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Aucune arrestation en lien avec l'intervention n'a eu lieu.
Les cols bleus de la Ville de Montréal ont procédé vendredi matin au démantèlement du campement propalestinien installé au square Victoria à la suite d'une intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Le SPVM avait précisé en matinée qu'il procédait à une intervention en soutien à la Ville au campement. Une quinzaine de personnes se trouvaient sur place lorsque l'opération a été déclenchée peu avant 5h15, vendredi matin.
«Sans aucun préavis, on a été encerclé par la police et évacué immédiatement sans que les personnes puissent prendre leurs affaires», a raconté Safa Cheebi, porte-parole du campement Al-Soumoud, qui dénonce cette «répression politique». «Ça viole notre droit de liberté d'expression.»
Ces personnes ont collaboré avec les policiers, selon l'agente Véronique Dubuc, porte-parole pour le SPVM.
Aucune arrestation en lien avec l'intervention n'a eu lieu.
Simon Charron, porte-parole de la Ville de Montréal, a indiqué en entrevue avec La Presse canadienne que l'intervention avait eu lieu après avoir examiné le dossier, à la demande de l'arrondissement de Ville-Marie.
«L’opération s’est déroulée dans le calme et toutes les personnes présentes sur place ont été accompagnées. Elles ont fait preuve de collaboration à l’égard des employés de l’arrondissement et du SPVM», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Les objets des campeurs seront entreposés et ils pourront les récupérer sous peu.
Les policiers de Montréal ont toutefois procédé à l'arrestation d'un jeune homme de 18 ans qui était en périphérie de l'intervention, relativement à un événement survenu le 25 juin dernier. Quelqu'un avait alors pointé des lasers en direction des policiers.
La mairesse de Montréal a rappelé lors d'une conférence de presse vendredi que la décision de démanteler le campement n'a pas été prise à la légère.
Elle explique que le campement installé depuis près de deux semaines au square Victoria posait des enjeux de sécurité publique en plus de contrevenir à un règlement municipal.
Cette opération survient après la sortie du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui dénonçait l'inaction de l'administration Plante devant la multiplication des campements à Montréal.
«Je suis surpris de ne pas entendre davantage la Ville de Montréal sur l’enjeu des campements. De notre côté, nous avons fait connaître clairement notre position dès le début. Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive. On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public», a-t-il écrit sur X.
Un commentaire qui n'a pas été apprécié par la mairesse de Montréal. «J'aurais souhaité que le ministre daigne prendre le téléphone au lieu d'envoyer un tweet. Je trouve ça difficile pour les travailleurs de la Ville et pour les policiers de se faire dire par un ministre qu’on devrait en faire plus alors que le ministre lui-même a coupé il y a quelques semaines le programme de policiers communautaires qui s’occupe entre autres des campements», a-t-elle lancé vendredi.
Le chef de l'Opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal, M. Aref Salem, a trouvé «déplorable» qu'une dispute entre les ministres du gouvernement du Québec et l'administration Plante ait été nécessaire pour déclencher le démantèlement du campement. «La gestion chaotique de ces occupations est la preuve que la mairesse a perdu le contrôle de Montréal», a-t-il réagi par voie de communiqué.
De la peinture rouge a été lancée sur les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec. L'événement a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi.
Dans la soirée du 24 juin, des manifestants du secteur avaient tenté de démolir la statue de la reine Victoria à Montréal. Le SPVM était intervenu pour les en empêcher, mais il n'y a eu aucune tentative de démanteler le campement.
Installé depuis le 22 juin, le campement propalestinien au square Victoria continue de faire pression auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et du ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, le collectif Désinvestir pour la Palestine a réitéré ses demandes avec le soutien d'autres organisations. Ils souhaitent notamment la fermeture «immédiate» du bureau du Québec à Tel-Aviv et que la CDPQ cesse d’investir dans des entreprises liées avec ce que les manifestants considèrent comme un «génocide».
Un rapport des Nations Unies (ONU) remis par l'experte indépendante Francesca Albanese a conclu en mars 2024 «qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide» ont été commis «contre les Palestiniens à Gaza a été atteint». Cependant, aucun tribunal n’avait encore conclu à un crime de génocide à Gaza au moment d’écrire ces lignes.
Les militants propalestiniens campent depuis avril dernier sur des terrains du campus de l'Université McGill, au centre-ville de Montréal. Ils affirment que la dernière offre de l'établissement est bien loin de ce qui serait nécessaire pour les convaincre à partir.
L’établissement a annoncé la semaine dernière qu’elle cesse de négocier avec les manifestants du campement propalestinien. «Malgré nos tentatives renouvelées pour discuter de bonne foi, les représentants du campement ont maintenu que leurs demandes ne feraient pas l’objet de négociations, tout en accusant l’Université de ne pas vouloir engager de véritable dialogue», a dit le recteur Deep Saini.
La demande d'injonction interlocutoire de McGill pour le démantèlement du campement reviendra devant les tribunaux le 25 juillet prochain. Selon l'un des avocats représentant l'établissement, les délais sont considérés comme étant «normaux» en raison de la preuve présentée.
Avec des informations de Marie-Michelle Lauzon et de Juliette Poireau pour Noovo Info ainsi que de La Presse canadienne