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Des lignes de fracture avec la position officielle du gouvernement de Justin Trudeau commencent à apparaître parmi les troupes libérales, alors que de plus en plus de députés estiment qu'un cessez-le-feu est souhaitable au Moyen-Orient.
Des lignes de fracture avec la position officielle du gouvernement de Justin Trudeau commencent à apparaître parmi les troupes libérales, alors que de plus en plus de députés estiment qu'un cessez-le-feu est souhaitable au Moyen-Orient.
«Un cessez-le-feu doit être réclamé», a lancé du tac au tac le député Shafqat Ali, à son arrivée à la réunion hebdomadaire du caucus mercredi.
M. Ali, qui représente une circonscription de la banlieue de Toronto, a insisté que «l'histoire montre que la violence n'a jamais résolu de problèmes».
Et il n'a pas hésité à dire que «bien sûr» Israël - tout comme le Hamas - viole le droit humanitaire international. «Bombarder des hôpitaux, des civils, par qui que ce soit, ce n'est pas respecter la loi internationale», a-t-il ajouté.
Quelques instants plus tôt, son collègue montréalais de Pierrefonds_Dollard, Sameer Zuberi, essuyait ses larmes devant les journalistes en affirmant que son gouvernement devrait «nommer les choses clairement» en ce qui a trait au bombardement de la bande de Gaza par l'armée israélienne.
«Nous devons reconnaître clairement que les bombes tombent sur des enfants innocents, des adultes, des personnes âgées, qui sont larguées par les militaires israéliens. Une boucherie, voilà ce que c'est», a-t-il déclaré.
M. Zuberi cachait mal son malaise face à la position de sa formation politique au lendemain de l'explosion qui aurait fait près de 500 morts dans un hôpital de Gaza, selon le Hamas.
«Je suis un membre du parti qui forme le gouvernement», a-t-il répondu lorsqu'il lui a été demandé si Ottawa doit réclamer un cessez-le-feu plutôt que de réitérer le droit d'Israël à se défendre dans les limites du droit international humanitaire.
De même, le député, un musulman, avocat de formation et ancien soldat formé aux conventions de Genève, a refusé de dire si Israël commet des crimes de guerre, voire un génocide, non sans souligner à grands traits la pertinence de la question.
«C'est une bonne question. On doit poser la question, a dit M. Zuberi, la voix tremblante. De prononcer ça dans ma capacité comme député, je ne veux pas faire cela. Mais je pense qu'on doit poser cette question clairement.»
Mais l'idée de réclamer un cessez-le-feu est toutefois loin de faire consensus chez les libéraux.
«Israël a le droit de se défendre. Israël a été attaqué par un groupe terroriste», a par exemple répondu le député Anthony Housefather, qui est de confession juive.
Le député manitobain Ben Carr a lui aussi rejeté la proposition puisque le Hamas «continue de détenir des otages qu'il a pris d'Israël durant l'attaque» et que l'organisation désignée comme terroriste par le Canada «va simplement se reconstruire et Israël sera encore menacé».
Jusqu'à présent, le Nouveau Parti démocratique est le seul parti fédéral reconnu à la Chambre des communes à réclamer un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Une telle position est-elle réaliste dans le contexte actuel, s'est fait demander, en après-midi, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh.
«C'est humaniste. C'est compassionné. Parce qu'on est dans une situation où si la violence continue, on va avoir plus de morts, plus de destruction. C'est pourquoi on demande que tous les otages soient libérés et un cessez-le-feu peut sauver des vies.»
Au Bloc québécois, le chef Yves-François Blanchet, qui insiste sur «la nécessité de neutraliser le Hamas», ne voit pas comment un cessez-le-feu pourrait se produire.
«Tout le monde veut un cessez-le-feu. Je veux un cessez-le-feu. (...) Comment peut-on ne pas vouloir un cessez-le-feu? (...) Je dis juste que, pour l'instant, le dire pour le dire c'est une posture qui n'est peut-être pas réaliste», a-t-il déclaré.
Au Parti conservateur, le chef Pierre Poilievre ne s'est pas présenté devant les journalistes, mais son lieutenant pour le Québec, Pierre Paul-Hus, a réitéré qu'«Israël a le droit de se défendre» et qu'il doit «respecter les lois internationales».
Il a évité une question directe à savoir si justement Israël les respecte. «Ça fait partie des choses que, je pense, le gouvernement a comme discussions avec les partenaires», a-t-il dit.