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Mme Lich et d'autres organisateurs du «convoi» ont déclaré jeudi devant la Commission sur l'état d'urgence que la police n'avait jamais directement demandé aux manifestants de quitter les lieux.
Tamara Lich, l'une des organisatrices du «convoi de la liberté», assure qu'on ne lui a jamais demandé expressément de quitter Ottawa l'hiver dernier, alors que des centaines de camions bloquaient les rues autour de la colline du Parlement pour exiger la fin de mesures sanitaires obligatoires.
En contre-interrogatoire à la Commission sur l'état d'urgence, vendredi, Mme Lich a déclaré que lorsque la police a dit aux manifestants de partir, au cours d'une réunion le 16 février, elle a pris cela comme une suggestion.
Elle et d'autres organisateurs du convoi avaient déclaré jeudi à la commission que la police ne leur avait jamais demandé expressément de quitter la ville.
La commission est chargée d'enquêter sur la décision du gouvernement fédéral d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence, le 14 février, notamment pour déloger les manifestants de la capitale.
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L'avocat de la police d'Ottawa, David Migicovsky, a montré vendredi à Mme Lich des extraits du compte rendu policier de cette réunion du 16 février. Les policiers ont écrit alors qu'ils lui avaient dit de «partir et d'en faire part aux autres». Ils ont noté plus tard que «tout le monde était bouleversé et que Mme Lich pleurait».
Mme Lich a répondu qu'elle se souvenait d'être devenue émotive ce jour-là. «Je pense que j'ai dit quelque chose du genre: ''Je ne peux pas croire que vous êtes sur le point de faire ça à votre propre population''», a-t-elle déclaré vendredi.
Elle a répété à la commission qu'elle pensait toujours que ces directives des autorités n'étaient que des suggestions.
Paul Champ, l'avocat qui représente les résidents et les entreprises d'Ottawa devant la commission, a rappelé vendredi matin que la plateforme «GoFundMe» avait mis fin à la campagne de sociofinancement de Mme Lich justement parce que la manifestation était considérée comme une occupation illégale.
Il a ajouté que la Ville d'Ottawa et le gouvernement ontarien avaient alors décrété l'état d'urgence. Entre-temps, a-t-il plaidé, des résidents d'Ottawa avaient intenté une action en justice contre les organisateurs, et le tribunal leur a accordé une injonction pour empêcher les manifestants de klaxonner la nuit.
«Vous n'y avez pas vu des signes qu'il était peut-être temps de partir?», a demandé Me Champ vendredi.
«Nous avions nous aussi un message», a répondu Mme Lich. Elle a expliqué qu'après avoir entendu des histoires «déchirantes» pendant la pandémie, elle a estimé que le message des manifestants était plus important.
Mme Lich a soutenu qu'elle serait partie si le tribunal le lui avait ordonné. «Selon ma compréhension des choses à l'époque, on pouvait rester tant qu'on était pacifique et qu'on respectait l'ordre», a-t-elle répondu à une question de son propre avocat, Brendan Miller.
La commission a également entendu vendredi un ancien combattant des Forces armées canadiennes qui a tenu à se joindre à la manifestation après l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence.
Chris Deering a témoigné qu'il estimait qu'il avait toujours le droit d'être au centre-ville d'Ottawa, même s'il savait que la police avertissait les gens de partir.
«Je suis un citoyen libre de ce pays. Je suis un contribuable. Je suis un ancien combattant. Je suis une bonne personne. Et je sentais que j'avais le droit d'être là avec mes concitoyens canadiens pour essayer de les protéger», a-t-il dit.
M. Deering a fait l'objet d'une arrestation musclée près du Monument commémoratif de guerre lors d'une opération policière massive le 18 février. Il a ensuite été libéré sans accusation.
Les audiences de vendredi comprenaient également le fondateur de «Diagolon», Jeremy MacKenzie, qui a participé au «convoi de la liberté» et a témoigné depuis un établissement correctionnel de la Saskatchewan, où il est détenu pour des accusations sans rapport avec les manifestations.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a signalé M. MacKenzie comme un risque pour la sécurité nationale en février, affirmant que les personnes au blocus frontalier de Coutts, en Alberta, avaient des «liens étroits» avec Diagolon, qu'il a qualifié d'«organisation d'extrême droite».
Dans des rapports du renseignement publiés lors de l'enquête publique, la GRC a décrit Diagolon comme un «réseau semblable à une milice avec des membres armés et se préparant à la violence» et ayant des partisans voulant renverser le gouvernement.
M. MacKenzie a déclaré que bon nombre de ses partisans étaient des passionnés d'armes à feu, mais a soutenu que la police citait des informations non fiables fournies par le Réseau canadien anti-haine.
«Il n'y a certainement rien qui ressemble à une milice ou quoi que ce soit dans cette mesure», a-t-il déclaré.
Il a dit qu'il connaissait l'une des personnes accusées lors des manifestations à Coutts, mais qu'il n'avait aucun lien avec les blocus albertains et qu'il avait peu d'interaction avec les organisateurs de convois à Ottawa.
M. MacKenzie a été accusé d'agression, d'avoir pointé une arme sur un individu, de méfait et d'avoir manipulé une arme à autorisation restreinte de manière négligente. Tout cela découle d'une dénonciation à la police à la suite d'une agression alléguée qui serait survenue près de Viscount, en Saskatchewan, en novembre 2021.
Il a également été accusé en Nouvelle-Écosse de 13 infractions liées aux armes à feu, en janvier, ainsi que de harcèlement et d'intimidation, en mars, après une manifestation contre les mesures sanitaires devant le domicile du médecin-hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse.