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Le premier défi du nouveau chef sera de convaincre les militants que la lutte interne est terminée et que tous doivent se rassembler pour lutter contre Justin Trudeau, croient plusieurs ex-stratèges conservateurs interrogés par La Presse Canadienne.
Maintenant que Pierre Poilievre a remporté la course à la direction de son parti avec une forte majorité des votes, le plus dur reste à venir: convaincre les Canadiens de lui accorder leur confiance pour diriger le pays au terme des prochaines élections générales.
Le premier défi du nouveau chef sera de convaincre les militants que la lutte interne est terminée et que tous doivent se rassembler pour lutter contre Justin Trudeau, croient plusieurs ex-stratèges conservateurs interrogés par La Presse Canadienne.
Alors que les parlementaires reprendront leurs travaux dans à peine neuf jours à la Chambre des communes, l'ouverture de la session ayant été reportée d'une journée en raison des funérailles de la reine, M. Poilievre devra se dépêcher de pourvoir des postes clés, ce qu'on appelle sa garde rapprochée. Il devra notamment désigner un chef de cabinet et un directeur des communications.
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Il doit désigner un whip, un leader parlementaire, un poste crucial, particulièrement dans un gouvernement minoritaire, et décider s'il va s'entourer d'un chef adjoint et maintenir le rôle de lieutenant politique pour le Québec.
M. Poilievre devra aussi déterminer s'il apporte des changements au cabinet fantôme et surtout quand. Et face à une possible récession, Rodolphe Husny, un ancien conseiller dans le gouvernement de Stephen Harper, va jusqu'à qualifier de «dauphin» celui qu'il désignera comme porte-parole en matière de Finances.
Il devra s'assurer que la machine électorale est en place. Cela implique de nommer un nouveau directeur du Parti conservateur qui aura pour mandat de mettre en place le côté opérationnel de la campagne, explique M. Husny.
Cette course contre la montre se fera aussi face aux électeurs alors que «le p'tit nouveau» devra tenter de se définir face à des adversaires qui tenteront d'en faire tout autant, explique Yan Plante, un ancien conseiller auprès de l'ex-premier ministre Stephen Harper. «C'est un moment très important en politique parce qu'une fois que ces perceptions sont cristallisées, elles sont très difficiles à défaire», note-t-il.
Mais il y a «le fond et la forme», renchérit Marc-André Leclerc, un ancien chef de cabinet d'Andrew Scheer, lorsque questionné à savoir si le style et les politiques de M. Poilievre sont attrayants pour les Québécois. Le nouveau chef devra inévitablement prendre position sur des enjeux bien québécois comme la loi 21 sur la laïcité et la loi 96 sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
«Qu'on l'aime ou pas, c'est quelqu'un qui, quand il dit ''blanc'', c'est blanc, (et) quand il dit noir, c'est noir, lui crédite-t-il. Ça, dans un monde où les gens recherchent de l'authenticité par rapport à leur politicien, c'est quelque chose qui peut quand même séduire une certaine portion de l'électorat.»
Selon M. Plante, M. Poilievre semble vouloir répliquer l'approche populiste qu'il a eue durant la course à la chefferie aux prochaines élections générales, une recette que l'ex-stratège juge différente et intéressante. Le populisme n'a pas «de juridiction, de région, de langue», illustre-t-il, ce qui est facile d'un point de vue opérationnel.
«Tu n'as pas besoin de faire une stratégie particulière pour le Québec ou pour l'Ontario ou pour les Maritimes, dit M. Plante. Si t'en veux au système ou que tu as de la misère avec le coût de la vie, que tu sois Québécois ou Albertain, ces événements-là vont vous toucher, peu importe où vous vous trouvez.»
Il devra néanmoins susciter un désir de changement chez l'électorat canadien. «Ce n'est pas le chef de l'opposition qui gagne le gouvernement. C'est le gouvernement qui perd», explique Rodolphe Husny.
Et le climat économique instable est favorable aux conservateurs, croit-il, le parti ayant acquis ses lettres de noblesse en vendant la rigueur économique.
Par ailleurs, les conservateurs devront tous «mettre de l'eau dans leur vin» pour se montrer unis derrière leur nouveau chef, estime M. Plante. Et ceux qui ne sont pas à l'aise devront prendre leur décision: se rallier ou s'en aller.
«Un parti politique c'est une institution vivante, dit-il. Le parti conservateur de Stephen Harper n'a rien à voir avec celui de (Brian) Mulroney. [...] Il y a toujours une base qui reste à travers les décennies dans une formation politique, mais un peu comme une maison, la couleur des murs change, les divisions dans la maison évoluent.»
Tant M. Husny que M. Plante mentionnent que M. Poilievre a obtenu un «mandat fort» étant donné qu'environ 400 000 membres conservateurs ont voté durant ce scrutin.
En effet, cela représente près de deux à quatre fois plus de membres conservateurs s'étant prononcés que lors des deux courses précédentes.