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International

Plus de 300 civils tués en deux jours lors d'affrontements au Darfour

La guerre civile a engendré la plus grande crise humanitaire et la pire crise de déplacement au monde.

Le chef militaire soudanais, le général Abdel-Fattah Burhan (au centre), est accueilli par des soldats à son arrivée au palais républicain, récemment repris au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide, à Khartoum, au Soudan, le 26 mars 2025.
Le chef militaire soudanais, le général Abdel-Fattah Burhan (au centre), est accueilli par des soldats à son arrivée au palais républicain, récemment repris au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide, à Khartoum, au Soudan, le 26 mars 2025.
Edith M. Lederer
Edith M. Lederer / Associated Press

Plus de 300 civils ont été tués en deux jours lors de combats intenses dans la région soudanaise du Darfour, a rapporté lundi l'agence humanitaire des Nations Unies, alors que la guerre civile brutale qui ravage ce pays africain approche de ses deux ans.

Un premier bilan des attaques lancées vendredi et samedi par les Forces de soutien rapide (FSR) contre deux camps de personnes déplacées frappés par la famine au Darfour-Nord et dans sa capitale voisine indique qu'elles auraient fait plus de 100 morts, dont 20 enfants et neuf travailleurs humanitaires, selon un responsable de l'ONU.

Mais le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH) a fait état lundi d'un bilan bien plus élevé, citant des sources locales non identifiées. L'Associated Press n'a pas pu vérifier ces chiffres de manière indépendante en raison des conditions et des communications sur le terrain. Le Soudan a sombré dans le conflit le 15 avril 2023, lorsque des tensions persistantes entre ses chefs militaires et paramilitaires ont éclaté dans la capitale, Khartoum, et se sont propagées à d'autres régions, dont la vaste région occidentale du Darfour. Depuis lors, au moins 24 000 personnes ont été tuées, selon les Nations Unies, bien que des militants affirment que le nombre soit bien plus élevé.

 

Les FSR ont mené les récentes attaques après la reprise de Khartoum par l'armée soudanaise à la fin du mois dernier, une victoire symbolique majeure dans la guerre.

Crise humanitaire sans précédent

Ce conflit a engendré la plus grande crise humanitaire et la pire crise de déplacement au monde, et a fait du Soudan le seul pays au monde à connaître la famine. Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que le BCAH avait reçu des informations faisant état de pertes massives et de larges déplacements de population à la suite des récents combats dans et autour des camps de déplacés de Zamzam et d'Abou Shorouk, ainsi qu'à El Fasher, la capitale du Darfour-Nord et seule capitale du Darfour que les FSR ne contrôlent pas. Le Darfour-Nord est l'un des cinq États de la région du Darfour.

«Les chiffres préliminaires provenant de sources locales indiquent que plus de 300 civils ont été tués, dont 10 membres du personnel humanitaire de l'ONG Relief International, qui ont perdu la vie alors qu'ils géraient l'un des derniers centres de santé opérationnels du camp de Zamzam», a rapporté M. Dujarric.

L'escalade des combats intervient à la veille d'une conférence organisée mardi à Londres pour souligner les deux ans de la guerre, organisée par la Grande-Bretagne, l'Union européenne, l'Allemagne et la France. Plus de 20 ministres des Affaires étrangères et des représentants d'organisations internationales sont attendus à cette conférence. M. Dujarric a déclaré que les Nations Unies souhaitent que la conférence voie les voisins du Soudan et la communauté internationale œuvrer ensemble à la paix au lieu d'attiser le conflit.

Mardi également, le Conseil de sécurité de l'ONU a programmé des consultations d'urgence à huis clos sur le Soudan.

L'agence des Nations Unies pour les migrations a déclaré lundi que les attaques des FSR dans le camp de Zamzam avaient déplacé entre 60 000 et 80 000 familles au cours des deux derniers jours. La majorité de ces familles se trouvent toujours à El Fasher. La ville est sous contrôle militaire, mais subi depuis plus d'un an un siège des FSR.

Mamadou Dian Balde, directeur régional du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a déclaré lors d'une conférence de presse vidéo avec des correspondants de l'ONU que des «violations massives des droits de l'homme» ont contraint près de 13 millions de Soudanais à fuir leur foyer, dont 4 millions vers d'autres pays. La plupart ont fui vers les pays voisins du Soudan, mais plus de 200 000 se sont rendus en Libye et environ 70 000 en Ouganda, a-t-il précisé.

M. Balde a indiqué que l'appel de fonds de 1,8 milliard $ lancé par les Nations Unies pour aider les millions de réfugiés et leurs pays d'accueil n'était financé qu'à hauteur de 10 %. Il a averti que, si l'agence ne recevait pas davantage de fonds, les populations se déplaceraient vers l'Afrique australe, l'Afrique de l'Est, les pays du Golfe et l'Europe.

«Nous espérons sincèrement que l'événement de demain à Londres témoignera également d'un soutien accru aux frères et sœurs soudanais déplacés», a conclu M. Balde.

Edith M. Lederer
Edith M. Lederer / Associated Press