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«Cela a été une improvisation après l'autre».
Il veut renvoyer le patron de la Fed, et finalement pas. Il assomme la Chine de droits de douane, puis promet un apaisement... Les revirements de Donald Trump, élu en grande partie sur une promesse de prospérité économique, font déchanter les Américains.
«Il est impossible que les volte-face des Etats-Unis sur le commerce mondial ces derniers mois aient été ne seraient-ce que vaguement préparées», assène Joseph Grieco, professeur de sciences politiques à l'université Duke.
«Cela a été une improvisation après l'autre», déclare-t-il à l'AFP.
Et cela n'a pas échappé aux citoyens américains, à en croire la volée de sondages publiés à l'occasion des 100 premiers jours de ce second mandat plein de fracas - une étape que le républicain marquera mardi prochain par un meeting dans le Michigan, Etat industriel du nord.
Selon un sondage dévoilé jeudi par la chaîne préférée des conservateurs, Fox News, seulement 44% des Américains se disent aujourd'hui satisfaits de leur président, contre encore 49% en mars. Le pourcentage de mécontents grimpe même à 59% quand la question porte plus spécifiquement sur la gestion du coût de la vie, et à 58% sur la politique commerciale.
Le président américain, furieux, a demandé sur son réseau Truth Social que Rupert Murdoch, le propriétaire de Fox News, renvoie le sondeur attitré de la chaîne, qui le «déteste» et «se trompe sur (lui) depuis des années».
Une enquête de l’institut Pew, menée début avril, au moment où Donald Trump faisait partiellement machine arrière dans sa guerre commerciale pour concentrer ses attaques sur la Chine, le crédite de seulement 40 % d’opinions favorables.
«La plupart de ses prédécesseurs depuis Ronald Reagan, à l’exception de Bill Clinton, avaient une cote de plus de 50 % après 100 jours de mandat», notent les auteurs de ce sondage, paru mercredi.
Une autre enquête d’opinion Reuters/Ipsos note que désormais 37 % seulement des Américains se disent satisfaits de la politique économique de leur président.
C’est bien en dessous des cotes atteintes dans la même enquête d’opinion pendant le premier mandat de l’ancien promoteur immobilier, dont l’économie a toujours été le point fort, politiquement parlant.
L’institut YouGov a lui mené début avril un sondage montrant qu’une majorité d’Américains (51 %) étaient désormais mécontents de la politique économique de Donald Trump, alors qu’ils étaient une minorité (47 %) fin mars, avant les grandes annonces de droits de douane du président américain, suivies une semaine plus tard d’une volte-face quasiment généralisée.
En l’absence de stratégie lisible, les marchés s’enflamment ou s’effondrent, selon les jours.
Lorsque le président s’en est pris frontalement à Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale (Fed), traité de «loser» pour son refus de réduire les taux d’intérêt, la Bourse a plongé, avant de rebondir violemment quand Donald Trump a assuré mardi n’avoir aucunement l’intention de renvoyer le chef de la banque centrale américaine, ce qui serait une atteinte inédite à son indépendance.
Il est presque impossible de savoir comment va tourner l’affrontement commercial avec la Chine, visée par des droits de douane de 145 %, mais qui vont baisser fortement, selon le président américain.
Donald Trump a assuré que les Américains et les Chinois se parlaient «activement» et même «tous les jours». Pékin a réfuté jeudi l’existence de toute négociation.
Selon un récent sondage Gallup, 53 % des Américains pensent que leur situation financière personnelle va se dégrader. Depuis 2001, l’institut de sondages note que les personnes interrogées avaient toujours été majoritairement optimistes concernant leur porte-monnaie.
Or qui dit inquiétude dit réticence à consommer ou à investir, ce qui pourrait freiner encore davantage la croissance économique.
Si toutes les enquêtes d’opinion notent une méfiance grandissante envers la politique économique menée par la Maison Blanche, la plupart s’accordent aussi pour signaler qu’elle n’atteint pas, jusqu’ici, les partisans du président américain, objet d’une adhésion qui va jusqu’à l’adulation pour une partie de sa base.
Dans une Amérique désormais extrêmement divisée politiquement, 70 % des électeurs et sympathisants républicains soutiennent les hausses de droits de douane de Donald Trump, tandis que 90 % des électeurs et sympathisants démocrates les critiquent, selon Pew Research