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Au cours des derniers jours, des vandales se sont introduits sur le site où les agents des services correctionnels stationnent leur véhicule pour mettre le feu à au moins un de ceux-ci.
Des gardiens de la prison de Saint-Jérôme dans les Laurentides craignent pour leur sécurité.
«C'est extrêmement tendu, autant du côté des gardiens que des détenus qui ont passé une bonne partie de la fin de semaine en deadlock (garde fermée)» a déclaré Carole* en entrevue à Noovo Info.
Au cours des derniers jours, des vandales se sont introduits sur le site de la prison pour mettre le feu au véhicule personnel d'un agent de la paix stationné dans l'aire réservée.
Le lendemain, deux jeunes, un adulte — Michael Richard-Robitaille — et un mineur étaient arrêtés en possession d'une chaudière remplie d'essence, dans le périmètre du pénitencier. L'un d'eux avait de l'argent comptant sur lui, comme s'il venait d'être payé pour sa mission.
Michael Richard-Robitaille, 21 ans de Laval, a été accusé «d'avoir comploté avec K.H.V. et/ou d'autres personnes inconnues afin de commettre un acte criminel soit : un acte dans l'intention de provoquer la peur auprès du personnel de l'établissement de détention de Saint-Jérôme en vue de nuire à l'administration de la justice pénale et/ou à l'exercice des attributions de ces personnes», peut-on lire dans la dénonciation obtenue par Noovo Info.
L'accusé sera de retour devant les tribunaux vendredi. «L’accusé sera amené en présence physique et demeure détenu dans l’intervalle», précise Me Steve Baribeau, procureur aux poursuites criminelles et pénales. «Le dossier pourrait avancer grandement vendredi.
Par ailleurs, une agente aurait aussi été intimidée près de chez elle durant la fin de semaine. Il n'est toutefois pas certain que ce dernier événement soit relié aux autres.
Ces gestes ont été commis après le transfert de membres de gangs de rue et la saisie de livraison faite par drones.
Les trafiquants ne se gênent plus pour livrer la marchandise jusqu'à la fenêtre des détenus. Parmi les articles récemment saisis, on retrouve du cannabis, du tabac, des téléphones portables avec fils pour recharger, des couteaux et autres armes artisanales.
«Tout ce qu'il manque, c'est des armes à feu. Ça nous inquiète beaucoup» a fait savoir Carole.
Des menaces directes sont aussi faites aux agents correctionnels : «Ils nous ont dit, faites attention, vous devriez porter des vestes par balle en tout temps, on vous suit, on ne vous lâchera pas, tant qu'on n'aura pas ce qu'on veut, on vous lâchera pas !»
«Fini le temps où les détenus disent que c'est eux qui mènent. Ce sont les agents qui doivent mener parce qu'on est dans un milieu autoritaire. Clairement, il faut envoyer un message aux autorités ministérielles en disant: "On prend le contrôle de nos établissements. Des sanctions doivent être données. Il doit y avoir des conséquences pour les gestes qu'ils font, dont les gangs de rue qui sont problématiques à l'intérieur"», a expliqué Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec
Cette affaire a rebondi à Québec.
La haute direction du ministère de la Sécurité publique a dépêché une équipe à Saint-Jérôme pour rassurer les troupes. Aussi, la surveillance policière a été augmentée autour de l'établissement carcéral. «Nous les agents ont est comme déçus que les moyens arrivent sur le tard. Oui, il y a des agents qui sont terrorisés. Je pense que le taux d'absentéisme va être plus élevé», a confié Carole.
Noovo Info a obtenu la réaction officielle de la part du ministre François Bonnardel. «Les policiers font enquête pour que les responsables répondent de leurs actes devant la justice», a prévenu M. Bonnardel. «Des mesures de sécurité additionnelles ont été mises en place dans les derniers jours à l’établissement de détention de Saint-Jérôme. Du soutien psychologique est aussi offert aux employés touchés par ces événements. Je le répète, ces événements sont inacceptables et les responsables devront répondre de leurs actes devant les tribunaux.»
Les livraisons par drones sont un véritable fléau au Québec.
Selon nos sources, les tentatives pour contrer ce phénomène se sont avérées inefficaces. En octobre dernier, le ministère de la Sécurité publique a débloqué 36,8M$ sur une période de cinq ans pour acquérir de l'équipement spécialisé pour freiner la contrebande par drone.
*Carole est un nom fictif pour préserver l'identité et la sécurité de l'agente correctionnelle qui s'est confiée à Noovo Info.
Avec des informations de Marie-Michelle Lauzon et la collaboration de Guillaume Théroux, Noovo Info.