Début du contenu principal.
Voici un aperçu des possibles conséquences dans la région.
Les attaques, à quelques heures d'intervalle, contre deux hauts responsables militants dans des capitales du Moyen-Orient — chaque frappe étant imputée à Israël — risquent de secouer la région à un moment critique.
Ces frappes surviennent alors que les médiateurs internationaux s'efforcent d'amener Israël et le Hamas à accepter un cessez-le-feu qui mettrait fin à la guerre dévastatrice à Gaza et libérerait les otages. Des efforts diplomatiques intenses sont également déployés pour apaiser les tensions entre Israël et le Hezbollah après des mois de combats transfrontaliers.
L'assassinat du principal dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, et l'attaque contre Fouad Shukur, haut commandant du Hezbollah, à Beyrouth, pourraient mettre à mal ces tentatives laborieuses de désamorcer une poudrière au Moyen-Orient. L'Iran a également menacé de répondre à l'attaque sur son territoire, ce qui pourrait entraîner la région dans une guerre totale.
Voici un aperçu des possibles conséquences dans la région.
L'assassinat de Haniyeh pourrait inciter le Hamas à se retirer des négociations sur le cessez-le-feu menées sous la médiation des États-Unis, de l'Égypte et du Qatar, bien qu'il n'ait pas encore fait de commentaire à ce sujet.
Toutefois, compte tenu du rôle de Haniyeh, un haut fonctionnaire égyptien ayant une connaissance directe des négociations a déclaré que l'assassinat aurait très probablement un impact, le qualifiant d'«acte irréfléchi».
«Haniyeh était le principal lien avec les dirigeants du Hamas à l'intérieur de Gaza et avec d'autres factions palestiniennes», a dit ce haut fonctionnaire, qui a rencontré le chef du Hamas à plusieurs reprises lors des pourparlers. «C'est lui que nous rencontrions en personne pour parler du cessez-le-feu.»
Le fonctionnaire a parlé sous le couvert de l'anonymat, car il n'était pas autorisé à discuter des pourparlers avec les médias.
À VOIR AUSSI | Ces guerres qui sont passées sous le radar en 2023
Le premier ministre du Qatar, Mohammed Bin Abdul Rahman al-Thani, a condamné les attaques.
«Comment la médiation peut-elle réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie ?», a-t-il écrit sur la plateforme de médias sociaux X.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken n'a pas souhaité spéculer sur les conséquences de ces attentats, mais que ces derniers renouvelaient «l'impératif d'obtenir un cessez-le-feu», ce à quoi ils s'emploient quotidiennement, selon lui.
Le Hezbollah avait dit qu'il cesserait ses tirs sur Israël si un cessez-le-feu était conclu à Gaza.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que la pression militaire inciterait le Hamas à accepter un accord, mais les assassinats précédents de personnalités de haut rang n'ont pas semblé augmenter les chances d'un accord.
La population de Gaza se dit attristée et choquée par l'assassinat de M. Haniyeh et s'inquiète d'un possible échec d'un accord de cessez-le-feu.
«En assassinant Haniyeh, ils détruisent tout», a déclaré Nour Abu Salam, un Palestinien déplacé. «Ils ne veulent pas la paix. Ils ne veulent pas d'un accord.»
Les familles des otages détenus à Gaza, de plus en plus désespérées, ont demandé que leurs proches soient libérés immédiatement.
«Je ne suis pas intéressé par tel ou tel assassinat, mais par le retour de mon fils et des autres otages, sains et saufs, chez eux», a avoué Dani Miran, dont son fils Omri, 46 ans, a été enlevé dans le kibboutz Nahal Oz le 7 octobre.
Les frappes ont également suscité l'inquiétude de certains diplomates qui s'efforcent de désamorcer les tensions dans la région.
«Les événements de Téhéran et de Beyrouth poussent l'ensemble du Moyen-Orient vers une guerre régionale dévastatrice», a mentionné une diplomate occidentale.
Cette diplomate, dont le gouvernement s'est engagé dans une diplomatie concertée pour empêcher une guerre totale entre Israël et le Hezbollah, mais qui n'est pas directement impliquée dans le cessez-le-feu ou les négociations sur les otages, a qualifié l'assassinat de Haniyeh de «développement majeur» qui a «presque tué» un éventuel cessez-le-feu à Gaza, compte tenu du moment et de l'endroit où il a été perpétré. Elle a ajouté que l'assassinat de Haniyeh «obligera Téhéran à réagir».
Ce n'est pas la première fois qu'Israël est accusé d'une attaque ciblée sur le sol iranien, mais c'est l'une des plus effrontées, a rapporté Menachem Merhavy, un expert de l'Iran de l'Université hébraïque de Jérusalem.
Israël n'a pas assumé la responsabilité de cette attaque, bien qu'il ait juré de tuer tous les dirigeants du Hamas à la suite des attentats du 7 octobre. M. Merhavy pense qu'il est peu probable que l'Iran réponde directement à Israël, comme ce fut le cas avec le barrage de 300 roquettes en avril après une attaque israélienne présumée en Syrie qui a tué deux généraux iraniens dans un bâtiment consulaire iranien. Il pense que l'Iran est plus susceptible d'envoyer sa réponse par l'intermédiaire du Hezbollah.
«L'Iran sait que sa capacité à nuire à Israël est beaucoup plus importante depuis le Liban», a soutenu l'expert.
Le lieu de l'assassinat de Haniyeh est tout aussi important que la frappe elle-même.
«Le message était adressé à l'Iran et à ses mandataires: "si vous pensiez être protégés à Téhéran, nous pouvons vous atteindre là aussi"», a-t-il précisé.
Bien que le nom de Haniyeh jouisse d'une plus grande reconnaissance internationale, l'attaque contre le commandant du Hezbollah Fouad Shukur, si elle réussit, est «beaucoup plus importante d'un point de vue fonctionnel», a indiqué Michael Milshtein, analyste israélien des affaires palestiniennes à l'université de Tel-Aviv et ancien officier du renseignement militaire.
Selon luo, Shukur était impliqué dans la gestion quotidienne des frappes du Hezbollah sur Israël, y compris, selon Israël, l'attaque à la roquette sur Majdal Shams qui a tué 12 jeunes samedi. Israël a déclaré que sa frappe à Beyrouth mardi l'avait tué, mais le Hezbollah n'a pas confirmé cette information.
«Si le Hezbollah réfléchit à la manière d'agir ou de répondre, l'un des principaux points d'interrogation est de savoir comment il va gérer une guerre sans Shukur», a ajouté M. Milshtein.
D'autres ont déclaré que Shukur, s'il est effectivement tué, sera facilement remplacé. «Le Hezbollah a d'épaisses couches de commandants et de leaders, et l'assassinat de 1, 10 ou 500 personnes ne changera pas l'équation», a rappelé Fawaz Gerges, de la London School of Economics.
Selon M. Gerges, Haniyeh est un dirigeant beaucoup plus symbolique et il est très éloigné des opérations quotidiennes dans la bande de Gaza. «Même si l'assassinat de Haniyeh est un coup dur pour le Hamas, il ne changera rien à la confrontation militaire entre Israël et le Hamas», a-t-il dit.
Selon M. Gerges, Israël a une longue tradition d'assassinats de dirigeants de groupes palestiniens, mais que ces frappes ont peu d'impact, car les dirigeants sont rapidement remplacés.