éponyme, a lancé un guide destiné aux consommateurs qui comprend des informations sur la signification de l’étiquetage de leurs produits, comme «Fabriqué au Canada», «Produit du Canada» et le logo de la vache bleue pour les produits laitiers canadiens. 

Yoplait Canada est également une entreprise française, ayant été récemment acquise par la coopérative laitière Sodiaal. La marque a publié une déclaration affirmant que, depuis plus de 50 ans, ses produits sont fabriqués au Québec avec du lait provenant de fermes locales. 

Le choix au consommateur

Rachel Thexton s’attend à ce que les marques continuent de dépenser à court terme en publicité, en marketing et en d’autres moyens pour promouvoir leurs liens avec le Canada, qu’elles soient détenues par des Canadiens ou des multinationales ayant une présence manufacturière au Canada. 

Il appartient aux consommateurs de décider si ces efforts trouvent un écho, affirme Mme Thexton. 

«Je pense que ce sera un tournant», conclut-elle.

Avec des informations de Tara Deschamps, PC.