Début du contenu principal.
«Lorsqu'un parent est désengagé et n'accorde pas d'attention à ses enfants, cela a un impact très négatif sur leur développement»
Les recherches sur le temps d'écran des enfants sont assez concluantes : moins il y en a, mieux c'est.
Toutefois, selon certains experts, il existe un type de temps d'écran qui est constamment excessif et qui a de graves conséquences sur nos enfants : le temps d'écran des parents.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Les experts affirment que, lorsqu'il s'agit du développement d'un enfant, les parents devraient passer moins de temps à s'inquiéter du temps d'écran de leurs enfants - et se concentrer davantage sur la réduction du leur.
«Lorsqu'un parent est désengagé et n'accorde pas d'attention à ses enfants, cela a un impact très négatif sur leur développement», explique Victoria Talwar, titulaire de la chaire de recherche du Canada au département de psychologie de l'éducation et de l'orientation de l'Université McGill. «Les enfants doivent pouvoir explorer leur monde, apprendre à le connaître et s'impliquer dans leur environnement de manière pratique.»
À VOIR | Les conséquences d'un temps d'écran élevé chez les jeunes enfants
Selon elle, les parents ont un rôle important à jouer dans le développement des capacités d'autorégulation langagière, cognitive et émotionnelle de leurs enfants.
«Si nous sommes distraits et que nous ne faisons pas attention à eux, ils n'ont pas cette conversation avec nous, ce qui est très important pour le développement de leur compréhension du monde», souligne Mme Talwar.
William Bukowski, professeur de psychologie à l'université Concordia, reconnaît que l'éducation des enfants est un exercice d'équilibriste.
«Il ne faut pas être trop envahissant. Il ne faut pas être trop envahissant, ni trop intrusif», note-t-il.
Il rappelle néanmoins que les parents sont une source essentielle de conseils et de soutien, qu'il s'agisse d'aider un enfant à se préparer à un examen ou de lui apprendre à identifier et à gérer ses émotions.
«L'idée que le temps passé devant l'écran peut perturber ce processus est que plus on passe de temps à faire une chose, moins on en passe à faire autre chose», explique-t-il. «Parfois, lorsqu'on est confronté au temps d'écran, on finit par fermer l'écran, tout en continuant à penser à ce qu'on a vu par hasard.»
Le principal problème lié au temps d'écran des parents ?
Les parents déconnectés qui n'accordent à leurs enfants qu'une attention timide pendant qu'ils font défiler TikTok ou Instagram.
«Êtes-vous présent dans la relation ou n'êtes-vous pas présent dans la relation ?», demande Bukowski. «Parfois, votre présence est plus nécessaire qu'à d'autres moments, et si à ce moment-là, vous êtes distrait par quelque chose, c'est une occasion perdue. Cela pourrait aussi informer quelqu'un sur l'importance que j'ai pour lui. Suis-je moins important que l'écran ?»
Il souligne que le rôle principal d'un parent est d'être dans la zone de développement proximal de son enfant, un concept de psychologie de l'éducation qui représente l'espace entre ce qu'une personne est capable de faire seule et ce qu'elle a du mal à faire, même avec du soutien.
«Je pense que de nombreux moments de la vie parentale sont des moments privilégiés où l'on voit soudain la nécessité de se trouver dans la zone de développement proximal de l'enfant, où il a soudain besoin de 30 secondes d'échafaudage pour l'aider à surmonter quelque chose», explique M. Bukowski à CTV News. «Plus on est distrait par d'autres choses, ce qui est parfois le cas, moins on a le temps d'être attentif à ce moment où l'on a besoin de nous.»
Mme Talwar ajoute que des chercheurs ont constaté que les parents peuvent passer jusqu'à 30 % de leur temps à regarder leur téléphone lorsqu'ils sont sur le terrain de jeu avec leurs enfants.
Pendant ce temps, il y a beaucoup plus de chances que les enfants fassent des choses comme tomber des toboggans ou des balançoires», déplore-t-elle. «Cela signifie également que nous ne sommes pas attentifs à nos enfants ou que nous ne nous occupons pas d'eux, alors que l'un des principaux moyens d'apprentissage des enfants consiste à s'intéresser à leur environnement, y compris à nous, et que c'est important pour eux.»
Mme Talwar souligne que les enfants sont des éponges et qu'ils suivent généralement l'exemple de leurs parents.
«J'ai vu des parents se plaindre, par exemple, de l'utilisation des cellulaires par leurs enfants plus âgés», se souvient-elle. «Mais ces mêmes parents, alors qu'ils me parlaient, peuvent être interrompus dans leur conversation pour regarder leur téléphone.»
En clair, si nous voulons que nos enfants posent leurs écrans, nous devons joindre le geste à la parole.
«Nous devons réfléchir à ce que nous disons à nos enfants et à ce que nous faisons en réalité : faisons-nous aussi ce que nous n'aimerions pas qu'ils fassent lorsque nous leur parlons ?» demande Mme Talwar. «Nous devons également être plus attentifs à ce que nous faisons.»
Les professeurs soulignent que cela ne signifie pas que les parents doivent se sentir coupables d'avoir leur téléphone sur eux ou de le regarder occasionnellement, mais que, comme pour la plupart des choses, la modération est de mise.
«Nous devons parfois mettre le téléphone de côté et nous dire : "C'est un moment que je passe avec mon enfant"», soutient Mme Talwar. «De nombreuses recherches indiquent que l'une des choses les plus importantes que l'on puisse faire est de faire du repas un moment où la famille s'engage les uns avec les autres. C'est très bénéfique pour les enfants et cela a un effet stabilisateur.»
La clé, conclut Mme Talwar, c'est la qualité plutôt que la quantité.
«Il est très important qu'ils aient cette interaction de qualité où ils sentent que vous leur accordez de l'attention», dit-elle. «Les enfants sont câblés pour s'engager avec nous, et si vous ne vous occupez pas d'eux, ils continueront à vous interpeller, à essayer d'attirer votre attention... et l'un des moyens pour qu'ils cessent de le faire est en fait de leur accorder une attention de bonne qualité.»